New York est le Paris de l’Amérique. Cette
comparaison peut relever du lieu commun pour certains, mais elle correspond à
la vérité. Je me souviens de ma première visite à New York, j’avais eu tout un
choc. Je pensais que la métropole américaine serait assez semblable à ma ville
natale, Montréal, mais ce n’est pas le cas. Je ne m’attendais pas à autant de
magnificence.
J’étais ébloui. Tous ces édifices qui
tutoyaient le ciel étaient d’une beauté renversante. Très souvent, les halls d’entrée
ressemblaient à l’antichambre d’un palais. L’art déco valsait avec le gothique.
Des portes d’ascenseurs devenaient des chefs-d’œuvre de design.
Les grandes avenues, ces nervures
sillonnées par des véhicules impatients transportant une population trépidante,
dessinaient des perspectives époustouflantes. Comme à Paris, bref.
Je reviens d’un voyage de sept jours, après une absence d’un quart de siècle. Impardonnable, quand on habite à une heure d’avion. Les tours jumelles, que je n’aimais pas tellement, ont disparu, remplacées par le One World Trade Center, à mon avis beaucoup plus réussi. Mais la ville est toujours aussi envoûtante.
Voici quelques impressions de mon périple,
qui vous aideront peut-être à mieux planifier le vôtre.
La
météo
Voyager en hiver (de janvier à mars) est
très avantageux puisque des forfaits hôtel-vol rendent la métropole américaine
bien plus abordable. Cependant, il fait un froid de canard, même pour un
Canadien. N’oublions pas que New York est bordée par deux fleuves, l’Hudson et
l’East River, qui se jettent dans l’Atlantique, tout près de la ville. Les
courants d’air entre les immeubles peuvent être frigorifiants.
Le printemps arrive plus vite qu’au Canada;
l’automne est aussi plus clément. Voilà deux saisons à privilégier pour ceux
qui préfèrent éviter les températures extrêmes. Car l’été est une fournaise, à
cause de l’humidité.
Les
gens
J’aime bien les Américains ; ils sont
généralement affables. Les rapports entre individus sont moins compliqués qu’en
Europe. On pourrait croire que dans une cité carburant à l’adrénaline, les gens
seraient plus impatients. Ce n’est pas vraiment le cas.
En général, ils sont bien disposés à aider
les touristes égarés; et ils sourient. Comme partout ailleurs, on tombe sur des
rustauds mal embouchés, mais c’est plutôt rare. Voilà un premier mythe de
brisé.
La
sécurité
En voici un second : la ville est
dangereuse. C’était le cas il y a une vingtaine d’années, mais les
administrations municipales ont nettoyé leurs écuries. En y retournant cette
année, j’ai été frappé par la différence.
Les gens louches qui traînaient aux
alentours de Time Square ont disparu. D’ailleurs, la fameuse place grouille de
New-Yorkais et de touristes en verve; les cinémas pornos et autres peep shows
ont disparu.
Pendant ma semaine de tourisme, je n’ai vu
personne de vraiment inquiétant, y compris dans le Bronx (où je suis allé voir
le stade des Yankees) et dans Harlem (pour prendre le métro). De temps à autre,
on peut tomber sur des sans-abris ou des personnes souffrant de troubles
mentaux. Mais il n’y en pas plus qu’à Montréal.
De fait, New York est devenue la grande
ville américaine la plus sécuritaire. Si vous prenez les précautions les plus
élémentaires pour ne pas appâter les pickpockets et que vous faites attention,
rien ne devrait vous arriver.
À mon sens, la pire menace à la sécurité,
ce sont… les taxis. Ils ne font pas de quartier quand ils tournent. Alors si
vous pensez pouvoir traverser avant eux… mieux vaut leur laisser le passage.
Les
transports
Le taxi est justement un moyen de transport
à éviter. Pourquoi? Pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les frais de prise en
charge s’élèvent à 4,50 dollars; ensuite, les voitures jaunes sont souvent
prises dans la circulation et avancent à pas de tortue. Pendant ce temps, le
compteur tourne…
À partir de l’aéroport, il est beaucoup
plus avantageux de prendre le transport en commun ou une navette. Une course
vers le centre-ville en taxi peut en effet coûter une centaine de dollars, à
cause de la circulation, des frais de péage sur les ponts et du supplément pour
les bagages.
Le métro est le moyen le plus pratique de voyager en ville. Il va presque partout, les stations abondent et le prix est fixe, que vous descendiez à la station suivante ou à l’autre bout de la ville. Il est avantageux d’acheter une carte de transport Metrocard dans les automates, pour éviter de payer comptant. On peut la recharger à volonté. Les touristes apprécient la carte de sept jours car le nombre de courses est illimité. Celle-là, pas besoin de la recharger.
