Principes généraux
La question n’est pas facile à trancher et beaucoup sont tentés de laisser les appellations étrangères en anglais, arguant que de toute façon il n’y a aucune traduction française officielle. Ce raisonnement ne tient pas.
Il faut savoir que les noms d’institutions politiques des tous les pays du monde doivent être traduits, pour des raisons de commodité, et ce, même si le français n’est pas langue officielle dans les pays visés.
En effet, il nous serait impossible de comprendre des appellations comme koningin (Pays-Bas), forseti (Islande), malak (Maroc) ou naikaky sori daijin (Japon). À moins d’être polyglotte, comment deviner qu’il s’agit de la reine des Pays-Bas, du président de l’Islande, du roi du Maroc ou encore du premier ministre du Japon?
La situation serait encore plus corsée pour les langues écrites en caractères cyrilliques (russe, grec, etc.), en idéogrammes (chinois, japonais, etc.), et pour celles rédigées dans d’autres alphabets (coréen, géorgien, hindi, etc.).
Il tombe sous le sens qu’il faudra également traduire les noms d’institutions, comme les ambassades, les ministères et les parlements. Dans ce dernier cas, les traductions comme Congrès, Assemblée législative, Chambre des représentants, Sénat, Diète, etc. sont très courantes. D’autres, comme le Congrès national du peuple, le parlement chinois, sont également traduites. On note quelques exceptions, qui restent en langue originale; pensons à la Knesset (Israël), aux Cortes (Espagne), au Storting (Norvège) ou à la Douma (Russie).
Les États-Unis
Nos voisins du sud nous fournissent un exemple intéressant. La Maison-Blanche, les chambres du Congrès, les départements et certaines institutions connues, comme la Réserve fédérale et l’Agence de protection de l’environnement voient leur nom traduit vers le français. Là encore, ce ne sont pas des traductions officielles, mais elles se sont frayé un chemin dans l’usage.
Petit bémol, toutefois. Beaucoup d’autres restent en anglais : la Food and Drug Administration, la Drug Enforcement Agency et le Surgeon General, par exemple. Pourquoi celles-ci plutôt que celles-là? Voilà le grand mystère de l’usage. Il est donc possible que des appellations françaises cohabitent avec d’autres en anglais.
Comment savoir ce qui est traduit? La Grande Toile nous fournit des réponses, certes, mais il faut être prudent. Il faudra soumettre la traduction proposée en ciblant les sites de publications françaises bien écrites (Le Monde, par exemple) pour déterminer s’il existe une traduction française consacrée pour le nom d’un organisme états-unien. S’il n’en existe pas, rien n’empêche le traducteur de fabriquer une traduction maison, à titre indicatif, et de revenir au terme anglais original par la suite.
Certaines appellations sont mieux connues sous leur sigle anglais, comme la NASA et le FBI. Ces deux organismes sont parfois désignés comme suit : l’agence spatiale américaine et la police fédérale. Ce ne sont cependant pas des traductions consacrées, comme la Chambre des représentants, par exemple. Il faut donc les employer avec circonspection, pour expliciter le sens des deux sigles, entre autres.
Les noms d’organismes étrangers
Il faut être conscient que l’anglais, lui, traduit. Prenons la Swedish International Development Agency. Le nom officiel de cette agence est Styrelsen för Internationellt Utvecklingssamarbete. On pourrait être tenté de garder la traduction anglaise dans un texte français, mais ce serait faire preuve d’asservissement envers la langue de Shakespeare, puisque cette traduction n’a aucune valeur officielle, quand on y pense bien. Alors pourquoi pas l’Agence suédoise de développement international?
Autre exemple : la National Academy of Science of Ukraine. Il est certain que ce n’est pas le nom officiel de l’agence. Alors, puisque l’on a traduit une première fois vers l’anglais, pourquoi ne le ferait-on pas vers le français? Vive l’Académie nationale des sciences de l’Ukraine!
En fait, on pourrait ne pas traduire les noms d’organismes des pays anglophones si, et seulement si, ces noms sont utilisés couramment dans d’autres langues que l’anglais et que l’éventuelle traduction en français pourrait paraître inusitée. Autrement, il faut traduire.
On pourrait imaginer quelques exceptions à ce principe. Prenons les noms des lignes aériennes, comme Japan Airlines. Il serait peu pratique de voir cette appellation énoncée en espagnol à Madrid, en arabe à Tunis, etc. Le nom anglais fait figure de raison sociale à l’échelle internationale, là encore pour des raisons de commodité.
En conclusion : garder en tête qu’il faut autant que possible traduire les noms d’organismes étrangers.
Les mêmes principes s’appliquent pour les noms d’universités. On lira avec intérêt l’article que j’ai fait paraître en 2001 dans L’Actualité langagière.