Groenland

On parle beaucoup du Groenland ces temps-ci en raison de l’importance géostratégique que revêt cette immense ile du nord-est de l’Amérique.

Groënland

On écrivait jadis le toponyme avec le tréma, mais celui-ci a disparu au XXe siècle pour laisser place à la graphie actuelle dont la prononciation ne fait pas mystère. Exit le signe diacritique, somme toute inutile!

La Terre verte

Groenland signifie « Terre verte », ce qui saute aux yeux quand on voit le toponyme anglais Greenland. En danois, Grønland est tout aussi évocateur, parce que grøn signifie « vert » dans cette langue.

Ce nom mal avisé a été attribué par les explorateurs norvégiens (Érik le Rouge) qui ont « découvert » le pays en 972… probablement en plein été, avant que la neige n’ensevelisse le paysage.

Alors pourquoi Groenland en français? Parce que le oe est une façon de transcrire le ø qui n’existe pas dans notre langue.

Les habitants du Groenland sont des Groenlandais et Groenlandaises. Mon vieux Larousse des années 1960 les nomme ainsi, mais donne comme synonyme… Esquimaux (sic). Aujourd’hui, on les appelle Inuits.

Le drapeau

Les Groenlandais sont des daltoniens. On s’attendrait à voir un drapeau vert, pourtant, leur étendard national est rouge et blanc, comme celui du Danemark, pays qui administre la région, bien qu’elle bénéficie d’une certaine autonomie.

Un mouvement indépendantiste souhaite rompre avec le Danemark. Peut-être pas le moment idéal, quand on y pense.

États-Unien

Le président des États-Unis veut rebaptiser le golfe du Mexique, ce qui suscite la controverse. Ce n’est malheureusement pas la première fois que les États-Uniens pratiquent l’usurpation toponymique.

Le détournement du mot America est un cas flagrant. Au départ, il s’agissait d’un raccourci pour United States of America, mais le toponyme désignant un continent est rapidement devenu le nom officieux des États-Unis. Au point où le mot America a cessé d’être associé au continent, d’où l’apparition du néologisme the Americas, les Amériques en français.

Les hispanophones se sont insurgés et désignent les habitants des States sous le vocable de los Estadosunidenses. Le français a adopté États-Uniens.

États-Uniens est-il correct?

Beaucoup se posent cette question et craignent de commettre une erreur en employant cette expression. Eh bien ils se trompent.

D’entrée de jeu, on peut dire que le terme Américain est une impropriété. Est américain ce qui est relatif au continent américain. Mais il y a l’usage…

Il est évident qu’Amérique et Américain se sont imposés dans l’usage français, que l’on aime cela ou pas. Mais la présidence démentielle de nos voisins du sud devient un puissant incitatif à chercher d’autres mots.

Petite surprise pour les objecteurs : États-Uniens est parfaitement français.

L’expression États-Uniens, ou Étasuniens ou Étazuniens, est apparue en français en 1955, si l’on se fie au Petit Robert. Contrairement à ce que l’on peut croire, états-unien, employé comme gentilé ou comme adjectif, n’a rien de saugrenu ou de péjoratif, bien au contraire. On peut le voir régulièrement dans certains médias, dont Le Devoir, dans lequel il remplace avantageusement américain.

Il ne faut donc pas hésiter à l’employer.

Au fond, on remplace une impropriété par un néologisme pas si nouveau que cela. En outre, États-Uniens suit parfaitement la logique de notre langue. Ajoutons donc États-Uniens à notre arsenal anti-Trump. C’est bon pour le moral.

No-show

Les médias ont récemment fait état de ces personnes qui réservent une place au restaurant mais ne s’y présentent pas. Les journalistes ont immédiatement succombé aux sirènes de l’anglais instantané et ont parlé de no-show. Il ne fait aucun doute que les restaurateurs emploient eux-mêmes cet anglicisme.

« L’enfer c’est la traduction » aurait dit Sartre.

