Doublets

Le doublet peut être vu comme un procédé stylistique qui amplifie le discours. L’anglais et le français en partagent d’ailleurs un certain nombre :

  • First and foremost : D’abord et avant tout.
  • Cut and dried : clair et net.
  • Heart and soul : corps et âme.
  • Pains and aches : les douleurs et les maux.
  • Every nook and cranny : coins et recoins.
  • Safe and sound : sain et sauf.

On voit ici un effet d’insistance, puisque certains mots sont redondants. La redondance vient épauler le discours anglais ou français pour insister sur une notion, la mettre en vedette. Dans bien des cas, le français ne suit plus la parade et résume l’idée avec un seul mot.

Ainsi, Safety and security se rend généralement par sécurité, bien que dans certains contextes on fasse la nuance entre les deux termes. Mais le doublet sûreté et sécurité se voit rarement.

En français, la notion d’efficacité suffit le plus souvent. L’expression « efficace et efficient » s’inspire de l’anglais. Soit dit en passant, les deux mots ne sont pas de parfaits synonymes, car l’efficience est liée à l’économie de moyens.

Dans des textes économiques ou juridiques, la notion d’efficience peut être nécessaire.

Parlant de textes juridiques, l’expression Terms and conditions est un grand classique. Mais en français, on se contente des conditions ou des modalités

Certains doublets anglais témoignent du génie de la langue de Shakespeare; il est difficile d’être aussi concis dans notre langue et nous dépassons les deux mots. Parfois, il faut recourir à une périphrase. Quelques exemples :

  • Short and sweet : être bref; ne pas y aller par quatre chemins.
  • Day and age : de nos jours; à notre époque; par les temps qui courent.
  • Head and shoulders : dépasser d’une tête; dépasser de loin; être de loin supérieur; être à des années-lumière de…; laisser tout le monde derrière; aucun ne lui arrive à la cheville; avoir une bonne longueur d’avance.
  • Alive and well : être bien vivant; se porter très bien.
  • Neat and tidy : être bien rangé; être réglé comme du papier à musique.

Chute et fin de cet article.

Télémarketing : défendez-vous!

Il faut poursuivre le combat

Le problème lancinant du télémarketing sauvage a enfin percé la carapace des médias. Il y a quelques mois, j’ai fait publier une lettre dans les journaux sur le sujet et l’émission La Facture de Radio-Canada a présenté un dossier très étoffé qui met en lumière l’inertie et l’indifférence du gouvernement. Un gouvernement qui considère que le télémarketing est une industrie légitime, alors qu’il s’agit d’un fléau qui devrait être interdit.

La journaliste Esther Normand m’a dit que La Facture recevait beaucoup de plaintes des citoyens qui sont excédés de se faire déranger par des vendeurs de thermopompes et des astrologues. En fait, tout le monde a sa petite histoire à raconter.

La farce a assez duré et les citoyens doivent se faire entendre. Comment ?

Tout d’abord en écrivant aux politiciens qui, après tout, doivent compter sur la population pour se faire élire. Or, des élections fédérales auront lieu en octobre. Belle occasion à ne pas rater.

Ensuite, ne pas hésiter à écrire aux médias. Ces derniers sont très sensibles aux sujets chauds et le dossier du télémarketing pourrait en devenir un. Les journalistes se plaisent à creuser des dossiers, surtout quand ils peuvent dénoncer l’incurie gouvernementale. Et très souvent, les choses débloquent après un reportage.

Celui de La Facture m’a valu un appel du NPD…

Il faut donc faire de la jungle du télémarketing un sujet chaud pour que le gouvernement cesse d’abdiquer de son obligation de défendre la population, au lieu de laisser le champ libre aux flibustiers du télémarketing.

Par où commencer ?

La loi instituant la Liste nationale des numéros de télécommunication exclus est outrageusement bafouée par les télévendeurs. L’émission La Facture l’a clairement démontré. La loi n’est tout simplement pas appliquée et un seul télévendeur sur 10 000 est frappé d’une amende. Cette situation est scandaleuse.

