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Deep fake

Que diriez-vous de ceci ?

Le président Poutine : « Je me rends compte de la monumentale gaffe qu’a été l’invasion de l’Ukraine et retire mes troupes immédiatement. Je vais dédommager les Ukrainiens. »

On croirait que le président russe est tombé sur la tête. Un peu comme si Xi Jinping s’excusait pour la covid…

Nous entrons dans le monde merveilleux des deepfakes.

L’IA, pas de quoi rire

On sait maintenant qu’une déclaration truquée, produite par ordinateur, peut revêtir toutes les apparences de la vérité. Des logiciels sont maintenant accessibles pour faire dire à vos victimes tout ce que vous pouvez imaginer. On peut aussi les déshabiller, parait-il…

Nous commençons à peine à entrevoir la spirale étourdissante dans laquelle nous entraine l’intelligence artificielle.

Deepfake

Le terme commence à se propager et, bien sûr, l’anglais est encore roi et maitre.

Heureusement, des traductions ont aussi commencé à apparaitre. Le message de Poutine exposé en début de texte pourrait être qualifié de fausse vidéo. L’excellente émission Les décrypteurs de Radio-Canada propose hypertrucage, car c’est bien de cela qu’il s’agit.

Dans la même veine, on peut aussi voir hypercontrefaçon et, pourquoi pas, contrefaçon profonde.

Pendant que nous arrivons encore à distinguer le vrai du faux, je tiens à préciser que ce billet n’a pas été composé par intelligence artificielle. La mienne suffit.

Hacker

Êtes-vous une personne fouineuse? Par exemple êtes-vous capable de profiter de la candeur proverbiale de ceux et celles qui lisent ce blogue dans un café en profitant du wi-fi ambiant?

Vous avez compris qu’il est question des hackeurs, (hackers en franglais) ces individus qui cherchent à s’introduire frauduleusement dans l’ordinateur de quelqu’un d’autre. Le terme désigne les pirates informatiques, mais force est de reconnaitre que l’anglicisme est bien implanté en français.

Les hackeurs n’agissent habituellement pas par altruisme et cherchent le plus souvent à voler des données ou à faire du sabotage, quand ils s’infiltrent dans le système informatique d’une entreprise.

D’où mon étonnement devant la définition du Petit Robert :

Pirate informatique qui agit sans intention de nuire, par jeu, par goût du défi, ou par activisme.

Voilà une définition quelque peu chevaleresque, ne trouvez-vous pas? Peut-être pas autant qu’on pense. La notion de hacker éthique existe bel et bien. Il s’agit de pirates qui percent des systèmes et aident les entreprises à mieux se protéger. Ils agissent souvent comme conseillers.

Bref, celui qui vous a chipé vos données personnelles est un petit rigolo. Or un pirate informatique n’agit pas toujours par altruisme, bien au contraire.

Hactivisme

Laissons de côté les bandits. Certaines personnes pratiquent l’activisme dans le cyberespace. Elles cherchent à s’introduire frauduleusement dans un système informatique pour le détourner. Elles veulent ainsi défendre des idéaux sociaux, politiques ou religieux. C’est ce qu’on appelle faire de l’hactivisme.

Par ailleurs, certains pays ont leur petite armée de bidouilleurs qui remplissement des missions de sabotage. Dans ce cas, ce n’est pas de l’hactivisme, mais de l’espionnage.

Avouons que ce néologisme, hactivisme, est bien trouvé, il donne toutes ses lettres créances à l’anglicisme hacker.

Hackathon

Hacker a fait d’autres petits. Le hackathon n’est pas une planète lointaine dans la galaxie Alpha du Centaure. C’est plutôt une séance de remue-méninges réunissant une joyeuse confrérie de hackers et d’autres spécialistes de l’informatique. La séance peut durer plusieurs jours. Le but : développer des stratégies informatiques novatrices.

Car certaines entreprises traumatisées embauchent des pirates pour mieux protéger leurs systèmes internes.

En informatique, le crime peut finir par être très payant.

