Qu’est-ce qui cloche dans la phrase suivante?
Étienne n’arrête pas d’écœurer Émilie dans la cour d’école.
Tout dépend de quel côté de l’Atlantique vous vous trouvez. Au Québec et au Canada français, tout le monde comprend qu’Étienne embête la pauvre Émilie. Mais en Europe et ailleurs dans le monde francophone ce n’est pas si clair. On a plutôt l’impression que ce cher Étienne fait des trucs pour dégoûter sa copine; écœurée par toutes ces manigances, elle est partie en courant.
Pour les profs québécois qui surveillent la cour d’école, il est clair qu’Étienne est un écœurant, un petit voyou qui n’arrête pas d’achaler les autres. Les Français de l’ouest de l’Hexagone auront tout de suite compris que le brave garçon est une petite peste qui importune les filles.
Car Émilie n’est pas la seule. Tannée se faire écœurer, elle s’est plainte à son professeur. En bon français, elle est écœurée de se faire embêter. Bref, elle s’est lassée.
Un québécisme surprenant
En terre québécoise, la langue française se vêt d’atours nouveaux et parfois déroutants. Si le terme écœurant peut receler une connotation négative, il peut également, par une étrange transmutation, devenir un superlatif.
Chez La Patate dorée, ils servent une poutine écœurante!
Bref, une poutine fabuleuse, délicieuse, au summum…
Mais attention, il ne faudrait sûrement pas féliciter le chef à Marseille de la même manière :
Votre bouillabaisse est absolument écœurante! Mes félicitations au chef!
Il est clair que le cuistot sera choqué (sens québécois et français).