Peu importe où vous cherchez, que ce soit dans les grands dictionnaires ou les encyclopédies, ou bien sur des cartes préparées par des professionnels, vous lirez toujours golfe du Mexique. Pas moyen d’en sortir.
Alors, le président américain a-t-il le droit de changer le nom pour golfe de l’Amérique? Oui et non. À ce que je sache, il n’y a pas d’organisation internationale qui régit les toponymes et les exonymes, autre que les Nations unies. Et encore, son influence est limitée. Par le passé, la France a par exemple suggéré d’écrire Changhaï, mais c’est la graphie Shanghai qui s’est imposée. Imposée par qui? Par l’usage.
Exonymes
Un exonyme est : « … un nom géographique utilisée dans une langue donnée pour désigner un détail géographique situé hors de la région dans laquelle cette langue est la langue officielle. » – Source : les Nations unies
Quelques exemples : Le Cap est un exonyme pour Cape Town; Séville est le nom français de Sevilla en Espagne, nom qui se décline Seviglia en italien.
Il va sans dire que les noms officiels de ces entités demeurent ceux exprimés dans la langue du pays. Toutefois, rien n’empêche les francophones d’utiliser Le Cap dans leurs textes.
Le Groupe d’experts des Nations unis s’efforce de réduire le nombre d’exonymes sur la planète. Heureusement ou malheureusement, ses efforts ne donnent pas les résultats souhaités, car l’usage est fixé dans la plupart des cas. Les exonymes sont souvent bien commodes, comme dans le cas de Bois-le-Duc, qui, en néerlandais, se dit ‘sHertogenbosch…
Golfe du Mexique
L’appellation de cette étendue d’eau est le fruit d’une convention qui date d’au moins deux siècles, sinon plus. Elle fait l’objet d’un consensus, qui vient d’être rompu par le fou furieux de la Maison-Blanche.
Rien n’empêche Trump de le rebaptiser golfe de l’Amérique, mais la communauté internationale n’est pas obligée de le suivre. Pas du tout. C’est pourquoi il faut continuer de parler du golfe du Mexique.
Endonymes
Les États ont évidemment toute latitude pour nommer les villes, régions, cours d’eau situés à l’intérieur de leur frontière. Ainsi, le président américain pourrait très bien rebaptiser New York… Trumpville. La communauté internationale éclaterait de rire, certes, mais ne pourrait rien faire. Cependant, les francophones, hispanophones et autres pourraient conserver l’appellation qu’ils utilisent habituellement, comme New York en français, et Nueva York en espagnol.
Conclusion
On ne peut que souhaiter que la communauté internationale se tiendra debout et conservera le golfe du Mexique. Le golfe de l’Amérique sera réservé aux Américains et ce sera bien assez ainsi.
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Les noms géographiques de régions internationales sont toujours arbitraires. Lisez mon article à ce sujet.