Aller en élection

Le gouvernement libéral de Justin Trudeau a choisi d’aller en élection, calque de l’anglais to go in election.

Plus correctement, on pourrait dire que le Canada va aux urnes, que des élections ont été déclenchées, parce que la gouverneure générale a accepté de dissoudre la Chambre des communes, et non le Parlement, comme le racontent les médias. En effet, la vice-reine (c’est son titre officiel) n’a pas le pouvoir de dissoudre la Chambre haute qui, avec les Communes, constitue le Parlement.

Seule la gouverneure générale peut lancer le scrutin; il est donc faux de dire que le premier ministre a déclenché des élections ou, pire encore, qu’il a dissous le Parlement. Nous sommes alors dans le non-sens le plus total.

Comme à chaque scrutin, les anglicismes nous attendent au détour. Le vote (et non la votation) aura lieu le 20 septembre prochain et les électeurs – surtout pas les voteurs – se rendront aux bureaux de scrutin, qu’on évitera d’appeler polls, ou pire encore, bureaux de votation…  Les électeurs choisiront alors les membres de la 44e législature, et non du 44e Parlement, comme on le dit en anglais.

L’obsession majoritaire

Il est clair que le premier ministre Trudeau a demandé la tenue d’un nouveau scrutin uniquement parce qu’il veut obtenir la majorité absolue des sièges, ce qui lui permet de gouverner seul. Or, la défunte législature fonctionnait très bien. Alors pourquoi demander des élections?

Dans un système politique britannique, le fait de diriger un gouvernement minoritaire est perçu comme une aberration à laquelle il faut mettre fin au plus vite. Pourtant, le premier ministre conservateur britannique David Cameron a gouverné pendant quatre ans avec les libéraux-démocrates.

Ailleurs dans les démocraties occidentales, il est très courant que plusieurs partis siègent au gouvernement, car les systèmes électoraux proportionnels ne donnent à peu près jamais à une formation la majorité absolue des sièges. Et personne ne s’en plaint vraiment.

Prenons l’exemple de l’Allemagne. Saviez-vous qu’Angela Merkel occupe le poste de chancelière depuis 16 ans et que jamais elle n’a été majoritaire? Elle a gouverné avec les sociaux-démocrates et les libéraux sans jamais chercher à déclencher des élections prématurées pour avoir plus de la moitié des sièges. De toute façon, elle n’y serait pas parvenue.

L’obsession majoritaire est donc une particularité canadienne et britannique.

Les pays baltes

En anglais, on les appelle « Baltic States »; en français, on parle plutôt des pays baltes, bien que l’appellation « États baltes » se voie parfois. Elle ne peut être considérée comme une erreur.

On appelle pays baltes la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie. Ces trois pays sont adossés au Bélarus et à la Russie. Ils comportent chacun une importante minorité russe, que Moscou défend avec fermeté.

La graphie Lithuanie est désuète en français, alors que l’anglais a conservé le H : Lithuania. La Lettonie est parfois appelé Latvie, tout comme en anglais : Latvia.

La désignation pays baltes devait s’écrire en minuscules, comme on le fait pour d’autres expressions du genre. Pensons à pays nordiques, pays balkaniques, etc. D’ailleurs les deux grands dictionnaires ne s’entendent pas sur la graphie, le Larousse préférant pays Baltes, tandis que le Robert écrit l’expression en minuscule.

On constatera l’arbitraire de ce genre d’appellation. En effet, les trois pays précités ne sont pas les seuls à posséder un rivage sur la Baltique : c’est aussi le cas de la Pologne et de l’Allemagne.

Ainsi en va-t-il des toponymes. Les référents sont parfois choisis arbitrairement pour des raisons de simplicité.