Archives de catégorie : Politique

Guerre en Irak

On reparle encore parfois de la guerre en Irak lancée en 2003 par le président Bush. Cette dénomination est largement acceptée, mais elle comporte deux failles importantes.

Tout d’abord, la question que personne ne se pose : pourquoi la guerre EN Irak? Dans la même région, il y a eu la guerre du Golfe; plus tôt dans l’histoire la guerre d’Algérie, et encore plus loin dans le temps la guerre du Péloponnèse.

Il serait plus exact de dire la guerre d’Irak.

Irak et Iraq

L’un des articles les plus lus de mon blogue porte sur la double graphie de cet État dont le territoire correspond en partie à l’ancienne Mésopotamie.

La graphie la plus répandue est Irak, mais, pourtant, les Nations unies et le Larousse donnent Iraq. La raison étant que cette orthographe est une transposition du nom arabe, la lettre q symbolisant une consonne inexistante en français, qui ressemble à un raclement dans le haut de la gorge. On observe la même transposition dans d’autres toponymes arabes, comme le Qatar.

Par conséquent il serait plus juste d’écrire la guerre d’Iraq.

Américanismes

La présidence grotesque aux États-Unis attire sans cesse l’attention comme un mauvais téléroman. Au point où même les plus intéressés sentent un écœurement massif les gagner peu à peu.

Cette fixation sur le voisin états-unien n’est pas nouvelle. La puissance et le rayonnement des États-Unis ont eu une influence majeure sur le vocabulaire français.

Américanismes passés dans l’usage

On parle souvent de l’administration américaine, ce qui est un calque de l’anglais. Le mot « gouvernement » conviendrait mieux. L’administration, c’est l’ensemble des services administratifs d’un État, mais pas le gouvernement lui-même.

La preuve étant qu’on ne parle pas de l’administration Macron en France pas plus que l’on évoquait jadis l’administration Merkel en Allemagne.

Le terme convention pour désigner le congrès d’un parti pour choisir le candidat à la présidence est également un américanisme.

Comment ne pas parler de ce détournement de sens qu’est le mot « Amérique » employé au sens d’États-Unis? Cet américanisme abusif est passé dans l’usage depuis longtemps, hélas. Il date de la naissance de la République états-unienne. Il s’agit d’un diminutif de United States of America, devenue America en anglais et Amérique en français. Pensons à de Tocqueville et à sa Démocratie en Amérique.

Toutefois, rien ne nous oblige à l’employer. Appelons le pays trumpien par son vrai nom : les États-Unis d’Amérique. À moins que le président ne signe un décret ordonnant aux francophones de dire Amérique… Tout est possible à Washington ces temps-ci. L’indice boursier des marqueurs monte en flèche…

À propos des Amériques, lisez mon article.

Faux amis

Les faux amis sont un fléau au Canada français. La proximité avec l’anglophonie canado-américaine pèse lourd et il n’est pas rare que des mots français employés au sens anglais se glissent un peu partout, particulièrement dans les médias.

Le président Trump mène une politique de rétribution. En fait, il s’agit de représailles, rétribution ayant le sens de ce que l’on gagne par le travail ou la prestation de services.

L’envahissant inauguration, qui finit toujours par se glisser dans les reportages au Canada français, malgré les efforts incessants que je fais à tous les quatre ans pour prévenir les journalistes vedettes. En français, on n’inaugure pas un président, on l’assermente. Gardez les inaugurations pour les bâtiments, une école, par exemple.

Le président se voit confier un mandat de quatre ans, renouvelable une seule fois. Il ne s’agit pas d’un terme, anglicisme pernicieux.

Une des failles de la Constitution états-unienne est qu’il n’existe aucune limite au nombre de décrets que le président peut prendre. On voit ce que ça donne.

En anglais, on parle d’executive orders, parfois traduit servilement par décrets exécutif. À éviter.

Et comment ne pas parler des fameux tarifs? Ce sont plutôt des droits de douane.

États-Uniens

Devant la folle guerre tarifaire lancée par la Maison-Blanche, certains commentateurs ont commencé à utiliser l’expression états-uniens, pour éviter l’américanisme américain. Certains s’interrogent sur la justesse de ce néologisme, qui existe depuis environ 70 ans. Lisez mon article à ce sujet et soulagez votre conscience.