Comme cela arrive souvent, il est difficile de trouver une expression de substitution sans passer par le chemin de traverse de la périphrase. Ce qui donne :

  • Client défaillant
  • Cas de défection
  • Défaut de se présenter
  • Réservation non honorée
  • Client qui n’honore pas une réservation
  • Client qui fait faux bond

Plusieurs lecteurs m’ont fait des suggestions intéressantes : clients fantômes, réservation non honorées… La meilleure étant taxe-lapin!

Certains opteront pour les absents tout court, mais avouons que c’est un tantinet vague. Bien que les absents aient toujours tort.

Le phénomène s’observe aussi dans les hôpitaux. On parle alors d’un patient qui ne se présente pas à un rendez-vous.

Le remède consiste à administrer une médecine sous forme d’amende à tout ce beau monde.

Renverser Trump

Une présidence sans bon sens

La présidence américaine actuelle ressemble beaucoup à ce qu’on voyait dans le film Vol au-dessus d’un nid de coucous. Sauf qu’il n’y a pas d’infirmière à poigne capable de remettre de l’ordre dans la cabane.

Le comportement erratique, pour rester poli, du locataire de la Maison-Blanche, suscite l’émoi partout dans le monde. Trump ne comprend pas les mécanismes du commerce international et il a lancé son pays dans une guerre commerciale tous azimuts, provoquant une chute des marchés et possiblement une récession.

Cette présidence démentielle ne peut durer éternellement. Le silence assourdissant des élites, des anciens présidents, du Congrès et de la population ne peut durer éternellement. La marmite va finir par sauter, d’une manière ou d’une autre.

Exception notable : le sénateur Bernie Sanders qui dénonce l’oligarchie en place et parle des Trumpsters et des Muskateers.

La question que tout le monde se pose : le président Trump peut-il être renversé en respectant les mécanismes constitutionnels?

La réponse sans nuances est un retentissant NON.

Un régime présidentiel

Les États-Unis ne sont pas une démocratie parlementaire comme le Canada, mais un régime présidentiel. Les Canadiens évoluent dans un système britannique basé sur le Parlement de Westminster. Dans une démocratie parlementaire, les membres du gouvernement doivent être issus du Parlement. En théorie, les députés peuvent retirer leur confiance au gouvernement en place en votant la censure. Le gouvernement doit alors démissionner, ce qui peut mener à de nouvelles élections.

Cela signifie que c’est principalement la Chambre des communes qui mène le jeu.

Nos voisins du sud ne suivent pas du tout la même logique.

Le président est élu au suffrage universel par la population, contrairement à notre premier ministre. Il est en poste quatre ans et ne peut être élu plus de deux fois. C’est inscrit dans la Constitution.

Les États-Unis vivent sous le régime de la séparation des pouvoirs. Le président forme un cabinet et gouverne. Le congrès vote les lois et le budget, tandis que les tribunaux surveillent la légalité des lois.

En aucun cas, le Congrès n’est-il habilité à renverser le gouvernement. Il n’a pas ce pouvoir, point à la ligne. Il dispose quand même de pouvoirs étendus, peut convoquer des ministres pour les interroger, lancer des enquêtes, bloquer les crédits budgétaires, etc.

Le Congrès n’a aucun moyen de censurer le gouvernement et de provoquer de nouvelles élections à la présidence. Il doit se contenter de surveiller l’action du gouvernement, mais dans certaines limites.

De son côté, le président ne peut dissoudre le Congrès, ni provoquer des élections anticipées. Il doit composer avec le Congrès qui est élu avec lui. Seules des élections de mi-mandat, aux deux ans, peuvent changer le paysage politique états-unien. La totalité de la Chambre des représentants est réélue et un tiers du Sénat.

Ces élections auront lieu en novembre 2026, une éternité dans le contexte actuel. Elles sont loin d’être une panacée. Habituellement, les États-Uniens manifestent leur grogne devant l’administration en place en élisant des députés de l’opposition. Le président peut même perdre sa majorité au Sénat et à la Chambre des représentants. Toutefois, je le rappelle, nous sommes en régime présidentiel et non en démocratie parlementaire. On ne peut censurer le président. Mais celui-ci aura plus de mal à faire passer les projets de loi qu’il propose au Congrès.