Il faut interpeler les politiciens au pouvoir.

Pourquoi ne pas commencer par le ministre de la Justice, David Lametti ?  David.Lametti@parl.gc.ca

Certains voudront écrire au premier ministre lui-même, Justin Trudeau : justin.trudeau@parl.gc.ca

Le chef de l’opposition officielle, Andrew Scheer est le premier ministre en devenir. Ce n’est pas une mauvaise idée de le sensibiliser au problème, même si c’est le gouvernement Harper qui a fait adopter la loi actuelle, pleine de trous : andrew.scheer@parl.gc.ca

Écrire aux députés

On peut aussi écrire à nos députés par courriel. L’adresse de tous les membres de la Chambre des communes se trouve ici : https://www.noscommunes.ca/Parliamentarians/fr/constituencies

Généralement, il est plus efficace d’écrire par courriel. Les lettres papier que j’ai envoyées au bureau des Communes de deux députés sont restées sans réponse. On m’a dit ne jamais les avoir reçues…

Si, malgré tout, vous désirez envoyer une lettre en bonne et due forme, vous trouverez l’adresse du bureau de chacun d’entre eux sur la même page. Si vous manquez d’inspiration, je peux vous fournir des modèles pour chaque variété de député…

Comment leur écrire ?

Composer un message type, pas trop long et précis, exprimant votre exaspération devant l’inertie des autorités.

L’envoyer à votre député.

En faire une copie que vous pouvez ensuite transmettre à tous les autres députés que vous souhaitez sensibiliser au problème.

Par courriel, il est très facile d’écrire des messages en série, en recopiant le message initial. L’idée est d’inonder nos élus de lettres de protestation contre le télémarketing. Bien sûr, ils reçoivent beaucoup de correspondance, mais un grand nombre de courriels sur la jungle du télémarketing finira par attirer leur attention.

Utiliser les médias sociaux à bon escient

Les élus veulent être à la fine pointe de la technologie et bon nombre d’entre eux ont un compte Twitter. Interpeler un député sur Twitter, c’est lui infliger un électrochoc en public. Cela a généralement a un effet bœuf. Je parle par expérience. Il ne répond à vos courriels ou vous envoie des réponses lénifiantes, confrontez-le sur Twitter.

Des messages laissés sur une page Facebook peut également être du plus grand effet.

Voici maintenant une liste des principaux députés québécois de chacune et des formations politiques, liste qui comprend aussi certaines têtes d’affiche de chacun des partis.

Pourquoi écrire à un député libéral ?

La question se pose en effet étant donné que le gouvernement libéral est responsable du gâchis actuel. Contrairement à ce que l’on pense, les députés ministériels ont une certaine influence ; ils rapportent les humeurs de la population au gouvernement. Si les députés libéraux sont inondés de messages de protestation à propos du télémarketing, ils pourraient exercer des pressions sur le gouvernement.

Députés libéraux à harceler :