États-Unien

Le président des États-Unis veut rebaptiser le golfe du Mexique, ce qui suscite la controverse. Ce n’est malheureusement pas la première fois que les États-Uniens pratiquent l’usurpation toponymique.

Le détournement du mot America est un cas flagrant. Au départ, il s’agissait d’un raccourci pour United States of America, mais le toponyme désignant un continent est rapidement devenu le nom officieux des États-Unis. Au point où le mot America a cessé d’être associé au continent, d’où l’apparition du néologisme the Americas, les Amériques en français.

Les hispanophones se sont insurgés et désignent les habitants des States sous le vocable de los Estadosunidenses. Le français a adopté États-Uniens.

États-Uniens est-il correct?

Beaucoup se posent cette question et craignent de commettre une erreur en employant cette expression. Eh bien ils se trompent.

D’entrée de jeu, on peut dire que le terme Américain est une impropriété. Est américain ce qui est relatif au continent américain. Mais il y a l’usage…

Il est évident qu’Amérique et Américain se sont imposés dans l’usage français, que l’on aime cela ou pas. Mais la présidence démentielle de nos voisins du sud devient un puissant incitatif à chercher d’autres mots.

Petite surprise pour les objecteurs : États-Uniens est parfaitement français.

L’expression États-Uniens, ou Étasuniens ou Étazuniens, est apparue en français en 1955, si l’on se fie au Petit Robert. Contrairement à ce que l’on peut croire, états-unien, employé comme gentilé ou comme adjectif, n’a rien de saugrenu ou de péjoratif, bien au contraire. On peut le voir régulièrement dans certains médias, dont Le Devoir, dans lequel il remplace avantageusement américain.

Il ne faut donc pas hésiter à l’employer.

Au fond, on remplace une impropriété par un néologisme pas si nouveau que cela. En outre, États-Uniens suit parfaitement la logique de notre langue. Ajoutons donc États-Uniens à notre arsenal anti-Trump. C’est bon pour le moral.

Renverser Trump

Une présidence sans bon sens

La présidence américaine actuelle ressemble beaucoup à ce qu’on voyait dans le film Vol au-dessus d’un nid de coucous. Sauf qu’il n’y a pas d’infirmière à poigne capable de remettre de l’ordre dans la cabane.

Le comportement erratique, pour rester poli, du locataire de la Maison-Blanche, suscite l’émoi partout dans le monde. Trump ne comprend pas les mécanismes du commerce international et il a lancé son pays dans une guerre commerciale tous azimuts, provoquant une chute des marchés et possiblement une récession.

Cette présidence démentielle ne peut durer éternellement. Le silence assourdissant des élites, des anciens présidents, du Congrès et de la population ne peut durer éternellement. La marmite va finir par sauter, d’une manière ou d’une autre.

Exception notable : le sénateur Bernie Sanders qui dénonce l’oligarchie en place et parle des Trumpsters et des Muskateers.

La question que tout le monde se pose : le président Trump peut-il être renversé en respectant les mécanismes constitutionnels?

La réponse sans nuances est un retentissant NON.

Un régime présidentiel

Les États-Unis ne sont pas une démocratie parlementaire comme le Canada, mais un régime présidentiel. Les Canadiens évoluent dans un système britannique basé sur le Parlement de Westminster. Dans une démocratie parlementaire, les membres du gouvernement doivent être issus du Parlement. En théorie, les députés peuvent retirer leur confiance au gouvernement en place en votant la censure. Le gouvernement doit alors démissionner, ce qui peut mener à de nouvelles élections.

Cela signifie que c’est principalement la Chambre des communes qui mène le jeu.

Nos voisins du sud ne suivent pas du tout la même logique.

Le président est élu au suffrage universel par la population, contrairement à notre premier ministre. Il est en poste quatre ans et ne peut être élu plus de deux fois. C’est inscrit dans la Constitution.