À la lumière de la tragédie démocratique qui se déroule au sud de notre frontière, ces entraves législatives paraissent dérisoires.

En clair, le président est en poste pour quatre ans. S’il meurt ou devient incapable d’exercer ses fonctions, le vice-président le remplace. Cela signifie que l’administration en place ne peut être dégommée. Nos voisins ont élu un républicain à la présidence, eh bien celle-ci sera républicaine pour les quatre prochaines années.

Le régime constitutionnel états-unien ne permet pas de renverser Donald Trump.

Une Constitution respectée

L’architecture constitutionnelle états-unienne est réglée comme une horloge. Les États-Unis vivent dans une démocratie présidentielle depuis plus de 200 ans. Les présidents passés se sont toujours assurés de respecter l’esprit et la lettre du texte de 1787, année où les États-Unis modernes ont été fondés.

Le président Washington ne voulait pas devenir un tyran; il a gouverné avec beaucoup de circonspection; il a fallu lui forcer la main pour qu’il se représente à la présidence.

Le président Franklin Roosevelt s’est impatienté de voir la Cour suprême entraver en partie son New Deal, et projetait d’élargir le tribunal à 15 membres pour le mettre en échec. Il n’a jamais osé le faire.

Le président Nixon a perdu de justesse l’élection présidentielle de 1960. Le père de John Kennedy a demandé à la mafia d’aider son fils à se faire élire. On ne saura jamais si cet apport a été décisif ou non. Toujours est-il que Nixon n’a jamais protesté en disant que c’est lui qui avait gagné et que l’élection était truquée.

Pendant le scandale du Watergate, le même Nixon s’est plié à un ordre de la cour et a remis les fameux enregistrements de ses conversations à la Maison-Blanche.

Trump n’aurait jamais fait cela. Ceux qui doutent de la réalité de son projet autocratique devraient se rappeler de ses paroles : « Je vais mettre fin à la Constitution. »

La Constitution états-unienne fonctionne tant et aussi longtemps que tout le monde joue le jeu. Mais qu’arrivera-t-il si l’administration états-unienne remet en question les jugements de tribunaux, comme elle semble vouloir le faire dans certains cas? La Cour suprême n’a aucun pouvoir coercitif pour forcer le gouvernement à obéir à ses ordres. Comme disait Staline, le pape, combien de divisions?

Plus inquiétant encore, le président s’est lancé dans une guerre sans merci contre les juges qui s’opposent à lui, les traitant de tous les noms. Il veut exercer des représailles contre les juristes qui ont enquêté sur lui dans le passé. On n’a jamais vu cela avant.

Le président Trump coche toutes les cases d’un partisan de l’autocratie : non-respect des institutions, insultes contre ses adversaires, appels à la violence, tentative ratée de coup d’État, etc.

Nos voisins sont à la croisée de chemins.

Destituer Trump?

La seule façon d’empêcher Donald Trump de continuer à gouverner est de le destituer. L’ennui étant qu’il a déjà été mis en accusation deux fois et que la procédure a échoué, même en 2021 après qu’il a incité ses partisans à prendre d’assaut le Capitole pour empêcher le Sénat de certifier l’élection de Joe Biden. Le président sortant voulait renverser le résultat des élections présidentielles, rien de moins.

La procédure de destitution, appelée impeachment en anglais, est précisée dans la Constitution. La Chambre des représentants vote un Bill of Impeachment, qui est un acte d’accusation contre le président, le vice-président ou un ministre.

Est passible de destitution tout dirigeant qui commet un crime très grave (high crime) ou un délit (misdemeanor). Le problème étant que ces deux termes ne sont pas définis dans le texte constitutionnel…

Cet acte d’accusation est ensuite transmis au Sénat. Les sénateurs se transforment en procureurs et peuvent interroger l’accusé, comme dans une cour de justice. Ultimement, les sénateurs peuvent destituer le président si l’un des chefs d’accusation est retenu à la majorité des deux tiers.

