Le président des États-Unis veut rebaptiser le golfe du Mexique, ce qui suscite la controverse. Ce n’est malheureusement pas la première fois que les États-Uniens pratiquent l’usurpation toponymique.
Le détournement du mot America est un cas flagrant. Au départ, il s’agissait d’un raccourci pour United States of America, mais le toponyme désignant un continent est rapidement devenu le nom officieux des États-Unis. Au point où le mot America a cessé d’être associé au continent, d’où l’apparition du néologisme the Americas, les Amériques en français.
Les hispanophones se sont insurgés et désignent les habitants des States sous le vocable de los Estadosunidenses. Le français a adopté États-Uniens.
États-Uniens est-il correct?
Beaucoup se posent cette question et craignent de commettre une erreur en employant cette expression. Eh bien ils se trompent.
D’entrée de jeu, on peut dire que le terme Américain est une impropriété. Est américain ce qui est relatif au continent américain. Mais il y a l’usage…
Il est évident qu’Amérique et Américain se sont imposés dans l’usage français, que l’on aime cela ou pas. Mais la présidence démentielle de nos voisins du sud devient un puissant incitatif à chercher d’autres mots.
Petite surprise pour les objecteurs : États-Uniens est parfaitement français.
L’expression États-Uniens, ou Étasuniens ou Étazuniens, est apparue en français en 1955, si l’on se fie au Petit Robert. Contrairement à ce que l’on peut croire, états-unien, employé comme gentilé ou comme adjectif, n’a rien de saugrenu ou de péjoratif, bien au contraire. On peut le voir régulièrement dans certains médias, dont Le Devoir, dans lequel il remplace avantageusement américain.
Il ne faut donc pas hésiter à l’employer.
Au fond, on remplace une impropriété par un néologisme pas si nouveau que cela. En outre, États-Uniens suit parfaitement la logique de notre langue. Ajoutons donc États-Uniens à notre arsenal anti-Trump. C’est bon pour le moral.