Conclusion

Hacker est évidemment là pour rester, à cause de son caractère distinct et de sa popularité. Mais rien n’interdit d’employer le mot très français de pirate.

Follower

« Malheur à l’homme qui a des disciples. » disait Nietzsche.

Vous êtes sûrement tous dans les médias sociaux. Des centaines, voire des milliers de personnes vous suivent, ce que certains francophones, hélas trop nombreux, appellent des followers.

Par exemple, Taylor Swift a quelque 95 millions de followers sur cet égout public qu’est en train de devenir X, anciennement Twitter. Yannick Nézet-Séguin en compte presque 28 mille.

Au Canada, le terme followers a été traduit par abonnés. Bien sûr, ce n’est pas très excitant, ça fait moins techno que de dire « fallo-ouère », mais le sens est là. On s’abonne à un journal, à une série de concerts, etc. Alors pourquoi ne pas s’abonner aux tweets d’une personne qui nous intéresse?

Des variantes, d’un intérêt inégal, il faut le dire, sont concevables.

On pourrait parler des personnes inscrites à un compte. Une vedette comme celle mentionnée ci-dessus pourrait avoir des admirateurs, des fidèles, des disciples.

Qu’en pensez-vous?

QR code

Bonjour, comment vont vos code-barres bidimensionnels?

Vous savez, ces gribouillis labyrinthiques en forme de carré. Vous les balayez avec votre téléphone et hop! accès direct à un site web.

Vous avez sans doute reconnu les fameux QR code, comme on dit en Europe, appelés ici au Québec code QR. Que signifie au juste l’initiale QR? Quick response, donc un code de réponse rapide. Je ne pousserai pas le purisme jusqu’à proposer cette traduction; il me semble que code QR est suffisant.

Bien sûr, il ne scintille pas de mille feux comme l’anglicisme, parfaitement inutile d’ailleurs. Le QR code est le parfait exemple d’un terme anglais facilement traduisible en français.

L’OQLF

Les code-barres bidimensionnels précités sont une proposition de l’Office québécois de la langue française. Proposition qui fera certes des gorges chaudes outre-Atlantique, où l’on a perdu l’habitude de traduire dès que ça vient de l’Amérique.

Néanmoins, il faut reconnaitre que la traduction de l’OQLF demeure obscure et quelque peu pompeuse. C’est pourquoi il ne me semble pas avisé de l’adopter.

Labyrinthe informatique

Texte ironique sur l’informatique. Vous reconnaissez-vous dans la description suivante?

De plus en plus, vous avez l’impression d’être un béotien, un chameau qu’on force à passer par le chas d’une aiguille. Les procédures pour faire les choses les plus simples deviennent de plus en plus tordues. Vous êtes enseveli par des mots de passe de plus en plus complexes. Une souris blanche perdue dans le labyrinthe informatique.

Les foutus mots de passe

Comme la neige en hiver, ils sont incontournables. Vous voulez acheter des billets de théâtre? Il faut ouvrir un compte. Même chose pour un tournoi de tennis ou un voyage en train, car les billets papiers sont maintenant bannis. Gare à vous si votre téléphone ne fonctionne pas le jour de l’évènement ou si vous ne trouvez plus le courriel contenant ce sésame qu’est le code QR de vos billets. Vous l’avez effacé par erreur? Zut!

Chaque nouveau compte requiert un mot de passe. Quand le logiciel est gentil, il vous précise que vous devez inscrire au moins un caractère en majuscule, un autre en majuscule, un chiffre, au moins un symbole, un hiéroglyphe, et aussi un caractère runique, et, tant qu’à y être, un idéogramme japonais ou chinois… Maintenant, il faut au moins 12 caractères pour sécuriser votre compte. Comment mémoriser votre mot de passe, qui aurait fait reculer Champollion? Parce qu’attention! Il ne faut l’écrire nulle part (sans blague!)? Le truc, c’est de s’arranger pour que le mot de passe corresponde à la mélodie d’un chant tibétain du VIIIe siècle.