Cette démarche est entachée d’une certaine naïveté. Il faut dire qu’elle a été élaborée lors de la révision constitutionnelle de 1787. À cette époque, les partis politiques n’existaient pas et la vie politique était très différente d’aujourd’hui. On imaginait mal l’avènement d’organisations structurées et idéologiques que sont les formations politiques actuelles. Les constituants s’imaginaient que les sénateurs sauraient s’affranchir de toute partisanerie et jugeraient l’accusé en toute objectivité. Ce n’est évidemment pas le cas.

La destitution est une procédure exceptionnelle qui n’est pas destinée à devenir un outil politique pour censurer un adversaire politique. Mais elle comporte une faille majeure : elle ne fonctionne pas.

Aucun président n’a été destitué en plus de 200 ans. Andrew Johnson, le président qui a succédé à Abraham Lincoln en 1865, a passé à un vote près de perdre son poste. Et non, Nixon n’a jamais été destitué : il a démissionné avant que la Chambre des représentants n’adopte un projet de loi visant la destitution. Clinton a été innocenté pour parjure et entrave à la justice, même si une majorité des sénateurs l’en a en reconnu coupable, mais pas à la majorité des deux tiers. Trump est le seul président à avoir été visé deux fois par la procédure.

Pourrait-on essayer une troisième fois? Bien sûr que oui, et les motifs ne manquent pas.

Dans un pays normal, Donald Trump aurait déjà été arrêté pour haute trahison, en raison de sa complicité avec la Russie. Des médias sérieux, comme la revue française Le Point, détaillent son association de longue date avec les autorités russes.

L’ennui, c’est que les démocrates sont minoritaires dans les deux chambres du Congrès. Il devient donc impossible d’entamer la procédure. À moins d’un miracle.

Et même si on y parvenait et que le locataire de la Maison-Blanche était évincé, qui le remplacerait? Je vous le donne en mille : le cerveau de l’Ohio, le vice-président J.D. Vance, qui partage les idées de Trump. N’oubliez pas de dire merci s’il devient président.

Alors quoi? Destituer Vance à son tour? Destituer tout le gouvernement états-unien? On rêve. En cas de blocage complet, c’est le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson, qui serait nommé président des États-Unis. Johnson a été désigné par la frange la plus fanatique des trumpistes qui hantent la Chambre des représentants… C’est mieux?

L’éventuel président Johnson nommerait à son tour un cabinet qui pourrait étrangement ressembler à celui de Trump… Le cauchemar se poursuivrait.

La suite des choses dans le monde à l’envers

La classe politique est pétrifiée, le peuple états-unien semble indifférent à ce qui se passe… pour l’instant. Une vérité s’impose : les moyens prévus par la Constitution états-unienne ne sont pas suffisants pour neutraliser Donald Trump, surtout si celui-ci entre en guerre contre le système de justice et ne respecte plus les ordres des tribunaux.

C’est le monde à l’envers et il est impossible de prédire la suite des choses.

Malheureusement, l’impasse constitutionnelle actuelle pourrait inciter certaines personnes à utiliser d’autres moyens pour nous débarrasser du fou furieux de la Maison-Blanche. Cela pourrait mener à une guerre civile.

Cliffhanger

Vous regardez votre série policière préférée et l’héroïne Miss Penelope Rockbottom est sur le point de découvrir le pot aux roses : le comte d’Avalon est un assassin. Elle veut quitter le bureau où elle a découvert des preuves concluantes, mais voilà que surgit ledit comte, pointant un révolver sur notre héroïne…

Fin de l’épisode. Suite la semaine prochaine…

Le scénariste s’est assuré de laisser le spectateur haletant sur ce qu’on appelle un cliffhanger. En effet, Miss Rockbottom est au bord du précipice.

Il est difficile de trouver un terme français aussi direct que cliffhanger. On peut toujours dire que l’auteur a laissé l’histoire en suspens, qu’il nous fait languir. Il nous laisse dans l’attente d’un rebondissement. Autres possibilités : une fin d’accroche, un dénouement suspendu.

Suggestion intéressante d’une lectrice : laisser hors d’haleine.