Serge Cormier : Serge.Cormier@parl.gc.ca

Mélanie Joly : Melanie.Joly@parl.gc.ca

Stéphane Lauzon : Stephane.Lauzon@parl.gc.ca

Rémi Massé : Remi.Masse@parl.gc.ca

Dominic LeBlanc : dominic.leblanc@parl.gc.ca

Emmanuel Dubourg : Emmanuel.Dubourg@parl.gc.ca

Denis Paradis : Denis.Paradis@parl.gc.ca

Brenda Shanahan : Brenda.Shanahan@parl.gc.ca

Marie-Claude Bibeau : Marie-Claude.Bibeau@parl.gc.ca

Diane Le Bouthillier : Diane.Lebouthillier@parl.gc.ca

Steven Mackinnon : Steven.MacKinnon@parl.gc.ca

Marjolaine Boutin-Sweet : Marjolaine.Boutin-Sweet@parl.gc.ca

Pablo Rodriguez : Pablo.Rodriguez@parl.gc.ca

Greg Fergus : gregfergusparl.ca

Richard Hébert : Richard.Hebert@parl.gc.ca

Francis Scarpalegga : francis.scarpaleggia@parl.gc.ca

David Lametti : David.Lametti@parl.gc.ca

David Graham : David.Graham@parl.gc.ca

Fayçal El-Khoury : Faycal.El-Khoury@parl.gc.ca

Joël Lightbound : Joel.Lightbound@parl.gc.ca

Yves Robillard : Yves.Robillard@parl.gc.ca

Michel Picard : Michel.Picard@parl.gc.ca

Antoine Housefather : Anthony.Housefather@parl.gc.ca

Marc Garneau : marc.garneau@parl.gc.ca

Frank Baylis : Frank.Baylis@parl.gc.ca

William Amos : wamos.liberal.ca

Jean-Yves Duclos : Jean-Yves.Duclos@parl.gc.ca

Jean Rioux : Jean.Rioux@parl.gc.ca

Emmanuella Lambropoulos : Emmanuella.Lambropoulos@parl.gc.ca

Nicola Di Iorio : Nicola.Diiorio@parl.gc.ca

François-Philippe Champagne : Francois-Philippe.Champagne@parl.gc.ca

Pierre Breton Pierre.Breton@parl.gc.ca

Ramez Ayoub : Ramez.Ayoub@parl.gc.ca

Peter Schiefke Peter.Schiefke@parl.gc.ca

Marc Miller : Marc.Miller@parl.gc.ca

Eva Nassif : Eva.Nassif@parl.gc.ca

Pourquoi écrire à un député conservateur ?

Le gouvernement Harper a fait adopter en 2008 la loi établissant la Liste nationale des numéros de télécommunication exclus. Par la suite, il s’est arrangé pour que cette loi soit inapplicable en ne dotant pas le CRTC du personnel suffisant. Néanmoins, les élections approchent et le Parti conservateur pourrait être tenté d’utiliser ce dossier pour marquer des points contre le gouvernement libéral.

Députés conservateurs dont il faut secouer les puces :

Sylvie Boucher : Sylvie.Boucher@parl.gc.ca

Alupa Clark : Alupa.Clarke@parl.gc.ca

Steven Blainey : steven.blaney@parl.gc.ca

Pierre Paul-Hus : Pierre.Paul-Hus@parl.gc.ca

Richard Martel : Richard.Martel@parl.gc.ca

Jacques Gourde : jacques.gourde@parl.gc.ca

Gérard Deltell : Gerard.Deltell@parl.gc.ca

Luc Berthold : Luc.Berthold@parl.gc.ca

Alain Rayes : Alain.Rayes@parl.gc.ca

Pourquoi écrire aux deputés néo-démocrates?

Le NPD est moins enclin à défendre les entreprises de télémarketing, contrairement aux libéraux et aux conservateurs. Il est le plus susceptible de s’emparer du dossier en question pour dénoncer l’inertie du gouvernement libéral.

Députés du NPD à activer :

Faut-il écrire aux députés bloquistes ?

Le Bloc québécois a maintenant peu d’influence aux Communes. Nous sommes loin de l’époque de Gilles Duceppe. À mon sens, pas très utile de leur écrire pour l’instant.

Envoyer des lettres aux journaux

Envoyer une lettre aux journaux est un coup de dés. Ils donnent priorité à des missives faisant suite à des articles qu’ils ont publiés. Cependant, lorsqu’un sujet devient brûlant, ils sont davantage enclins à lui accorder de l’attention. Il ne faut pas se laisser décourager si une lettre n’est pas publiée.

La règle d’or est la concision : les journalistes n’aiment pas les textes interminables et répétitifs. Bien cerner son propos ; faire des phrases courtes et claires. Adopter un style incisif peut être un atout.

En outre, plus les médias recevront de lettres sur le télémarketing, plus le sujet les intéressera. Avec un peu de chance d’autres médias que Radio-Canada décideront de mener leur propre enquête.

Voici les adresses à qui on peut écrire :

La Presse : debats@lapresse.ca

Le Devoir : lettres@ledevoir.com

Le Droit : editorial@ledroit.com

Écrire à La Facture

514 790-2636 ou le 1 800 790-2636.