Les applications

En passant, avez-vous téléchargé l’application? C’est tellement plus simple… Mais attention, il est fort possible qu’elle refuse mystérieusement votre mot de passe tout neuf, créé dans Internet. Vous voilà enfermé dans une boucle informatique. Ça arrive. Débrouillez-vous maintenant.

Pugnace vous avez tenté d’entrer dans votre compte à plus de trois reprises, en vous disant que vous avez mal transcrit votre mot de passe. Grave erreur. Vous compte est maintenant verrouillé.

Vous êtes décidément très naïf. Vous voulez appeler le service à la clientèle de votre application. Le problème est que vous aurez beau chercher partout dans le site, vous ne verrez jamais de foutu numéro de téléphone. Une rubrique d’aide tentaculaire s’assurera de ne pas répondre à la question simple que vous posez. Sans rire, on vous demande ensuite si le menu d’aide a été utile. Parfois, on arrive à débusquer le fameux numéro en cherchant dans Internet. Parfois.

Un agrégateur de mots de passe

Au fond, la solution serait d’avoir un mot de passe universel au lieu de 65, dont 43 sont considérés comme peu sécuritaires. Les gourous du Web vous incitent à choisir un agrégateur de mots de passe : tout sera désormais beaucoup plus facile. Facilité et informatique sont deux plaques tectoniques qui s’éloignent l’une de l’autre.

Méfiez-vous de ces gourous. Pour eux, tout est simple. C’est un peu comme Einstein qui essaie de vous convaincre que la mécanique quantique, ce n’est finalement pas compliqué quand on la prend par le bon bout…

Alors votre gourou vous dira que l’application OneFuckingPassword est géniale et facile à utiliser. Grâce à elle, vous pouvez stocker tous vos mots de passe, les numéros de vos cartes de crédit, tous les renseignements personnels que vous souhaitez.

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais le doute me saisit. Vais-je confier tout ce matériel radioactif à une application inconnue? Si, si, si, insiste votre gourou, tout est crypté, pas de danger.

Quel bonheur! Mes comptes vidéo-étron.ca, Hostidemail.com, Goofymail.com, Yahoulala.fr, Instagratte, Nerd, PowderGroin, Excel-lent et autres applications Windoors seront enfin accessibles, grâce à un seul mot de passe.

Bon OK.

OneFuckingPassword

Les portes de l’enfer s’ouvrent.

Je comprends assez vite que c’est tellement simple que je ne suis pas toujours sûr de comprendre. J’ai choisi le seul mot de passe dont je vais me servir, quelque chose de convivial comme HELP&cx2*me##ifYOU%-can%@! Mais pas le choix, OneFuckingPassword ne veut rien savoir de Jenpeupu. Mon mot de passe doit être tellement sécuritaire qu’il devient impossible de le mémoriser, à moins de souffrir de schizophrénie catatonique.

OneFuckingPassword est très facile à utiliser. La preuve c’est qu’il y a un tas de vidéos YouPuke qui cherchent à vous convaincre que c’est simple. Par exemple intégrer l’application à votre navigateur GoofyCrook, FirefoxNews, Safarire, PuckPuckGo ou MicroGates Edgy. Un jeu d’enfant, qu’ils disent.

C’est peut-être simple, mais pas nécessairement convivial, voilà le problème. Sinon comment expliquer cette pléthore de tutoriels?

Vous désirez inclure le mot de passe de votre application de recettes? Fafa bébé, des dizaines de tutoriels vous indiquent comment. J’en essaie un et les affichages de la vidéo ne correspondent pas à ce que je vois sur mon ordi. J’en essaie un autre, mais là encore, cela ne correspond pas. Je constate que les vidéos datent de deux ans… Et j’ai un Mac en plus… J’essaie à plusieurs reprises, mais ça ne fonctionne pas.

Me voilà transporté dans la quatrième dimension…

Alors pourquoi ne pas télécharger l’application et passer par elle, au lieu d’intégrer OneFuckingPassword dans mon navigateur? Je télécharge l’application en me disant que je suis bien bête de ne pas y avoir pensé. Tout est de ma faute.