Les États-Unis vivent sous le régime de la séparation des pouvoirs. Le président forme un cabinet et gouverne. Le congrès vote les lois et le budget, tandis que les tribunaux surveillent la légalité des lois.

En aucun cas, le Congrès n’est-il habilité à renverser le gouvernement. Il n’a pas ce pouvoir, point à la ligne. Il dispose quand même de pouvoirs étendus, peut convoquer des ministres pour les interroger, lancer des enquêtes, bloquer les crédits budgétaires, etc.

Le Congrès n’a aucun moyen de censurer le gouvernement et de provoquer de nouvelles élections à la présidence. Il doit se contenter de surveiller l’action du gouvernement, mais dans certaines limites.

De son côté, le président ne peut dissoudre le Congrès, ni provoquer des élections anticipées. Il doit composer avec le Congrès qui est élu avec lui. Seules des élections de mi-mandat, aux deux ans, peuvent changer le paysage politique états-unien. La totalité de la Chambre des représentants est réélue et un tiers du Sénat.

Ces élections auront lieu en novembre 2026, une éternité dans le contexte actuel. Elles sont loin d’être une panacée. Habituellement, les États-Uniens manifestent leur grogne devant l’administration en place en élisant des députés de l’opposition. Le président peut même perdre sa majorité au Sénat et à la Chambre des représentants. Toutefois, je le rappelle, nous sommes en régime présidentiel et non en démocratie parlementaire. On ne peut censurer le président. Mais celui-ci aura plus de mal à faire passer les projets de loi qu’il propose au Congrès.

À la lumière de la tragédie démocratique qui se déroule au sud de notre frontière, ces entraves législatives paraissent dérisoires.

En clair, le président est en poste pour quatre ans. S’il meurt ou devient incapable d’exercer ses fonctions, le vice-président le remplace. Cela signifie que l’administration en place ne peut être dégommée. Nos voisins ont élu un républicain à la présidence, eh bien celle-ci sera républicaine pour les quatre prochaines années.

Le régime constitutionnel états-unien ne permet pas de renverser Donald Trump.

Une Constitution respectée

L’architecture constitutionnelle états-unienne est réglée comme une horloge. Les États-Unis vivent dans une démocratie présidentielle depuis plus de 200 ans. Les présidents passés se sont toujours assurés de respecter l’esprit et la lettre du texte de 1787, année où les États-Unis modernes ont été fondés.

Le président Washington ne voulait pas devenir un tyran; il a gouverné avec beaucoup de circonspection; il a fallu lui forcer la main pour qu’il se représente à la présidence.

Le président Franklin Roosevelt s’est impatienté de voir la Cour suprême entraver en partie son New Deal, et projetait d’élargir le tribunal à 15 membres pour le mettre en échec. Il n’a jamais osé le faire.

Le président Nixon a perdu de justesse l’élection présidentielle de 1960. Le père de John Kennedy a demandé à la mafia d’aider son fils à se faire élire. On ne saura jamais si cet apport a été décisif ou non. Toujours est-il que Nixon n’a jamais protesté en disant que c’est lui qui avait gagné et que l’élection était truquée.

Pendant le scandale du Watergate, le même Nixon s’est plié à un ordre de la cour et a remis les fameux enregistrements de ses conversations à la Maison-Blanche.

Trump n’aurait jamais fait cela. Ceux qui doutent de la réalité de son projet autocratique devraient se rappeler de ses paroles : « Je vais mettre fin à la Constitution. »

La Constitution états-unienne fonctionne tant et aussi longtemps que tout le monde joue le jeu. Mais qu’arrivera-t-il si l’administration états-unienne remet en question les jugements de tribunaux, comme elle semble vouloir le faire dans certains cas? La Cour suprême n’a aucun pouvoir coercitif pour forcer le gouvernement à obéir à ses ordres. Comme disait Staline, le pape, combien de divisions?

Plus inquiétant encore, le président s’est lancé dans une guerre sans merci contre les juges qui s’opposent à lui, les traitant de tous les noms. Il veut exercer des représailles contre les juristes qui ont enquêté sur lui dans le passé. On n’a jamais vu cela avant.

Le président Trump coche toutes les cases d’un partisan de l’autocratie : non-respect des institutions, insultes contre ses adversaires, appels à la violence, tentative ratée de coup d’État, etc.

