Le 4 avril,
l’OTAN a célébré son soixante-dixième anniversaire. Voici quelques réflexions
sur le nom de ce pacte militaire et sur son utilité.
La majuscule
On l’appelle
au long l’Organisation du traité de l’Atlantique
nord. À remarquer l’utilisation capricieuse des majuscules en français. Le
terme générique Organisation en prend
une, mais pas le mot suivant traité,
qui est pourtant lui aussi le générique de l’expression traité de l’Atlantique nord.
Cette
graphie respecte les conventions habituelles de typographie qui prêchent en
faveur d’une utilisation parcimonieuse de la majuscule dans notre langue.
L’anglais,
lui, n’a pas les mêmes réserves : North Atlantic Treaty Organization.
Une majuscule à chaque mot.
La
minuscule à traité dérange, d’autant
plus qu’on la met parfois à accord,
un mot très semblable. Par exemple : l’Accord
de libre-échange nord-américain (RIP), rebaptisé Accord Canada-États-Unis-Mexique.
Mais force
est de constater que la minuscule initiale prévaut pour des mots comme traité, convention, pacte et accord.
Cet illogisme relève des règles à mon avis désuètes du français à ce sujet. Voir mes articles à ce sujet.
Appellations officieuses
L’acronyme OTAN est utilisé sur le site de l’Organisation,
sise à Bruxelles. Dans la presse européenne on écrit les acronymes – soit les
abréviations se prononçant comme un mot – avec la majuscule initiale : Otan. Parmi d’autres appellations
connues, mentionnons Unesco, Unicef.
Les sigles, par contre, prennent la majuscule à chaque lettre, par exemple l’OMS, l’Organisation mondiale de la
Santé. On remarquera la majuscule au deuxième substantif.
L’OTAN est
surnommée l’Alliance atlantique.
Cette fois-ci, la majuscule orne le générique, contrairement à ce que l’on voit
pour le traité de l’Atlantique nord…
Utilité de l’Alliance atlantique
L’OTAN a été
fondée à l’aube de la Guerre froide dans le but de protéger l’Europe de l’Ouest
contre une invasion de l’Union soviétique. Ce n’était pas une chimère, puisque
la puissante Armée rouge s’était avancée jusqu’en Europe centrale à la fin de
la Deuxième Guerre mondiale. Par la suite, le pouvoir soviétique n’a pas
respecté sa promesse de permettre l’organisation d’élections libres et a implanté
des régimes communistes à sa solde.
On peut
comprendre que Moscou ait voulu créer un glacis de pays pour prévenir une autre
invasion d’une puissance étrangère, l’Allemagne, pour ne pas la nommer. Peu de
gens le savent, mais l’invasion nazie a fait quelque 20 millions de morts en
URSS. La dévastation du pays, les exécutions massives, sont inimaginables. Nous
sommes largement redevables aux Soviétiques d’avoir abattu le nazisme.
L’OTAN
reposait sur le principe qu’une attaque dirigée contre l’un des pays membres en
constituait une contre tous les pays de l’Alliance. C’est le fameux article 5
de la Charte de l’Atlantique, document fondateur de l’OTAN.
Il est
clair que cette disposition a dissuadé l’URSS de tenter de nouvelles annexions
en Europe. Si l’Ukraine était aujourd’hui membre de l’OTAN, tous ses alliés
atlantiques auraient volé à son secours pour bouter les pseudo-rebelles armés
par Moscou hors du territoire ukrainien. En fait, le Kremlin n’aurait jamais
osé orchestrer les troubles actuels dans l’est de l’Ukraine.
Contrairement
à ce que pense le fou furieux narcissique de la Maison-Blanche, l’Alliance
atlantique n’est pas obsolète.
De la désinformation
L’existence
même de l’OTAN a toujours irrité les autorités soviétiques et elles ont continuellement
essayé de l’affaiblir. Dans les années 1980, des agents soviétiques ont investi
le mouvement pacifiste qui s’opposait à l’implantation de missiles de moyenne
portée sur le sol de l’Allemagne de l’Ouest.
Les
Soviétiques ne disposaient pas des moyens efficaces que sont les médias sociaux
– et ils n’avaient pas un président américain à leur solde. Néanmoins, ils
essayaient de propager des rumeurs anti-américaines pour déstabiliser l’Allemagne
fédérale et semer la confusion. Le mouvement pacifiste et les verts jouaient
leur jeu, sans en être conscients.
Ce qui se
passe aujourd’hui n’est donc rien de nouveau. Les autorités du Kremlin ont une
longue expérience en matière de désinformation. La pagaille qu’ils ont semée au
sujet de Hilary Clinton, aidant l’élection de Trump, est un triomphe pour les
Russes, un triomphe qui va probablement au-delà de leurs espérances les plus
folles.
Après l’Union soviétique
La chute du
régime soviétique en 1990, et son remplacement par la Russie, est venu
brouiller les cartes. Américains et Russes ont connu une brève lune de miel
sous Boris Ieltsine, mais le choses ont changé avec Vladimir Poutine, un ancien
chef de KGB (d’où les activités de désinformation et de déstabilisation).
Une des
raisons du ressentiment du Kremlin est le fait que l’Occident n’a pas tenu sa
promesse de ne pas accueillir d’anciens pays communistes du pacte de Varsovie au sein de l’OTAN.
Très
rapidement après la chute du soviétisme, les anciennes républiques populaires d’Europe
de l’Est sont venues frapper à la porte de l’Alliance. La Pologne, les pays
Baltes, la Hongrie, la Slovaquie et bien d’autres ne voulaient plus jamais
subir une occupation par les Russes. L’Alliance les a accueillis.
L’OTAN s’est
cherché une nouvelle vocation pendant le bref rapprochement avec la Russie,
participant à des missions qui n’avaient rien à voir avec la protection de ses
membres. Certains se sont interrogés sur la pertinence de l’Organisation,
pendant un bref moment.
Mais l’évolution
de la conjoncture internationale vient en renforcer la légitimité.