Je déchante vite. Je tape mon fucking mot de passe caractère par caractère, tel un apothicaire qui prépare une concoction miraculeuse. OneFuckingPassword refuse platement mon mot de passe. C’est encore moi qui ne comprends pas. Sûrement.

Respirons par le nez. Je clique sur Mot de passe oublié… L’application me demande l’identifiant qui est mon adresse courriel. Je tape l’identifiant et OneFuckingPassword se rebiffe. Buté comme un âne, il me dit d’un air hautain qu’il n’y a pas de compte à ce nom…

Bref, j’ai passé des heures à écouter des vidéos, à tenter des expériences, en vain. Excédé, j’ai réalisé que l’agrégateur me rendait la vie impossible, car j’avais maintenant du mal à entrer dans mes applications courantes, qui, souvent, refusaient de s’ouvrir, parce que mon fucking mot de passe ne fonctionnait pas.

Une boucle informatique infernale. J’ai décidé de me débarrasser de OneFuckingPassword. Pas si simple que cela quand l’application dit que tu n’as pas de compte…

Excédé

À présent, je n’ose plus toucher à rien. Renforcer mes mots de passe me parait être la moins pire des solutions. Mais là encore, cette mesure élémentaire peut virer au cauchemar, comme cela s’est produit avec ma banque.

Les gourous nous vantent maintenant l’identification à deux facteurs. Par exemple, Facedebouc vous envoie un code numérique par texto pour déverrouiller votre compte. Cela empêchera votre compte d’être piraté si votre mot de passe a été diffusé.

Le croiriez-vous, mais je suis sceptique. Qui dit que le code par texto ne sera jamais intercepté? Et supposons qu’un bogue empêche l’envoi du fameux code? On fait quoi?

Eh bien on lâche ses appareils électroniques et on va faire une marche.

***

J’invite tous ceux qui ne veulent pas perdre l’esprit à lire mes Chroniques informatiques.

Mon Glossaire de l’informatique vous amusera sûrement.

Comment j’ai failli perdre mon blogue.

Glossaire désabusé de l’informatique

La révolution informatique nous transforme en souris blanches forcées de cheminer dans un labyrinthe. Un parcours darwinien qui force l’utilisateur à s’adapter sans cesse s’il veut survivre. On appelle ça le progrès. Aucun moyen d’y résister. Si, à bien y penser. Par l’humour. Voici donc un glossaire désabusé du monde informatique.

Informatique

Pseudoscience dont le but est de faire croire à un humain normal qu’il est aussi dépassé qu’une disquette souple de cinq pouces et quart.

Informaticien

Variété d’extra-terrestre analphabète incapable de s’exprimer autrement que par des sigles incompréhensibles, des raccourcis sibyllins ou des impropriétés. Malheureusement, il travaille avec les ordinateurs et s’attend à ce que tout le monde décrypte son charabia.

Ordinateur

Engin merveilleux permettant d’effectuer simultanément une multitude de tâches complexes. Une machine de bonne volonté qui tente de composer avec les failles des logiciels qu’on lui demande de faire fonctionner. Renâcle à la tâche.

Conçu pour faciliter la vie des humains, il peut aussi devenir leur pire ennemi.

Un ordinateur de qualité pourrait durer une dizaine d’années, mais l’évolution de la technologie le rend rapidement obsolète. Les nouveaux logiciels sont autant de vers solitaires qui grugent sa mémoire et absorbent la puissance du processeur.

Un ordinateur neuf est une Ferrari condamnée à devenir en quelques années une Ford modèle T.

Clef USB

Petit appareil pouvant contenir toute la science du XVe siècle et donc une grande quantité de fichiers textes et graphiques. Impossible à utiliser sur les nouveaux Mac à moins d’avoir un adaptateur broche à foin. Sur les ordinateurs conventionnels, la clef USB requiert de la patience pour l’insérer correctement. On y parvient après trois essais. Ensuite, il faut gosser à la fois sur la clef et l’ordinateur pour que les deux entrent en contact.