Écrire à l’émission JE à TVA : marie-christine.bergeron@tva.ca

En terminant

Si, comme un peu tout le monde, vous en avez vraiment assez de vous faire harceler par des télévendeurs insistants, je vous suggère de faire lire ce texte à vos amis et de les inciter à prendre la plume pour faire connaître leur opinion.

Les députés et les gouvernements vont agir seulement s’ils sentent que le problème devient un enjeu important de société.

Prendre la parole, interpeler les politiciens est la seule arme qui reste aux citoyens.

Combattre le télémarketing

Cette semaine, nous sortons un petit peu du domaine linguistique.

Le télémarketing a toujours été un fléau, mais il devient de plus en plus insupportable. Les Canadiens sont inondés d’appels importuns, dont environ 40 pour 100 sont frauduleux. Même problème aux États-Unis. Récemment, la revue britannique The Economist indiquait que les Américains sont excédés par les appels des télévendeurs. En outre, les efforts déployés par les autorités fédérales ne donnent pas toujours les résultats souhaités.

Au moins, Washington se préoccupe de la question, contrairement au gouvernement canadien qui a complètement laissé tomber la population.

La Liste nationale des numéros de téléphone exclus

Cette liste est en vigueur depuis dix ans. Grâce à elle, vous pouvez vous soustraire aux appels des télévendeurs… du moins en théorie.

C’est du moins ce qu’essaie de vous faire croire le CRTC. Dans un véritable document de propagande https://crtc.gc.ca/fra/dncl/10ann.htm, l’organisme fédéral présente la Liste comme un grand succès. On bombarde le public de chiffres bruts qui ne veulent rien dire. Le CRTC se vante des 13 millions de numéros inscrits sur la Liste, ainsi que des 18 603 télévendeurs inscrits eux aussi. Mais encore? Le gouvernement protège vraiment le public?

La vérité est tout autre. Des statistiques recueillies par l’émission La Facture à Radio-Canada https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1147504/echec-appels-indesirables-crtc-liste-numeros-exclus-telecommunications montrent sans doute possible que la loi de 2008, déjà pleine de trous, est inopérante.

Sur les 1,3 million de plaintes reçues, seulement… 167 ont conduit à des amendes. Oui vous avez bien lu. Autrement dit, une plainte sur 10 000 donne des résultats. Autant s’acheter un billet de loterie. C’est clair, dénoncer des numéros au CRTC est une pure perte de temps. D’autant plus qu’aucun suivi n’est exercé auprès du consommateur. Pas étonnant que les télévendeurs s’en donnent à cœur joie.

Dans une entrevue à La Facture, le directeur de l’application de la loi du CRTC, Alain Garneau, révèle que seulement 15 agents sont affectés au traitement des plaintes. Une poignée de fonctionnaires contre une horde de télévendeurs dotés de robots, d’équipement électronique et de téléphonistes formés pour vous embobiner.

Or l’émission La Facture nous apprend aussi que 40 pour 100 des appels de télémarketing ne sont rien d’autre que de la fraude.

L’inertie du gouvernement fédéral

Le gouvernement a le culot d’essayer de nous faire croire qu’il défend les consommateurs. Dans son document de propagande, le CRTC annonce fièrement qu’il accroît la coopération avec dix organismes d’application de la loi du monde entier. Pendant ce temps, le nombre d’appels importuns continue de grimper.

En 2016-2017, toujours selon le même document, Ottawa annonce son intention de forcer les compagnies de téléphonie à bloquer certains numéros importuns. Près de dix ans après l’avènement de la Liste, on commence à envisager de prendre des moyens plus musclés pour défendre le public. Bravo !

Bis : Pendant ce temps, le nombre d’appels importuns continue de grimper.

Parlons-en des compagnies de téléphonie. Bell, Rogers et Vidéotron ne lèveront pas le petit doigt pour vous défendre. Elles n’ont aucun intérêt à vous aider. Ces géants bloqueront des numéros quand le gouvernement fédéral sortira de sa torpeur et leur ordonnera de le faire. Pas avant.