Nos voisins sont à la croisée de chemins.

Destituer Trump?

La seule façon d’empêcher Donald Trump de continuer à gouverner est de le destituer. L’ennui étant qu’il a déjà été mis en accusation deux fois et que la procédure a échoué, même en 2021 après qu’il a incité ses partisans à prendre d’assaut le Capitole pour empêcher le Sénat de certifier l’élection de Joe Biden. Le président sortant voulait renverser le résultat des élections présidentielles, rien de moins.

La procédure de destitution, appelée impeachment en anglais, est précisée dans la Constitution. La Chambre des représentants vote un Bill of Impeachment, qui est un acte d’accusation contre le président, le vice-président ou un ministre.

Est passible de destitution tout dirigeant qui commet un crime très grave (high crime) ou un délit (misdemeanor). Le problème étant que ces deux termes ne sont pas définis dans le texte constitutionnel…

Cet acte d’accusation est ensuite transmis au Sénat. Les sénateurs se transforment en procureurs et peuvent interroger l’accusé, comme dans une cour de justice. Ultimement, les sénateurs peuvent destituer le président si l’un des chefs d’accusation est retenu à la majorité des deux tiers.

Cette démarche est entachée d’une certaine naïveté. Il faut dire qu’elle a été élaborée lors de la révision constitutionnelle de 1787. À cette époque, les partis politiques n’existaient pas et la vie politique était très différente d’aujourd’hui. On imaginait mal l’avènement d’organisations structurées et idéologiques que sont les formations politiques actuelles. Les constituants s’imaginaient que les sénateurs sauraient s’affranchir de toute partisanerie et jugeraient l’accusé en toute objectivité. Ce n’est évidemment pas le cas.

La destitution est une procédure exceptionnelle qui n’est pas destinée à devenir un outil politique pour censurer un adversaire politique. Mais elle comporte une faille majeure : elle ne fonctionne pas.

Aucun président n’a été destitué en plus de 200 ans. Andrew Johnson, le président qui a succédé à Abraham Lincoln en 1865, a passé à un vote près de perdre son poste. Et non, Nixon n’a jamais été destitué : il a démissionné avant que la Chambre des représentants n’adopte un projet de loi visant la destitution. Clinton a été innocenté pour parjure et entrave à la justice, même si une majorité des sénateurs l’en a en reconnu coupable, mais pas à la majorité des deux tiers. Trump est le seul président à avoir été visé deux fois par la procédure.

Pourrait-on essayer une troisième fois? Bien sûr que oui, et les motifs ne manquent pas.

Dans un pays normal, Donald Trump aurait déjà été arrêté pour haute trahison, en raison de sa complicité avec la Russie. Des médias sérieux, comme la revue française Le Point, détaillent son association de longue date avec les autorités russes.

L’ennui, c’est que les démocrates sont minoritaires dans les deux chambres du Congrès. Il devient donc impossible d’entamer la procédure. À moins d’un miracle.

Et même si on y parvenait et que le locataire de la Maison-Blanche était évincé, qui le remplacerait? Je vous le donne en mille : le cerveau de l’Ohio, le vice-président J.D. Vance, qui partage les idées de Trump. N’oubliez pas de dire merci s’il devient président.

Alors quoi? Destituer Vance à son tour? Destituer tout le gouvernement états-unien? On rêve. En cas de blocage complet, c’est le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson, qui serait nommé président des États-Unis. Johnson a été désigné par la frange la plus fanatique des trumpistes qui hantent la Chambre des représentants… C’est mieux?

L’éventuel président Johnson nommerait à son tour un cabinet qui pourrait étrangement ressembler à celui de Trump… Le cauchemar se poursuivrait.

La suite des choses dans le monde à l’envers

La classe politique est pétrifiée, le peuple états-unien semble indifférent à ce qui se passe… pour l’instant. Une vérité s’impose : les moyens prévus par la Constitution états-unienne ne sont pas suffisants pour neutraliser Donald Trump, surtout si celui-ci entre en guerre contre le système de justice et ne respecte plus les ordres des tribunaux.