Mise à jour

Remplacement d’un système d’exploitation par un autre supposément meilleur. S’ensuit inévitablement un ralentissement de l’ordinateur afin d’amener l’utilisateur à s’en procurer un nouveau.

Les mises à jour peuvent aussi nuire au fonctionnement jadis sans problème de certaines applications dont il faudra racheter une version plus récente.

Nouvelle version

Remaniement majeur d’un logiciel que vous étiez finalement parvenu à maitriser.

La principale conséquence est que les fonctionnalités simples se complexifient et que celles qui étaient déjà compliquées le sont encore plus. En plus, elles ont été redistribuées sous de nouveaux menus aux titres incompréhensibles.

Les bogues de l’ancienne version ont enfin été corrigés tandis que des nouveaux, flambants neufs, sont apparus.

Bogue

Défaut de conception d’un logiciel dont l’origine est souvent nébuleuse. Elle le restera.

Redémarrage

La baguette magique du technicien en informatique lorsqu’il est dépassé par un problème.

Réinstallation

La bombe atomique du technicien quand rien va plus. Un geste de désespoir quand le gossage habituel de chercher ici et là ne donne aucun résultat. Il réinstalle le logiciel en vous disant que l’informatique, c’est comme ça.

Plus radical que le redémarrage, qui équivaut à réparer un tuyau qui fuit. La réinstallation d’un logiciel revient à dynamiter la maison et à tout reconstruire.

Menu d’aide

Le menu d’aide est un exercice mental fastidieux consistant à formuler sa question en langage normal et à se faire répondre que le terme n’existe pas. Les variantes non plus d’ailleurs.

Les plus déterminés pourront toujours se transformer en Indiana Jones et chercher l’arche perdue dans les rubriques du menu d’aide pour tenter de trouver solution à leur problème. Cela fonctionne parfois. Le logiciel vous demande ensuite sans rire si vous avez trouvé la réponse à votre question.

Interconnectivité

Capacité de brancher plusieurs appareils ensemble pour engendrer des dysfonctionnements inédits, relevant davantage de la maladie mentale que de l’informatique. Par exemple demander à une imprimante autiste de s’entendre avec un ordinateur schizophrène.

Plantage

Mode de fonctionnement alternatif de l’ordinateur. L’équivalent du coma chez l’humain.

Dinosaure

L’auteur de ce texte. Lunatique naïf qui s’imagine que l’informatique est au service de l’humain – et non le contraire. Espèce en voie de disparition. Suscite généralement l’hilarité des milléniaux qui ne comprennent pas sa frustration.

Mots de passe

Les mots de passe hiéroglyphiques vous rendent fous ? Lisez mon article sur l’infâme labyrinthe informatique auquel nous ne pouvons pas échapper.

La technologie envahissante

En cette fin d’été, on s’écarte un peu du champ linguistique. Je voudrais amorcer une réflexion sur l’importance grandissante des appareils électroniques dans nos vies.

D’entrée de jeu, j’aimerais souligner que je ne suis pas un dinosaure. J’ai beaucoup de plaisir à utiliser mon téléphone intelligent et je ne m’en passerais plus. J’apprécie tout autant de pouvoir envoyer textes et photos à l’autre bout du monde par courriel; de pouvoir communiquer avec mon épouse par Skype quand elle séjourne à Florence. La liste est sans fin.

Il faut néanmoins constater que l’électronique s’immisce partout et que nous n’avons plus le choix, il faut l’accepter ou périr.

Jeune adulte, j’ai lu Les robots d’Isaac Asimov. L’auteur américain y décrivait l’importance grandissante que prenaient ces engins qui devaient servir les humains.

Nous assistons au même phénomène, tout d’abord avec les répondeurs automatiques. Il est devenu impossible de parler à un être humain lorsqu’on communique avec une entreprise. Ces répondeurs entraînent le client dans une toile d’araignée de menus et de sous-menus qui mènent souvent à un cul de sac… ou au mensonge éhonté « Votre appel est important pour nous… » Ah oui? Alors pourquoi ne répondez-vous pas tout de suite?