Mais comment expliquer l’inertie du fédéral ?

Parce qu’Ottawa considère le télémarketing comme une industrie légitime. Dixit le CRTC :

Le CRTC continuera de s’adapter à un environnement numérique en constante évolution et d’appuyer les pratiques légitimes en matière de télémarketing.

Il serait intéressant de demander aux Canadiens si une industrie qui les dérange à toute heure du jour pour leur vendre des produits dont ils n’ont pas besoin, faire pression sur eux, quand il ne s’agit pas de les induire en erreur, est une entreprise légitime.

Le télémarketing est un fléau qui ne devrait tout simplement pas exister.

Que faire ?

La pire erreur pour les consommateurs est de baisser les bras. Oui, on peut se défendre contre le télémarketing.

1. La défense passive

La première chose est de se doter d’un afficheur. C’est la première ligne de défense qui nous permet de filtrer les appels.

Mais le talon d’Achille des consommateurs est la crainte de manquer un appel important. Cette crainte injustifiée nous amène à répondre à tous les appels, ce qui est une grave erreur dont profitent les flibustiers du télémarketing.

Pensez-y bien : vos amis et votre parenté ont-ils des numéros masqués ? Est-ce que leur numéro commence par 1-888, 1-877, 1-800 ? Possèdent-ils un numéro ésotérique comme 1381395069375 ? Sûrement pas. Alors pourquoi répondre à de tels numéros ?

Et même si le nom de vos amis et parents ou leur numéro n’apparaît pas sur l’afficheur, ils vont vous laisser un message, ce que les télévendeurs ne font à peu près jamais.

Votre médecin, votre banque cachent leur numéro ? Eux aussi vont laisser un message. Votre dentiste ne vous appellera pas cinq fois pour vous fixer un rendez-vous : il n’a pas de temps à perdre.

Conclusion : ignorer systématiquement les appels d’origine inconnue est une stratégie gagnante.

Répondre aux télévendeurs revient à les encourager à appeler, même si vous refusez leurs services. En plus, ces gens vous dérangent et vous font perdre votre temps.

Un autre moyen de défense passive consiste à faire débrancher votre ligne terrestre. Les appels se font moins nombreux sur les téléphones cellulaires… pour l’instant. Mais des listes de numéros d’abonnés de Rogers et autres se vendent régulièrement sur le Web. Ce n’est qu’une question de temps avant que nos appareils personnels soient pris d’assaut. Mais au moins, il est possible de bloquer les numéros, ce qui est déjà ça de pris.

2. Faire pression sur les politiciens

La loi instituant la Liste nationale des numéros de téléphone exclus a été adoptée sous les conservateurs. Le parti de Stephen Harper avait un préjugé favorable envers l’entreprise privé et s’il a fait adopter la loi en question, c’est à la suite des pressions des consommateurs auprès de leur député.

On ne sera pas surpris que la loi comporte toute une série d’échappatoires pour permettre à des partis politiques, entreprises avec qui vous faites affaire, organismes de charité, journaux, maisons de sondage, etc. de vous appeler, même si votre nom est sur la liste d’exclusion.

Ce que peu de gens savent, c’est que vous pouvez demander à votre concessionnaire automobile, à une organisation qui vous appelle de cesser de le faire. D’après la loi elle est tenue de le faire.

J’ai personnellement écrit à mon député fédéral Steven McKinnon ainsi qu’au porte-parole néo-démocrate en matière de consommation Pierre Nantel pour dénoncer le laisser-aller dans le domaine du télémarketing. Ils ne m’ont jamais répondu.