Toutefois, le métro new-yorkais a ses aléas
et ils sont nombreux. Tout d’abord il est quelque peu sordide. Les stations
sont vieilles, voire vétustes, et l’accent n’a pas été mis sur la convivialité
et le design. Oh que non.
Pire encore, il s’agit du métro est le plus
difficile à utiliser que j’ai vu. Et des métros j’en ai vus, ailleurs en
Amérique et un peu partout en Europe. Aucun n’est aussi frustrant que celui de
New York. Même le déroutant métro de Londres, l’enchevêtré métro de Paris, me
paraissent d’une simplicité enfantine comparés à celui de New York.
Les obstacles sont multiples. Tout d’abord
l’entrée des stations. À Montréal, les édicules sont visibles de loin. Pas à
New York. Un petit poteau coiffé d’un luminaire sphérique blanc et vert signale
l’entrée d’une station. Dans une ville qui brille de mille feux, les entrées de
métro sont pratiquement invisibles.
Ce n’est pas le plus petit problème. Une
station peut comporter plusieurs entrées. Celle que vous avez repérée peut vous
amener dans la mauvaise direction. Par exemple, vous êtes à Central Park et
voulez descendre vers le Financial District. Vous devez prendre la direction Downtown. Malheur! Votre entrée vous
mène vers le quai Uptown seulement.
On vous signale que les trains Downtown se prennent par l’entrée de la
rue Vanderbilt. Mais où est diable la rue Vanderbilt? Aucune indication. En
fait, une station peut comporter quatre ou cinq entrées éparpillées tout
autour.
Bon, vous avez enfin trouvé votre entrée Downtown. Mais attention! Ne sautez pas dans le premier train! Plusieurs lignes passent par le même quai. Pour arriver à bon port, il faut trouver celle qui se rend à la station visée. Par exemple la N. Ne prenez pas le train W qui lui file vers Brooklyn, de l’autre côté de la rivière! Ni la Q, ni la S qui s’en vont dans une autre direction.
Voilà enfin le train de la ligne N. Vous
êtes sauvé. Pas encore, car il y a deux types de trains : locaux et
express. Le train local arrête à toutes les stations; le train express en saute
plusieurs. Pratique quand on part d’un bout de la ville et qu’on ne souhaite
pas arrêter à quinze stations, chemin faisant. Mais le touriste qui ne fait pas
attention peut découvrir avec effroi que le métro qui allait le conduire au
Natural History Museum ne s’y arrête pas du tout et file vers Harlem! Diantre,
c’était un express! C’est arrivé à ma femme.
Le
coût de la vie
Les prix sont exorbitants. Monter dans une tour coûte environ 35 dollars; une salade dans la cafétéria d’un musée 15 dollars; un plat de pâtes, facilement 20 à 25 dollars; un plat de viande? Une quarantaine de dollars. Une entrée au musée? Facilement 25 dollars.
Les
attractions
Comme toutes les grandes métropoles, New
York regorge de centres d’intérêt. On peut y passer des semaines, des mois,
toute une vie sans en voir la fin. Les personnes cherchant de bons tuyaux
auraient intérêt à consulter YouTube. Des chroniqueuses comme Sarah Funk et Jennifer O’Brien offrent des conseils très intéressants pour bien
profiter de la ville.
L’attraction la plus célèbre est Time Square. Inondée de lumière, elle
est devenue une place réservée aux piétons. La foule s’y presse nuit et jour,
mais ce sont les illuminations géantes qui valent le détour. On y passerait des
heures. Le clou du voyage.
Difficile d’énumérer tout ce qu’il y a à
faire dans la Grosse Pomme. Allons-y par catégories.
Les
gratte-ciels : la montée du World Trade Center est à faire à tout
prix. L’ascension permet de visualiser une vidéo géniale montrant la
construction de la ville, du temps de la colonie jusqu’à notre époque. Au
sommet, la vue est époustouflante. La statue
de la Liberté est presque à nos pieds, tout comme le pont de Brooklyn. Au
loin, on aperçoit l’Empire State Building et Central Park… entre autres.
La montée des tours représente un problème
en pleine saison touristique à cause de l’affluence. Perdre deux heures à
attendre est frustrant. Mieux vaut réserver par Internet. Pour ce qui est du World Trade Center, on peut acheter un
billet coupe-file qui vient avec un audio-guide. Pour trois dollars de plus que
le prix régulier, pourquoi se priver?
Les touristes se ruent aussi à l’Empire State Building; en période de
pointe, l’attente peut être longue. Moins couru, le Top of the Rock, le sommet du Rockefeller
Center, offre une vue intéressante et une attente moins longue.
Le Chrysler Building est une splendeur art déco. On n’y grimpe pas, mais on peut en admirer le hall.