Attraper un téléphoniste relève de l’exploit. Il faut finasser avec le répondeur.

Heureusement, le courriel est plus coopératif. Il permet souvent de rester en contact avec des gens dont nous sommes éloignés. Grâce à lui, se tissent des rapports qui n’auraient peut-être jamais existés.

Les appareils électroniques nous entraînent dans une spirale vers le haut. L’obsolescence survient à peine quelques mois après l’achat d’un téléphone intelligent, d’un ordinateur. Déjà, des fonctionnalités se sont ajoutées, votre outil n’est plus aussi vif qu’au début. Il faut faire des mises à jour.

Même les automobiles y passent. Gavées de contrôles électroniques, leur degré d’usure ne se mesure plus uniquement par la mécanique. Non, vous n’avez pas de caméra de recul? De capteur pour les angles morts? Pas de prise USB? Pas de navigateur intégré? Une vraie antiquité votre bolide de 2012…

Toutes ces avancées obligent l’utilisateur à constamment se tenir à jour. Je vous parle d’un autre livre : Le choc du futur, d’Alvin Toffler. L’auteur prédisait que le rythme des changements s’accélérerait. Il n’avait pas tort.

Vous achetez une télé? Il ne suffit plus régler les couleurs, comme jadis. Il faut maintenant la programmer. L’installation d’un enregistreur numérique nécessite aussi un effort. Mais si vous tentez de coordonner le branchement de votre chaîne stéréophonique pour écouter vos émissions plein son, bonne chance. On y arrive, mais à la condition de ne faire aucune erreur. Malheur à vous si un fil n’est pas branché à la bonne place…

L’humain est condamné à suivre le triple galop de la technologie. Des machines s’implantent partout, qu’on le veuille ou non. Même dans les terrains de stationnement.

Je me souviens de ces mélomanes médusés, dans un parking extérieur, qui devaient déchiffrer le fonctionnement d’un horodateur, qui distribuait les billets prouvant que l’on avait payé. Chaque couple qui s’avançait vers le monstre impassible plissait les yeux, essayait de comprendre l’agencement des boutons et de deviner comment on payait par carte de crédit ou comptant…

Les parkings intérieurs font maintenant l’économie de guichetiers. Il faut payer son billet à une machine AVANT de s’avancer vers la sortie, parce qu’il n’y a plus d’humain pour accepter vos précieux billets. Chaque fois, je dis une petite prière pour que le paiement effectué à la machine se soit fait correctement et que la barrière automatique accepte mon billet…

Une machine aussi simple qu’un photocopieur peut représenter un autre défi à l’intelligence. Nouvelle configuration de boutons, où est le plateau pour les feuilles? Et surtout, où est le maudit bouton pour lancer l’impression? J’ai vécu ce genre d’humiliation récemment : le bouton n’existe plus, il faut se servir de l’écran tactile.

Et vous avez de la chance si l’appareil ne combine pas un scanneur et un télécopieur, parce qu’alors, des boutons, il y en a une pléthore.

Je vous fais grâce des dizaines de mots de passe que nous ne sommes pas censés écrire nulle part. Encore une chance si on précise le FORMAT du mot de passe. Encore une fois, les informaticiens s’imaginent que parce qu’eux en connaissent les paramètres, vous allez automatiquement les deviner.

Les appareils photos résument bien l’état de la technologie actuelle. Ils multiplient les possibilités, mais rendent compliqué l’accès à certaines fonctions élémentaires. Jadis, on pouvait modifier l’entrée de lumière ou la vitesse d’obturation en tournant une roulette. Maintenant il faut chercher ces fonctions quelque part dans les menus.

Un exercice darwinien d’adaptation, voilà ce à quoi nous convie l’électronique. Apprendre et réapprendre sans cesse.

Heureusement, la technologie sait nous récompenser de nos efforts.