C’est le monde à l’envers et il est impossible de prédire la suite des choses.

Malheureusement, l’impasse constitutionnelle actuelle pourrait inciter certaines personnes à utiliser d’autres moyens pour nous débarrasser du fou furieux de la Maison-Blanche. Cela pourrait mener à une guerre civile.

Le Canada américain

Le Canada étant menacé d’annexion par les États-Unis, je fais une petite pause linguistique pour vous alerter de la situation alarmante que vit notre pays.

Le Canada menacé par un président délirant et dangereux

Le Canada vit actuellement une crise existentielle majeure et personne à l’étranger n’en parle. Le Canada, jadis un État très respecté, a perdu son lustre depuis le début des années 2000. La presse étrangère ne s’y intéresse pas, sauf lorsqu’il y a des élections, et encore.

Le président Trump a insulté copieusement l’ancien premier ministre Trudeau en l’appelant « gouverneur » et en clamant sa volonté d’annexer le Canada pour en faire le cinquante-et-unième État. L’onde de choc ici est immense et même les partisans de l’indépendance du Québec se rallient aux Canadiens anglais, qui sont totalement furieux.

Que diraient les Français si le chancelier de l’Allemagne appelait Macron le ministre-président du Land de Frankreich?

Aux États-Unis, il va sans dire, on est inconscient de cette commotion. Sauf pour le cas d’une minorité, ce peuple est d’une insondable ignorance en ce qui a trait aux réalités étrangères. Ce pays-continent se suffit à lui-même par son territoire, sa culture qui a envahi la planète, pour le meilleur, mais surtout pour le pire. Ses habitants ne connaissent rien de ce qui n’est pas américain; ils n’apprennent pas de langue étrangère et s’imaginent ne rien avoir à apprendre des autres peuples. Des peuples dont la qualité de vie est souvent bien supérieure à la leur.

Le Canada est le parfait contre-exemple des États-Unis. Voilà une société humaine, compatissante, sans armes à feu et avec des hôpitaux gratuits; nos voisins l’ignorent complètement. C’est cette société que Trump veut conquérir.

Annexer le Canada

Le peuple états-unien commence à peine à mesurer les torts immenses que son président dément est en train d’infliger à son pays et de la commotion qu’il inflige à son voisin pacifique. Lors d’une entrevue donnée au réseau CNN, l’animatrice était bouche bée d’entendre la ministre des Affaires étrangères canadienne, Mélanie Joly, expliquer à quel point les Canadiens sont outrés par les délires du fou furieux de la Maison-Blanche. Et pourtant, l’intervieweuse était une journaliste chevronnée, et elle semblait ignorer tout du Canada, le pays voisin, un ami fidèle des USA. Aux États-Unis, même les élites sont d’une ignorance stupéfiante.

Bien sûr, on pourrait penser que cette idée d’annexer le Canada est une autre lubie du président américain, visiblement en train de perdre la raison. Il va peut-être changer d’idée, mais peut-être pas. Et la question se pose : qui va l’arrêter s’il décide d’envoyer ses troupes au Canada? Les chiffes molles du Congrès américain prêtes à avaler toutes les couleuvres? Son entourage composé de tarés et de sinistres incompétents? Le caniche J.D Vance, ignorant comme une poignée de porte, qui a jappé après Zelensky? En tout cas, les boys n’ont rien à craindre de l’armée canadienne, sous-dotée et sous-financée.

Les États-Unis poutiniens

Pour le premier ministre démissionnaire Justin Trudeau, Trump est vraiment sérieux : il veut mettre la main sur les métaux rares et surtout les immenses réserves d’eau du Canada. Il cherche à affaiblir le Canada en imposant des droits de douane absurdes qui nuisent aussi à l’économie de nos voisins du sud.

Pire encore, la Maison-Blanche suit le patron de jeu de Vladimir Poutine : elle remet en question les frontières entre les deux pays; le président soutient que le Canada et le Mexique sont un axe du mal complice des barons de la drogue, un grossier mensonge. Mais quand on en est rendu à dire que l’Ukraine est responsable de la guerre avec la Russie, plus rien ne devrait nous surprendre.

