En France, il est de plus en plus question d’un nouveau document électronique appelé le pass sanitaire. Il permettrait à son détenteur d’entrer dans les restaurants, les cinémas, entre autres, en prouvant qu’il ou elle a reçu deux injections du vaccin contre la covid-19.
L’expression a été estampillée du sceau présidentiel lorsque Emmanuel Macron l’a employée dans une allocution télévisée. Il faut dire que le président français n’en est pas à un anglicisme près, mais, malgré tout, le village gaulois du Québec a (encore) sourcillé. Bien entendu, cette nouvelle expression a rapidement envahi les médias français, sans que personne ne songe à la traduire…
Chez nous, le le pass sanitaire n’est rien d’autre qu’un passeport sanitaire. L’anglicisme est absolument inusité au Québec et au Canada. Les irréductibles québécois ne sont pas les seuls à tiquer, puisque l’Académie française s’est prononcée sur la question. Les Immortels suggèrent l’emploi du mot féminin passe qui peut désigner un laissez-passer, ce qu’est au fond le fameux pass sanitaire.
L’Académie fait observer que le mot passe, au Québec, s’emploie pour un titre de transport et une carte d’abonnement. Une passe d’autobus.
Tiens! Pour une fois que l’auguste institution parle du Québec… Toutefois, elle suggère de remplacer le féminin par le masculin et de dire le passe sanitaire. Ainsi, on s’inspirerait du terme passe-partout, qui est masculin.
Nous voilà bien avancés. À l’oral, ce tour de passe-passe passerait inaperçu (désolé, c’était trop tentant). En outre, je doute beaucoup que le e final vienne orner les textes journalistiques. Après tout, on écrit toujours blog dans l’Hexagone, alors qu’il serait facile de l’orthographier à la française : un blogue.
Ceux qui défendent la graphie anglaise auront beau jeu de faire valoir que passeport n’a pas tout à fait le sens qu’on lui attribue dans passeport sanitaire. Mais cette expression me parait plus favorable à l’introduction d’un autre anglicisme dans la langue française.