Ces traductions ne sont guère satisfaisantes et c’est pourquoi le terme anglais commence à s’imposer. Il figure d’ailleurs dans le Larousse, mais pas encore dans le Robert en ligne.

Nous sommes suspendus aux lèvres des lexicographes, en espérant que les traducteurs aient un coup de génie.

Le Canada américain

Le Canada étant menacé d’annexion par les États-Unis, je fais une petite pause linguistique pour vous alerter de la situation alarmante que vit notre pays.

Le Canada menacé par un président délirant et dangereux

Le Canada vit actuellement une crise existentielle majeure et personne à l’étranger n’en parle. Le Canada, jadis un État très respecté, a perdu son lustre depuis le début des années 2000. La presse étrangère ne s’y intéresse pas, sauf lorsqu’il y a des élections, et encore.

Le président Trump a insulté copieusement l’ancien premier ministre Trudeau en l’appelant « gouverneur » et en clamant sa volonté d’annexer le Canada pour en faire le cinquante-et-unième État. L’onde de choc ici est immense et même les partisans de l’indépendance du Québec se rallient aux Canadiens anglais, qui sont totalement furieux.

Que diraient les Français si le chancelier de l’Allemagne appelait Macron le ministre-président du Land de Frankreich?

Aux États-Unis, il va sans dire, on est inconscient de cette commotion. Sauf pour le cas d’une minorité, ce peuple est d’une insondable ignorance en ce qui a trait aux réalités étrangères. Ce pays-continent se suffit à lui-même par son territoire, sa culture qui a envahi la planète, pour le meilleur, mais surtout pour le pire. Ses habitants ne connaissent rien de ce qui n’est pas américain; ils n’apprennent pas de langue étrangère et s’imaginent ne rien avoir à apprendre des autres peuples. Des peuples dont la qualité de vie est souvent bien supérieure à la leur.

Le Canada est le parfait contre-exemple des États-Unis. Voilà une société humaine, compatissante, sans armes à feu et avec des hôpitaux gratuits; nos voisins l’ignorent complètement. C’est cette société que Trump veut conquérir.

Annexer le Canada

Le peuple états-unien commence à peine à mesurer les torts immenses que son président dément est en train d’infliger à son pays et de la commotion qu’il inflige à son voisin pacifique. Lors d’une entrevue donnée au réseau CNN, l’animatrice était bouche bée d’entendre la ministre des Affaires étrangères canadienne, Mélanie Joly, expliquer à quel point les Canadiens sont outrés par les délires du fou furieux de la Maison-Blanche. Et pourtant, l’intervieweuse était une journaliste chevronnée, et elle semblait ignorer tout du Canada, le pays voisin, un ami fidèle des USA. Aux États-Unis, même les élites sont d’une ignorance stupéfiante.

Bien sûr, on pourrait penser que cette idée d’annexer le Canada est une autre lubie du président américain, visiblement en train de perdre la raison. Il va peut-être changer d’idée, mais peut-être pas. Et la question se pose : qui va l’arrêter s’il décide d’envoyer ses troupes au Canada? Les chiffes molles du Congrès américain prêtes à avaler toutes les couleuvres? Son entourage composé de tarés et de sinistres incompétents? Le caniche J.D Vance, ignorant comme une poignée de porte, qui a jappé après Zelensky? En tout cas, les boys n’ont rien à craindre de l’armée canadienne, sous-dotée et sous-financée.

Les États-Unis poutiniens

Pour le premier ministre démissionnaire Justin Trudeau, Trump est vraiment sérieux : il veut mettre la main sur les métaux rares et surtout les immenses réserves d’eau du Canada. Il cherche à affaiblir le Canada en imposant des droits de douane absurdes qui nuisent aussi à l’économie de nos voisins du sud.

Pire encore, la Maison-Blanche suit le patron de jeu de Vladimir Poutine : elle remet en question les frontières entre les deux pays; le président soutient que le Canada et le Mexique sont un axe du mal complice des barons de la drogue, un grossier mensonge. Mais quand on en est rendu à dire que l’Ukraine est responsable de la guerre avec la Russie, plus rien ne devrait nous surprendre.