Les mensonges du Kremlin sont devenus ceux des États-Unis. Pour paraphraser Stephen King, les fous ont pris le contrôle de l’asile. Et pendant ce temps, le Canada est devenu l’Ukraine de l’Amérique.

Un peuple aliéné

Il est temps qu’on en revienne de ces sophismes souvent entendus : Trump ne représente pas vraiment le peuple états-unien, ils sont gentils et nous aiment bien. La moitié des Américains ont voté démocrate…

Je m’excuse, mais la majorité des États-uniens sont bornés et très mal informés. Pensez au dossier des armes à feu… des enfants se font tuer à coups d’armes semi-automatiques dans les écoles, et ce depuis des décennies. Et que font les parlementaires? Rien. Pour eux, le Deuxième Amendement sur les armes à feu est un commandement biblique…

Et qui vote pour ces parlementaires? Le peuple américain.

C’est en toute connaissance de cause que les États-uniens ont réélu Donald Trump, malgré tout ce que l’on sait de lui. Filou, menteur compulsif, criminel, prédateur sexuel, pas grave, il va arranger l’économie, c’est ce qui compte. Le prix des œufs va enfin baisser, c’était intolérable.

Le fait que leur président soit compromis avec la Russie depuis 2007, qu’il épouse le discours de Poutine, les laisse indifférents. Fake news. C’est où déjà l’Ukraine? En Afrique ont répondu certains (voir YouTube).

Un début de réaction

La solution ne peut venir que du peuple américain, encore bien enfoncé dans le brouillard. Tant qu’il ne sera pas dérangé dans ses habitudes, il ne bronchera pas. Mais on entend des craquements inquiétants pour les républicains. Le vice-président Vance a été conspué alors qu’il allait skier au Vermont. Des responsables républicains commencent à dire à des membres du Congrès de ne pas se présenter à des assemblées publiques, parce qu’ils commencent à se faire prendre à partie par des gens en colère. Pourquoi est-ce que les prix montent? Pourquoi tel service de l’État n’existe plus? Pourquoi mon entreprise a-t-elle perdu sa subvention? Pourquoi mon frère a-t-il perdu son emploi? Etc.

Des bornes de recharge Tesla, propriété d’Elon « Sieg Heil » Musk ont été incendiées. Les propriétaires de Tesla se font insulter dans la rue. Et pour cause, personne n’avait vu venir l’ange des ténèbres Musk qui saccage en toute impunité les services publics, sans rendre de compte au Congrès. Au fait, il a fait quoi le Congrès ces derniers temps?

Autre signe, ceux qui ont perdu leur emploi à cause de la purge ouverte menée contre la fonction publique états-unienne commencent à déchanter; beaucoup avaient voté pour Trump, persuadés que leur situation économique s’améliorerait.

Ce ne sont que les premiers soubresauts, mais ce n’est pas suffisant, il faudra attendre une dégradation marquée des services publics, l’inévitable inflation qu’entrainera la guerre tarifaire, la hausse du chômage, etc. Et surtout la hausse de 9000 dollars du prix des VUS – comment les rednecks du Kentucky et du Texas vont-ils réagir? Là ça pourrait brasser. Ces gens sont armés…

La suite?

D’autres acteurs commencent à donner leur pleine mesure, notamment les milieux financiers éberlués par les volte-face de Trump. Les marchés n’aiment pas l’incertitude. Il y a aussi la presse éclairée, comme CNN, le New York Times, l’excellente revue The Atlantic qui dénoncent vertement ce qui se passe à Washington. Et tous ces Américains épris de démocratie qui assistent à la destruction de celle-ci. J’attends avec impatience une prise de parole solennelle des anciens présidents Bush, Clinton et Obama pour dénoncer le régime autocratique qui s’est installé à la Maison-Blanche. Ils ont intérêt à se réveiller vite.

Mais comment faire des prédictions alors que nous vivons une dystopie stupéfiante? Entretemps, le Canada est toujours l’Ukraine de l’Amérique. Je remercie Dieu à chaque jour de ne pas être un Américain, mais je me demande si mes prières suffiront.

