On entend souvent une phase du genre : «John a fait ses études à Oxford». La célébrissime institution n’a pas besoin de présentation, et certains l’appellent plus explicitement Université Oxford.
Cette appellation est pourtant erronée. Elle s’inspire en effet de l’anglais, langue de juxtaposition, qui dit Oxford University, qui pourrait aussi être rendu «à la française» par University of Oxford.
Dans notre langue, il faut toujours insérer un de entre le générique Université et le toponyme. Ainsi : Université de Sherbrooke, de Paris, de Moscou. Par conséquent, on dira Université d’Oxford.
Toujours en français, il y a apposition uniquement quand l’élément déterminatif – le nom de l’institution – est un nom propre de personne, pas un nom de lieu. Par exemple : l’Université McGill, l’Université Harvard.
Certains mettront en apposition les appellations géographiques qu’on ne traduit pas : l’Université Western Ontario. L’usage, dans ces cas, n’est pas établi. Ainsi, le Bureau de la traduction du gouvernement fédéral recommande l’Université de Western Ontario.
Ce qui amène deux questions : 1) Faut-il traduire les noms d’universités canadiennes et étrangères? 2) Que fait-on avec des appellations atypiques, c’est-à-dire qui s’écartent du modèle Université + de + nom de lieu?
Traduire les noms d’universités?
Il est encore étonnant que les gens se posent la question. J’ai eu le bonheur d’étudier à l’Université de Bonn en Allemagne; il ne me viendrait jamais à l’idée de dire Universität Bonn. La traduction des appellations simples m’apparaît une nécessité, autrement nous pourrions farcir nos textes d’appellations étrangères comme Helsingin Yliopisto… Tout le monde a reconnu l’Université d’Helsinki, j’espère…
De la même manière, personne n’oserait énoncer en langue originale les universités de Tokyo, Moscou ou Buenos Aires. La tendance naturelle est de traduire.
Les universités américaines
Certains hésitent devant les institutions américaines. Bien sûr, elles n’ont pas de nom français officiel, mais c’est exactement le même problème pour les universités espagnoles, allemandes, turques, zimbabwéennes… Faux problème.
Pourquoi s’obstiner à dire la University of New York, quand on parle pourtant de l’Université de Grenade en Espagne? L’Université de New York se dit tout aussi bien.
Mais on ne peut tout traduire, car certaines institutions sont connues sous leur appellation originale. Le MIT est un bel exemple. Même dans la Grande Toile on trouve très peu d’Institut de technologie du Massachusetts. On respectera cet usage qui penche vers la conservation de l’anglais Massachusetts Institute of Technology.
Si les appellations géographiques se rendent bien en français, il faut prendre garde à certaines d’entre elles. Songeons à la Northwestern University, à Chicago. Vous pouvez bien la traduire par Université du Nord-Ouest, mais vous risquez de perdre vos lecteurs dans la brume. Certes, l’appellation anglaise est tout aussi floue, mais le fait est que ce nom n’est pratiquement jamais traduit.
Appellations atypiques
L’anglais a des dénominations particulières pour certaines universités et il est quelque peu risqué de les traduire intégralement. Pensons à la London School of Economics. Voilà un autre cas d’institution bien connue sous son nom anglais. De plus, le mot école en français désigne le plus souvent des établissements primaires et secondaires, bien que l’on voie certaines institutions d’enseignement universitaire, comme l’École polytechnique et l’École nationale d’administration, en France.
Le Trinity College de Dublin est une autre appellation atypique. On pourrait parler du Collège de la Sainte-Trinité, mais, encore une fois, l’usage penche pour l’anglais. On rangera dans le même lot le Boston College, qu’il serait risqué de rendre par le Collège de Boston, possiblement confondu avec un… collège, au sens québécois du terme. («Il a fait son cégep à Boston!»)
Morale de cette histoire, avant de traduire une appellation, un petit coup de sonde dans Google s’impose, ne serait-ce que pour voir si le nom de l’institution est traduit ou non.
La majuscule à Université
On se tiendra loin des guides de typographie franco-européens, encore englués dans les règles désuètes du XIXe siècle. À moins de vouloir infliger à ses lecteurs l’hallucinant jeu de bascule suivant : université de Montréal, mais Université laurentienne, on mettra systématiquement la majuscule à Université, qu’il s’agisse d’une institution canadienne ou étrangère. C’est d’ailleurs ce que recommande le Guide du rédacteur du gouvernement fédéral canadien.