Les mensonges du Kremlin sont devenus ceux des États-Unis. Pour paraphraser Stephen King, les fous ont pris le contrôle de l’asile. Et pendant ce temps, le Canada est devenu l’Ukraine de l’Amérique.

Un peuple aliéné

Il est temps qu’on en revienne de ces sophismes souvent entendus : Trump ne représente pas vraiment le peuple états-unien, ils sont gentils et nous aiment bien. La moitié des Américains ont voté démocrate…

Je m’excuse, mais la majorité des États-uniens sont bornés et très mal informés. Pensez au dossier des armes à feu… des enfants se font tuer à coups d’armes semi-automatiques dans les écoles, et ce depuis des décennies. Et que font les parlementaires? Rien. Pour eux, le Deuxième Amendement sur les armes à feu est un commandement biblique…

Et qui vote pour ces parlementaires? Le peuple américain.

C’est en toute connaissance de cause que les États-uniens ont réélu Donald Trump, malgré tout ce que l’on sait de lui. Filou, menteur compulsif, criminel, prédateur sexuel, pas grave, il va arranger l’économie, c’est ce qui compte. Le prix des œufs va enfin baisser, c’était intolérable.

Le fait que leur président soit compromis avec la Russie depuis 2007, qu’il épouse le discours de Poutine, les laisse indifférents. Fake news. C’est où déjà l’Ukraine? En Afrique ont répondu certains (voir YouTube).

Un début de réaction

La solution ne peut venir que du peuple américain, encore bien enfoncé dans le brouillard. Tant qu’il ne sera pas dérangé dans ses habitudes, il ne bronchera pas. Mais on entend des craquements inquiétants pour les républicains. Le vice-président Vance a été conspué alors qu’il allait skier au Vermont. Des responsables républicains commencent à dire à des membres du Congrès de ne pas se présenter à des assemblées publiques, parce qu’ils commencent à se faire prendre à partie par des gens en colère. Pourquoi est-ce que les prix montent? Pourquoi tel service de l’État n’existe plus? Pourquoi mon entreprise a-t-elle perdu sa subvention? Pourquoi mon frère a-t-il perdu son emploi? Etc.

Des bornes de recharge Tesla, propriété d’Elon « Sieg Heil » Musk ont été incendiées. Les propriétaires de Tesla se font insulter dans la rue. Et pour cause, personne n’avait vu venir l’ange des ténèbres Musk qui saccage en toute impunité les services publics, sans rendre de compte au Congrès. Au fait, il a fait quoi le Congrès ces derniers temps?

Autre signe, ceux qui ont perdu leur emploi à cause de la purge ouverte menée contre la fonction publique états-unienne commencent à déchanter; beaucoup avaient voté pour Trump, persuadés que leur situation économique s’améliorerait.

Ce ne sont que les premiers soubresauts, mais ce n’est pas suffisant, il faudra attendre une dégradation marquée des services publics, l’inévitable inflation qu’entrainera la guerre tarifaire, la hausse du chômage, etc. Et surtout la hausse de 9000 dollars du prix des VUS – comment les rednecks du Kentucky et du Texas vont-ils réagir? Là ça pourrait brasser. Ces gens sont armés…

La suite?

D’autres acteurs commencent à donner leur pleine mesure, notamment les milieux financiers éberlués par les volte-face de Trump. Les marchés n’aiment pas l’incertitude. Il y a aussi la presse éclairée, comme CNN, le New York Times, l’excellente revue The Atlantic qui dénoncent vertement ce qui se passe à Washington. Et tous ces Américains épris de démocratie qui assistent à la destruction de celle-ci. J’attends avec impatience une prise de parole solennelle des anciens présidents Bush, Clinton et Obama pour dénoncer le régime autocratique qui s’est installé à la Maison-Blanche. Ils ont intérêt à se réveiller vite.

Mais comment faire des prédictions alors que nous vivons une dystopie stupéfiante? Entretemps, le Canada est toujours l’Ukraine de l’Amérique. Je remercie Dieu à chaque jour de ne pas être un Américain, mais je me demande si mes prières suffiront.