Troisième d’une série sur le sport en français.
Le baseball est une énigme enveloppée dans un mystère, pour paraphraser Churchill. Ce sport nord-américain est un descendant du cricket, la différence étant que les parties ne durent pas deux jours, mais quelques heures.
Dans les articles précédents, nous avons vu qu’il est possible de traduire le vocabulaire des sports anglo-saxons. Les Québécois l’ont fait avec brio.
Le terrain
Le terrain est défini par deux lignes à quatre-vingt dix degré. Le champ intérieur a la forme d’un losange composé de trois buts appelés bases en anglais. Le frappeur, appelé batteur en Europe, tente de frapper la balle que lui envoie un lanceur. Le frappeur tente d’y parvenir au moyen d’un bâton, appelé batte en Europe. Le lanceur envoie la balle au-dessus d’une plaque, appelée marbre.
Le champ extérieur est patrouillé par trois voltigeurs, traduction habile d’outfielder. Le champ extérieur est délimité par une clôture, voire une barricade, généralement élevée.
Derrière cette clôture se trouve l’enclos de pratique (bullpen) où se trouvent les lanceurs de relève (relief pitchers).
Le jeu
Si le frappeur tente de frapper la balle, mais échoue, il écope d’une prise (strike). Toutefois, un lancer qui est hors cible est une balle. Une balle frappée hors des limites du jeu est une fausse balle (foulball).
Le frappeur qui subit trois prises est retiré. C’est un retrait au bâton (strikeout). Lorsque le lanceur lance quatre balles à l’extérieur de la zone des prises, le frappeur reçoit un but sur balles (base on balls, walk).
L’équipe en défensive envoie neuf joueurs sur le terrain. En plus du lanceur, le receveur, le premier but, le deuxième but et le troisième but tentent de capter toute balle frappée au champ intérieur, que ce soit au sol ou dans les airs. Le joueur d’arrêt-court complète la brigade défensive. Cette appellation est un calque intégral de l’anglais short stop. Il s’agit en fait d’un intercepteur et c’est pourquoi on l’appelle parfois l’inter.
Lorsqu’un frappeur réussit à frapper la balle, il court vers le premier but. Si elle tombe au sol et qu’il atteint le but avant le tir d’un joueur en défensive, il est l’auteur d’un coup sûr (basehit). Si le joueur peut courir jusqu’au deuxième but, c’est un double, et vers le troisième but, c’est un triple. Si la balle sort des limites du terrain, au champ extérieur, c’est un coup de circuit (homerun). Si trois joueurs se trouvaient sur les buts, c’est un grand chelem (grand slam), emprunté au vocabulaire du tennis.
Le joueur qui parvient à toucher le marbre, après avoir franchi les trois buts précédents marque un point.
Tout joueur frappant la balle mais qui n’atteint pas le premier but avant le tir d’un joueur en défensive est retiré (out). Il est également retiré si un joueur en défensive capte une balle frappée avant qu’elle ne touche le sol.
L’équipe à l’attaque va au bâton tant et aussi longtemps que trois de ses joueurs n’ont pas été retirés. Les deux équipes frappent à tour de rôle. Chaque tour de batte (comme on dit en Europe) est appelé manche (inning) en Amérique du Nord. Un match de baseball comporte neuf manches.
Vocabulaire spécialisé
Le baseball est un sport truffé d’américanismes, évidemment. Sans volonté de traduction, il deviendrait un sabir incompréhensible… comme dans les films européens.
Quelques termes méritent qu’on s’y attarde.
Shoe string catch : se dit lorsqu’un joueur en défensive attrape une balle au niveau des lacets de chaussure, d’où l’expression anglaise. En français : vol au sol.
South paw : désigne un lanceur gaucher. Son bras était souvent du côté du soleil dans les anciens stades, d’où le terme énigmatique et pittoresque de « patte au sud » en anglais. Dans notre langue : lanceur gaucher tout simplement.
Fly ball : balle frappée dans les airs. En français : ballon.
Ground ball : balle frappée au sol. En français : roulant.
Pop fly : balle frappée à une faible hauteur. En français : chandelle.
Infield fly : jeu appelé pour empêcher un joueur en défensive d’échapper la balle pour provoquer plusieurs retraits. En français : retrait automatique.
Wild pitch : balle lancée hors cible par le lanceur. En français : mauvais lancer.
Passed ball : balle que laisse passer le receveur et qui roule au fond du terrain. En français : balle passée.
Double play : lorsque deux joueurs sont retirés coup sur coup. En français : double retrait.
Triple play : lorsque trois joueurs sont retirés coup sur coup, mettant fin à la manche. En français : triple jeu.
La traduction d’un tel vocabulaire n’allait pas de soi. Des efforts considérables ont été investis pour mettre à profit le génie du français.
À présent, on ne peut qu’espérer que les films et les livres américains traitant du baseball seront enfin traduits correctement en Europe. Que des anglicismes comme strike et home-run disparaîtront enfin des textes. Et souhaitons que les traducteurs qui ne comprennent rien au jeu cesseront d’écrire n’importe quoi en faisant semblant de s’y connaître, à un point tel que le français est un charabia aussi ridicule qu’incompréhensible.
La solution est simple, traducteurs européens, marchez sur votre orgueil et consultez un francophone québécois ou canadien. Humiliant, certes, mais nécessaire.
Articles précédents :
Le golf en français
Le tennis en français