Gracier

Gracier, c’est faire grâce à quelqu’un, nous dit le Petit Robert. La grâce est un pardon, une remise de peine, poursuit le dictionnaire.

Dès son retour au pouvoir, le président américain s’est empressé de gracier les émeutiers qui, le 6 janvier 2021, ont tenté d’empêcher la certification par le Sénat de l’élection de Joe Biden. Ce que l’on appelle en langage clair une tentative de coup d’État.

Il n’est pas tout à fait exact de dire que le fou furieux de Washington a pardonné les insurgés. Il s’agit ici d’un calque de l’anglais. En français, on parler de gracier un condamné.

Pardonner

Bien entendu, le verbe pardonner a pour sens de renoncer à punir quelqu’un. Son emploi pour désigner la grâce accordée par Trump aux criminels du 6 janvier n’est pas entièrement dénuée de sens.

C’est pourquoi on peut à demi pardonner les journalistes qui ont utilisé le verbe pardonner, sans toutefois leur donner un pardon total.

Mais, comme on dit, faute avouée à demi pardonnée. Encore faudrait-il qu’il y ait aveu…

Contre-tarif

La guerre commerciale lancée par le cinglé de la Maison-Blanche nous a donné ce farfadet malicieux : tarif (douanier). Tel le monstre du docteur Frankenstein, ses créateurs en ont perdu le contrôle. Il est maintenant dans tous les bouches, quasiment impossible à éradiquer.

Ce n’est pas faute d’avoir essayé. Je connais deux vaillantes traductrices qui ont tenté en vain de corriger certains médias. Elles ont péri comme Jeanne d’Arc. Le raisonnement des scribes est limpide, à défaut d’être exact : si c’est tariff en anglais c’est sûrement tarif en français.

N’importe qui peut être traducteur.

Nos scribes auraient intérêt à lire la presse étrangère; ils finiraient (peut-être) par se poser des questions. En effet, comment se fait-il que les journaux européens relatant la guerre commerciale lancée par Trump contre le Canada et le Mexique… ne parlent pas du tout de tarifs?

Curieusement, il est question de droits de douane, même quand le Canada réplique au président Trump.

Contre-tarifs

La dernière création des médias canadiens est apparemment solide, mais elle s’appuie sur une faute de langue qu’ils ne veulent pas voir. Dans les textes européens, on ne parle pas de contre-tarifs, mais de droits de douane, cette fois-ci imposés par le Canada.

On pourrait parler de droits imposés en représailles. Et pourquoi ne pas y aller d’une formule plus courte comme : réponse, réplique, réponse tarifaire, mesures de rétorsion, comme l’écrivent certains médias européens.

Tout cela est bien beau, mais encore faut-il qu’il y ait une volonté de se corriger. Or il est très clair qu’elle n’existe pas.

Déportation

Le président réélu Donald Trump nourrit le projet de déporter des millions d’immigrants illégaux et ses sbires ont déjà mené des rafles dans certaines villes étasuniennes.

Nos médias canadiens francophones ont donc repris le terme anglais deportation pour le transposer dans notre langue, sans se poser plus de question, fidèles à leur habitude. L’ennui, c’est que l’anglais a un sens légèrement différent.

En fait, le gouvernement Trump expulse des immigrants sans papiers qui travaillent dans la restauration et cueillent les oranges de Floride. En anglais, deport a ce sens adouci, si on peut dire, par rapport au français.

Les termes déporter et déportation sont des faux amis parfaits. On les voit et on les entend partout et le piège qu’ils recèlent passe le plus souvent inaperçu. À peu près tout le monde l’ignore, mais il y a une énorme différence entre déporter quelqu’un en français et faire la même chose en anglais.

Déporter en français

En fait, que signifie déporter? Voyons le Robert : « 1. Infliger la peine de déportation. 2. Envoyer à l’étranger dans un camp de concentration. » Déportation : « 1. Peine politique afflictive et infamante qui consistait dans le transport définitif du condamné hors du territoire continental français. 2. Internement dans un camp de concentration à l’étranger. »

Quelques exemples frappants en français : les Juifs déportés à Auschwitz; les Acadiens déportés par les Anglais au Nouveau-Brunswick. On voit donc que le mot a un sens très fort en français. On déporte quelqu’un lorsqu’on l’arrache à sa terre natale et qu’on l’envoie au bagne ou dans une contrée étrangère. Malheureusement, cette nuance intéresse très peu nos scribes.