Mais il ne faut pas baisser les bras. Maintenant imaginons ce qui arriverait si tous les députés fédéraux recevaient tous les mois des dizaines de lettres de protestation. Si les électeurs demandaient à les rencontrer à ce sujet. Si des pétitions étaient déposées à leurs portes…

Vous pouvez aussi tenter d’écrire au ministre responsable, même si j’ai des réserves à ce sujet… Mon expérience est la suivante :

1. Le ministre met un temps fou à vous répondre (7 mois pour la ministre Joly, dans un autre dossier). 2. La lettre reçue est en langue de bois. On comprend vos préoccupations, mais il y a ceci et cela… Le gouvernement a à cœur les intérêts des Canadiens, etc. Il ne faut pas se laisser décourager. Les élections fédérales auront lieu cet automne et des candidats viendront frapper à votre porte. Belle occasion pour dénoncer cette coquille vide qu’est la liste des numéros exclus et de demander des engagements clairs au sujet du télémarketing.

3. Utiliser les médias

Il n’est pas facile d’avoir l’attention des médias, car tout le monde les sollicite. Cependant, les journalistes réagissent lorsqu’un sujet devient chaud. À nous d’alimenter le brasier en écrivant des lettres aux journaux, en racontant notre frustration à TVA, au Journal de Montréal, à Radio-Canada, La Presse, Le Devoir, etc.

Personnellement, j’ai fait paraître des lettres dans les journaux pour dénoncer la jungle du télémarketing ; j’ai présenté un dossier de toutes mes démarches à l’émission Enquête et c’est finalement La Facture qui a décidé de traiter la question.

Les journalistes de La Facture exercent un suivi de la question, alors n’hésitez pas à leur communiquer des informations qui enrichiront le dossier. Ils sont aux aguets.

Le télémarketing abusif fait l’objet de l’émission de La Facture du mardi 22 janvier, à 19 h 30. J’y relate mes démêlés avec les télévendeurs, les compagnies de téléphonie qui se foutent de nous, etc. Également à l’émission une dame tout aussi excédée que moi qui piège les télévendeurs.

À ne pas manquer.

Shutdown

Le shutdown est sur toutes les lèvres; les médias s’en gargarisent. Bref, l’expression paraît aussi inévitable que les tempêtes de neige au Canada.

Une brève escapade sur la Grande Toile permet de constater que le mot est présent un peu partout, tant dans la presse canadienne que dans les médias européens francophones.

Un article du Monde a retenu mon attention.

Son titre est éloquent : « Shutdown » oblige, Donald Trump invite la malbouffe à la Maison Blanche. Bien entendu, shutdown revient dans le corps de l’article, qui porte essentiellement sur le festin de bouffe industrielle, grasse et salée, offert par le président à une équipe de football américain qui lui rendait visite.

Ce qui est appelé malbouffe dans le titre devient fast-food dans l’article. Les rédacteurs ont vite repris leurs esprits après un moment d’étourderie… de quoi passer pour un de ces Québécois ou Canadiens fanatiques qui cherchent à tout traduire…

Mais peut-on justement traduire shutdown? Pas si simple, à moins de recourir à une périphrase, comme fermeture du gouvernement, paralysie du gouvernement. En fait, il serait plus précis de parler de la fermeture de l’administration fédérale, puisque le gouvernement au sens général du terme continue de fonctionner, d’une certaine manière.

Un lecteur suggère les traductions suivantes : fermeture de l’État, des agences fédérales, des services publics.

C’est là tout le génie de l’anglais. Prendre un verbe, lui accoler une préposition et former un nouveau mot, mot qui en soi ne veut rien dire au départ, mais prend tout son sens quand on connaît le contexte. Il exprime un concept bien défini. Qui a dit que l’anglais est une langue facile?

Les États américains en français

Faut-il franciser la graphie du nom des États américains? C’est une fausse question. En géographie, TOUT peut être francisé, à la condition de le vouloir. Y compris Oregon et Hawaii. D’ailleurs, bon nombre d’États ont vu leur nom francisé : la Californie, la Caroline du Nord, le Nouveau-Mexique, le Dakota du Sud, la Virginie-Occidentale, entre autres. Sans compter la Louisiane, fondée par les Français et dont la capitale, Bâton-Rouge, s’énonce en français, tout comme la ville principale, La Nouvelle-Orléans.

