La notion de rogue state en anglais désigne des pays qui ne se conforment pas au droit international et ont des pratiques répréhensibles. Ces pays ne tiennent pas compte des protestations de la communauté internationale et poursuivent leurs activités comme si de rien n’était. Les rogue states soutiennent souvent le terrorisme.
Cette notion peut être traduite de plusieurs manières :
- État voyou
- État dévoyé
- État hors-la-loi
- État paria
- État renégat
- État sans-foi-ni-loi
- État délinquant
- État rebelle
- Sans scrupules
- Qui se livre à des opérations illicites
La première traduction de la liste revient le plus souvent. L’idée de les percevoir comme des parias de la communauté internationale est également courante. Les autres traductions se défendent, mais avouons que la dernière, une périphrase, ne gagnera pas un concours de popularité auprès des langagiers…
Une notion subjective
Bien entendu, le fait de qualifier un pays d’État voyou ne relève pas d’un jugement objectif; il s’agit d’un acte politique, car aucun État ne reconnaît candidement en être un. Ce qualificatif est généralement appliqué à des puissances moyennes ou à des petits pays, rarement aux grandes puissances, bien que chacune d’entre elles considère sûrement les autres comme des États voyous.
Dans le passé, les États-Unis ont déclaré que la Libye, l’Iran et l’Iraq étaient des États voyous.
Tout dépend du point de vue. Par exemple, les pays arabes pourraient considérer Israël comme un État voyou, notamment à cause de l’occupation illégale de la Cisjordanie et des colonies de peuplement qu’il y installe. Pourtant Washington ne voit pas les choses sous le même jour et ne dénonce pas vertement ces colonies, condamnées par des résolutions des Nations unies.
À l’heure actuelle, le Bélarus est perçu comme un État paria, puisque le président Loukachenko a été réélu de manière frauduleuse et que l’opposition est persécutée, même à l’étranger.
Le gouvernement de la République populaire de Chine se comporte indubitablement en État voyou. La violente répression contre les Tibétains et les Ouïghours, ainsi que l’écrasement du mouvement démocratique à Hong Kong viennent étayer cette thèse, sans compter la persécution dont sont victimes les dissidents chinois installés à l’étranger.
Comble de tout, le régime communiste de Pékin retient en otage deux Canadiens pour faire pression sur le gouvernement canadien dans une affaire judiciaire, ce qui est contraire à toutes les lois internationales. Si le Zimbabwe avait agi ainsi, il y a longtemps que le Conseil de sécurité en aurait été saisi et qu’il aurait été condamné par la communauté internationale. Mais, comme je le disais plus haut, on ne traite une grande puissance d’État voyou, même si son gouvernement est exécrable.
DEMAIN : ENGAGEMENT POLICY
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