L’anglais peut avoir le même sens, mais il est aussi utilisé dans un sens plus général.

Le cas des États-Unis

Malheureusement le projet utopique de Donald Trump accapare toute l’attention et personne ne voit le faux ami. Le gouvernement américain expulse ou renvoie des immigrants sans papiers, qui n’ont pas obtenu la citoyenneté américaine.

On pourrait parler de déportation, si la nouvelle administration d’extrême droite s’en prenait à des citoyens américains et les forçait à quitter leur propre pays.

Conclusion : prudence avec déporter et déportation.

13

N’importe quel chef d’État ou de gouvernement se tiendrait debout, si un État voisin lui disait que son pays doit être annexé. N’importe lequel, sauf le premier ministre canadien Justin Trudeau. Celui-là n’a rien d’un Zelensky.

Le futur président Trump ne cache pas son mépris envers notre premier ministre en clamant que le Canada devrait devenir un État américain. Il a servi la même médecine au Danemark, à propos du Groenland, et au Panama, au sujet du fameux canal. Dans les deux cas, les dirigeants des deux pays ont répliqué en disant « Pas question ».

Le premier ministre canadien a participé à un dîner de cons au pain de viande en allant rencontrer le fou furieux que les Américains ont réélu en toute connaissance de cause. Quel contraste avec la présidente du Mexique qui a dit qu’elle allait répliquer au chantage économique de Donald Trump.

Bref, le Canada est lamentable. Il suffit de lire la presse internationale pour constater que notre pays n’a plus le lustre qu’il avait jadis. C’est à peine si on parle de nous de temps à autre.

13…

Si le premier ministre avait un tant soit peu de cran, il répliquerait sur le même ton ironique. Par exemple, ne serait-il pas logique que l’Alaska soit intégré au Canada pour devenir une nouvelle province? Ce qui mettrait fin à cette anomalie d’avoir un État américain séparé du reste du pays. Et de onze…

Ensuite, le Maine, qui porte d’ailleurs un nom français. Cet État excentrique ressemble beaucoup aux Maritimes; il est au fond plus canadien qu’américain. D’ailleurs on y relève de nombreux patronymes français. Et de douze.

La treizième province canadienne serait le Vermont, dont les affinités avec la région des Cantons de l’Est est évidente. Et le Vermont porte lui aussi un nom français. Il deviendrait la treizième province canadienne, sous le patronage du Québec pour l’aider à trouver ses marques.

Évidemment tout ceci n’est qu’élucubrations. Mais je souhaiterais voir notre premier ministre manier l’ironie ne serait-ce que pour river son clou au criminel réélu du sud. Malheureusement, il en est incapable. La présidente Sheinbaum du Mexique pourrait lui donner quelques conseils.

Illibéralisme

La Russie est illibérale, comme l’Iran ou la Corée du Nord. Mais qu’est-ce que ça veut dire au juste? Quelle caractéristique partagent ces trois pays?

Eh bien ce ne sont pas des démocraties même si des élections peuvent s’y dérouler. L’opposition est fortement réprimée, quand elle n’est pas en prison ou assassinée. Les libertés individuelles n’existent pas et les droits les plus fondamentaux y sont bafoués. Les tribunaux n’ont aucune indépendance et dépendent du pouvoir politique.

Les pays illibéraux s’opposent au libéralisme politique qu’ils considèrent désuet. Le président russe Vladimir Poutine a déjà affirmé que ce modèle de gouvernance est inefficace. Selon lui, les États totalitaires sont plus efficaces en faisant l’économie de débats politiques stériles. Ce que Lénine appelait le « crétinisme parlementaire ».

L’illibéralisme peut paraitre bien loin de nous, et pourtant… Il suffit d’écouter les discours politiques au sud de notre frontière pour nous poser de sérieuses questions, surtout quand des politiciens de notre pays veulent en importer certaines idées.