Dans un article précédent, j’ai déjà évoqué les cas de Détroit et Bâton-Rouge, jadis orthographiés à la française, mais écrit depuis quelques décennies à l’anglaise dans les ouvrages français : Detroit, Baton-Rouge. Une honte.

Un lecteur m’interroge à propos de la graphie d’Oregon et Hawaii. Il aurait pu également aborder les termes suivants : Nebraska, Nevada. Pourquoi ne prennent-ils pas l’accent? Après tout, on en met déjà un à Géorgie – si, si, on l’écrit à la française, voir mon article à ce sujet. La traduction des toponymes américains est entachée d’illogismes de toutes sortes. Par exemple, nous avons le Nouveau-Mexique mais le New Hampshire et le New Jersey; on emploie l’article défini pour le Colorado, mais pas pour les États de Washington et New York. Serait-il illogique de dire le New-York et le Washington ?

Et qu’y aurait-il de mal à dire le Nouveau-Hampshire et le Nouveau-Jersey ?

À propos de la Grosse Pomme, n’oublions pas qu’elle s’appelait jadis la Nouvelle-Amsterdam, parce que fondée par les Néerlandais. La vente du territoire aux colons états-uniens a entraîné un changement de nom : New York, jadis orthographiée avec le trait d’union : New-York.

Ne serait-il pas plus logique de franciser la graphie de tous les toponymes d’États américains? Je pense que oui. Ces graphies seraient-elles inusitées? Sûrement pas. En effet, le Petit Larousse a entrepris il y a quelques années de franciser l’orthographe de certains pays pour la rendre plus conforme à la logique de notre langue. Sont apparus : Nigéria, Libéria, Vénézuéla, Guatémala, qui allaient dans le même sens que Monténégro, francisé depuis belle lurette.

Dans le même esprit, on pourrait écrire Nébraska, Névada, Orégon, Hawaï. (et non Hawaii). Et, quant à y être, le Nouveau-Jersey, le Nouveau-Hampshire. De fait, la plupart des lecteurs n’y verraient que du feu.

Autrice

Auteur ou bien autrice ? Il est curieux que l’on ait à se poser pareille question en 2019. Et bien décevant que tellement de francophones s’opposent farouchement à toute féminisation des titres. Pourtant, autrice a déjà fait partie du corpus de notre langue, en tant que forme féminine, normale, acceptée d’auteur.

Toutefois, l’Académie française a éradiqué des titres féminins, comme médecine, autrice, inventrices ou philosophesse… Les formes masculines médecin, auteur, inventeur ou philosophe étant jugées bien suffisantes.

De nos jours, ces ratures masculinistes sont considérées comme inacceptables.

Comme le fait observer Éliane Viennot, autrice de Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin : « Ils ne se sont pas attaqués aux basses fonctions ou aux fonctions traditionnellement féminines. » Autrement dit, on conserve cuisinière, servante…

Heureusement, les choses changent.

La Banque de dépannage linguistique nous signale ce qui suit : « En France et en Belgique, on emploie la forme épicène une auteur,et en Suisse, autrice. »

Le Grand Dictionnaire terminologique donne autrice comme forme féminine d’auteur. Le Trésor de la langue française, quant à lui, mentionne aussi autrice comme une résurgence isolée qu’il met sur le même pied que authoresse et auteuresse, bref deux curiosités à ranger au rayon des antiquités.

Chose intéressante, le quotidien belge Le Soir penche pour autrice :

Auteure est sans doute bien plus simple et entre dans la lignée des procureure, ingénieure, etc. Mais le mot a le grand défaut de n’être pas intelligible à l’oral. Et c’est peut-être pour cela qu’il est préféré par une majorité d’hommes.

Bien sûr, autrice semblera inusité, saugrenu aux oreilles de certains. Mais alors que dire d’actrice, rédactrice ? Faut-il les radier aussi ? D’ailleurs, Le Soir fait observer qu’autrice était employé dès le XVe siècle.

Fort bien. D’ailleurs, une écrivaine d’ici, Sophie Bienvenu, se qualifie d’autrice. Amusant de noter qu’elle est d’origine belge…