Traduire ou ne pas traduire? Tel est le dilemme qui attend le langagier qui débarque en Nouvelle-Amsterdam, le nom originel de New York. En consultant aussi bien la littérature touristique que les ouvrages généraux consacrés à la métropole américaine, force est de constater que l’anglais prédomine. Mais le français s’est quand même taillé une petite place.
Géographie de la ville
Le nom hollandais de Nieuw Amsterdam a été traduit par Nouvelle-Amsterdam. Par la suite, le territoire a été cédé à la Grande-Bretagne et a pris le nom de New York, rendu en français avec un trait d’union : New-York. Celui-ci a disparu au fil des décennies, malheureusement. Voir mon article sur la défrancisation des noms de villes.
La Grosse Pomme, comme on la surnomme souvent, est divisée en cinq boroughs, que l’on appelle districts dans notre langue : Manhattan, Staten Island, Queens, Bronx et Brooklyn. La grande question que l’on se pose, en français, est la manière de les énoncer : avec ou sans article? L’usage penche pour l’article dans les cas suivants : le Bronx et le Queens. Pourquoi? La réponse s’est perdue dans l’East River… ou peut-être dans la Seine.
Il est facile de se déplacer dans la ville puisqu’elle découpée en damier. Les Avenues vont de de nord en sud tandis que les Streets sont tracées dans le sens de la largeur. Ces termes sont traduits en français.
La Cinquième Avenue est de loin la plus prestigieuse et elle s’étire le long de Central Park (non traduit). La Sixième Avenue est surnommée l’avenue des Amériques. Les Streets deviennent des rues en français. La Quarante-deuxième Rue est reconnue pour ses bijouteries.
Mais pas de traduction pour Park Avenue. Si vous déambulez sur l’avenue du Parc, vous êtes à Montréal.
Certains lieux géographiques mythiques s’énoncent en anglais, même si une traduction française serait concevable : Central Park; Time Square; Chinatown; Greenwich Village; Midtown; Upper Westside; Lower Eastside.
Certains quartiers sont identifiés par des acronymes, généralement un signe de leur embourgeoisement. Le dernier en date est DUMBO : Down Under Manhattan Bridge Overpass. Lui emboitent le pas : SOHO (South of Houston Street); TriBeCa (Triangle Below Canal Street). Ouf!
Les édifices
New York est hérissée d’édifices vertigineux. Un véritable porc-épic urbain. Leur nom n’est jamais traduit. Que l’on pense au One World Trade Center, à l’Empire State Building ou au Chrysler Building. Idem pour le Rockefeller Center. Soit dit en passant, le nom Rockefeller viendrait du français Roquefeuille.
La statue de la Liberté me semble être la seule exception.
La gare centrale, la majestueuse Grand Central Terminal roule en anglais aussi. Seuls les aéroports peuvent arborer un générique français : l’aéroport La Guardia, John Kennedy ou de Newark.
Le plus souvent, on omet le générique, tant en anglais qu’en français. Si vous atterrissez à La Guardia tout le monde comprend.
Les musées
Durant mon séjour, j’étais fort amusé de voir mon téléphone intelligent me traduire certains noms figurant sur une carte, dont le Musée métropolitain des arts… Pourtant, cette appellation aurait très bien pu exister. Elle serait parfaitement logique. Pourtant…
Que diriez-vous du Musée des arts de Brooklyn, du Musée juif ou encore du Musée d’histoire naturelle ? C’est pourtant ainsi que nous l’appelions entre nous. Mais les guides en français énoncent les titres en anglais.
Petite exception toutefois pour la collection Frick.
On pourrait penser à d’autres institutions qui ne sont pas des musées à proprement parler. Notamment le Jardin botanique de Brooklyn et le zoo du Bronx.
New York en français ?
Très peu. Sauf peut-être cette Montréalaise exilée que nous avons rencontrée au Metropolitan Museum. Ou encore cette hôtesse dans un restaurant, qui avait séjourné au Sénégal. Mais pour ce qui est de la nomenclature, s’en tenir à l’anglais, le plus souvent.
Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas dire LA NOUVELLE-YORK, ce qui s’est déjà employé au XVIIe siècle et peut-être après. Les hispanophones ne se gênent pas pour dire NUEVA YORK, comme il disent aussi NUEVA ORLEANS, comme les anglophones ne se gênent pas d’appeler cette dernière ville NEW ORLEANS. Rien ne nous empêcherait non plus de parler du « centre Rockefeller », du « parc Central » ou même de l’« avenue du Parc », appellation qui peut exister en diverses langues, en fonction de son existence en diverses villes.