On peut maintenant dialoguer avec son iPhone. Lui poser des questions comme « Où se trouve la pharmacie la plus proche? » Ou encore lui donner des ordres : « Ouvre le dictaphone. » Et c’est fait.

Mon téléphone m’a fait découvrir un optométriste dont j’avais oublié l’existence. J’y ai acheté mes nouvelles lunettes.

Certaines personnes s’amusent à entretenir des dialogues farfelus avec leur téléphone. Celui-ci est programmé pour donner des réponses précises et réagir aux obscénités, par exemple. Mais ces dialogues ne demeureront pas rudimentaires bien longtemps, avec l’expansion exponentielle des capacités électroniques.

Lorsque les conversations deviendront plus complexes, ces appareils pourraient-ils finir par remplacer les humains? Certains individus asociaux en viendront-ils à les voir comme de véritables amis et à limiter leurs rapports avec leur cell?

Je me suis amusé à essayer d’imaginer où nous en serions dans dix ou quinze ans. Y aura-t-il encore des caissiers dans les cinémas, les épiceries? Des appareils feront-ils le ménage dans nos maisons? On commence à parler d’automobiles qui se conduiront toutes seules… Ce serait une bénédiction dans bien des cas, surtout au Québec…

Se projeter dans le futur devient étourdissant.

Vous lirez avec intérêt : les informaticiens et le français.

La correction automatique

Au risque de paraitre vieux jeu, je ne suis pas un fan du logiciel Word avec lequel je mène toutes sortes de petites batailles quotidiennes.

Mais l’une des fonctions les plus utiles de Word est sans nul doute la correction automatique. Beaucoup la connaissent, peu profitent de son plein potentiel.

Quelques trucs pour taper plus vite et éviter les tendinites…

Mots accentués

Les francophones tapent moins vite que les anglophones à cause des caractères accentués. Si les principales lettres avec accent grave possèdent leur touche distincte, il n’en est rien avec celles qui requièrent l’accent circonflexe, largement inutile, soit dit entre nous. En attendant son abolition, il faut le taper.

L’ennui étant qu’il figure dans bon nombre de mots courants, comme plutôt, être et prêt. La fonction en question permet d’utiliser des mots à codes comme pluto, etre et pret.

Le mot déjà nécessite deux accents. On peut programmer dja ou bien écrire le mot sans ses accents et obtenir déjà à la correction. Inscrire dans la correction automatique toute une série de mots accentués, sans leur accent, permet de gagner du temps. Et plus besoin de se souvenir si symptôme prend l’accent ou non. Inscrivez symptome dans votre liste et le tour est joué.

Un petit dernier : peut-être que l’on peut abréger ainsi : pte.

Mots et expressions compliqués

Qui n’a pas fait de coquille en écrivant aujourd’hui? Ou encore Île-du-Prince-Édouard ? On peut les abréger ainsi : aujd et idpe. Ceux qui utilisent la correction automatique remplacent vite beaucoup par une abréviation, comme bcp.

On peut appliquer la même rustine à des expressions : millions de dollars (mns), milliards de dollars (mds), par exemple (px), mise en œuvre (meo), tout à fait (taf), sur-le-champ (slc) et gouvernement, abrégé ainsi : gvt, gouv.

La correction automatique vous permet aussi d’inventer des codes pour toutes ces petites expressions requérant l’apostrophe, autre signe qui nous fait perdre du temps. Au palmarès : s’en, s’est, n’est, n’a, d’un, d’une, etc. À vous de trouver les abréviations qui conviennent.

Sigles

Ici, une mise en garde s’impose : ne pas employer de sigles courants comme abréviation à corriger, car il devient impossible de les utiliser. Par exemple, si vous choisissez ipe pour Île-du-Prince-Édouard, la correction se fera systématiquement.

On écrit généralement les sigles en majuscule. Alors pourquoi ne pas décider qu’un sigle tapé en minuscule se met automatiquement en majuscule? Ainsi, otan devient OTAN.

Une formule abrégée comme mme peut se corriger automatiquement en Mme.

Phrases récurrentes

Les formules d’appel et de salutation, les vedettes, les titres courants peuvent aussi faire l’objet de corrections automatiques. De même, une formulation particulière qui revient sans cesse dans votre document peut être comprimée.

Exemple : La Commission a déterminé qu’elle ne pouvait accueillir votre demande pour être ainsi codifiée : cdav.

Il n’y aucune limite, sauf celle de votre imagination. Chacun façonnera les corrections automatiques selon ses besoins. J’en ai plus d’une centaine que j’utilise régulièrement. Le danger étant d’en inventer un trop grand nombre et de les oublier. Ce n’est pas une mauvaise idée de faire une liste papier de vos abréviations pour les retrouver rapidement.

La correction automatique vaut son pesant d’or.

 

 

Vocabulaire de Twitter

Aimez-vous gazouiller? Vous arrive-t-il de partager des gazouillis? Avec vos followers? Postez-vous souvent des tweets dans Twitter?

Devant pareille cacophonie, le langagier ne peut que pousser des cris d’orfraie.

Encore une fois, deux mentalités entrent en collision de part et d’autre de l’Atlantique : la volonté de tout traduire, que l’on observe au Canada, et cette pulsion européenne d’aligner les mots anglais dans le discours, comme on enfile les perles.

En informatique, le contraste entre Canadiens et Français, Belges et Suisses est frappant. Des termes comme email, spyware, spam sont traduits de ce côté-ci de l’Atlantique, tandis qu’ils demeurent comme tels en Europe. En français : courriel, espiogiciel, polluriel.

Devant cette domination de l’anglais, on pouvait s’attendre à ce que le vocabulaire de Twitter soit massivement anglais. Il l’est. En même temps, les efforts de francisation montrent leur limite.

Bien sûr, l’Office québécois de la langue française et d’autres instances linguistiques suggèrent le terme gazouillis pour remplacer tweet. La traduction donne de l’urticaire à bien des langagiers nord-américains, pourtant dévoués à la défense du français.

Les choses se corsent lorsqu’on tente de traduire to tweet par gazouiller. Par exemple : « Il a gazouillé une bonne partie de l’après-midi. » Pour beaucoup, ce genre de traduction à tout prix sonne le glas de la traduction tout court. Après tout, a-t-on traduit hamburger et spaghetti? Bien des mots anglais sont passés en français parce qu’ils comblaient un vide ou étaient plus faciles à employer.

La fonction Retweet pose également un sérieux problème. Nul n’oserait dire qu’il a regazouillé un gazouillis. Bien entendu, on peut le redistribuer, voire le partager.

Mais nous venons de trébucher sur un autre anglicisme, partager n’ayant pas le sens de communiquer, diffuser, faire connaître en français. Toutefois, l’emploi généralisé de ce verbe dans de nombreux sites, comme Facebook, amènera tôt ou tard un infléchissement de son sens français. Comme pour réaliser, dans le sens de se rendre compte de quelque chose, d’une réalité. Cette évolution est fatale.

Les Québécois et autres Canadiens de langue française emploient également hashtag, ce mot-clic que les Français appellent parfois mot-clé diésé. Là encore, la brièveté de l’anglais fait des adeptes et le hashtag est fort populaire, au point de faire son entrée dans Le Petit Robert, où il rejoindra… tweet.

On peut donc dire qu’Européens et Canadiens emploient finalement le même vocabulaire pour Twitter, bien que ces derniers fassent davantage d’efforts pour franciser les termes de microblogage.

Notons quand même deux exceptions : follower, qui se dit abonné chez nous, et poster un tweet, qui est rendu par afficher, publier un tweet.

Si vous tweetez, vous faites partie de la  Twittosphère (la majuscule est volontaire). Quelle belle trouvaille! Et si vous bloguez, vous faites partie de la blogosphère. Curieusement, le premier terme n’est pas encore entré dans le Robert, mais le second l’attend patiemment…