Tout le monde veut aller voir la statue de la Liberté. L’ennui c’est
qu’il faut débourser pour prendre le traversier. Ensuite, la statue est aussi
surveillée qu’un aéroport. Difficile d’y entrer et il est fortement conseillé
de réserver. Pour la saison de pointe, c’est des mois à l’avance…
Un truc : prendre le traversier vers Staten Island. Il est GRATUIT. Le bateau passe devant la
statue et offre les mêmes vues spectaculaires sur le centre-ville. À moins de
tenir absolument à vous rendre sur l’île de la Liberté, Staten Island constitue
un excellent moyen d’épargner.
Les
musées
Certains d’entre eux sont gratuits certains
durant une période restreinte. Une belle économie! L’ennui c’est qu’il faut
arriver tôt, faire la file et endurer la foule un peu partout. Mais épargner 25
dollars ici et là n’est pas un luxe dans la métropole américaine.
Le Metropolitan
Museum présente des collections qui font passer nos musées canadiens pour
des garages municipaux. Par exemple, la collection des antiquités égyptiennes
compte au moins 25 sarcophages, alors que quand il y en a un à Ottawa ou à Montréal,
c’est tout un évènement…
Que ce soit la peinture européenne, les
antiquités romaines ou bien l’art musulman qui vous intéressent, vous trouverez
(amplement) de quoi occuper votre journée.
Et ce n’est qu’un musée. Les arts sont bien
servis avec le Museum of Modern Art, la
collection Frick (avec des Monet… hi
hi) et le célèbre Gugenheim à
l’architecture révolutionnaire.
Le Natural
History Museum est une splendeur avec ses squelettes de dinosaures et ses
expositions impressionnantes sur l’astronomie. Une grande attraction en soi.
Les férus de politique ne voudront pas
manquer la visite de l’édifice des Nations
Unies.
Un musée chargé d’histoire est celui d’Ellis Island. C’est à cet endroit que
les bateaux déchargeaient les immigrants qui cherchaient la terre promise. Les
installations ont fermé depuis belle lurette et sont devenues un passionnant
musée sur l’immigration. On y explique en détail toutes les étapes que devaient
franchir les nouveaux arrivants.
Les
balades à ne pas manquer
La traversée
du pont de Brooklyn qui nous mène vers le Financial District, offre une vue
inoubliable sur la ville. Prendre le métro et descendre à High Street. On
marche ensuite sur une travée en bois, au-dessus du trafic routier et la vue
qui se dégage de Manhattan est inoubliable.
Mais avant de faire la grande traversée, il
faut parcourir les rues paisibles de Brooklyn
Heights, un havre de paix qui nous repose du rythme effréné de la
métropole. La promenade le long de l’East River, avec son panorama sur
Manhattan, est mémorable.
Central
Park a été construit vers la fin du XIXe siècle
pour permettre aux New-Yorkais de profiter un peu de la nature. Les espaces
verts sont rares dans la métropole. Les habitants profitent pleinement du parc
et musardent, lisent le journal, s’étendent sur l’herbe et jouent au ballon.
Sur le côté ouest, dans l’Upper West
Side, s’élèvent les deux tours gothiques du Dakota Building où ont résidé Lauren Bacall, Leonard Bernstein et
John Lennon. Une portion du parc, devant l’immeuble, a été rebaptisée
Strawberry Fields et comporte une rosace offerte par la ville de Naples. Y est
inscrit Imagine.
Le Financial
District est le cœur financier du monde. Une promenade dans Wall Street s’impose. Le Federal Hall est un temple de
l’histoire américaine où Washington a prêté serment pour la première fois.
La Cinquième Avenue, Park Avenue, Madison Avenue, entre autres, sont des musts. Elles sont bordées d’immeubles prestigieux. Armez-vous d’un bon guide de voyage pour mieux les apprécier. Et n’oubliez pas Broadway qui traverse la ville en diagonale.
Une ancienne voie de chemin de fer a été
transformée en promenade verte. Il s’agit de la High Line qui parcourt une vingtaine de rues, dans la partie sud-ouest
de Manhattan. L’hiver, elle est toutefois exposée aux vents de l’Hudson.
Les
hôtels
Loger à bas prix dans la métropole
américaine est une mission quasiment impossible. En haute saison, les chambres
sont hors de prix. Nous avons logé au Sheraton Time Square au mois de mars. La
chambre était incluse dans un forfait avec l’avion. Cet hôtel, d’un standing
semblable au Reine-Élisabeth de Montréal, demande 1200 dollars en haute saison.
Vous avez bien lu. Et ce n’était pas une suite, mais une chambre modeste.
Comme partout ailleurs, les tarifs baissent
quand on s’éloigne du centre-ville et des quartiers touristiques. Certains
visiteurs élisent domicile à Jersey City, juste en face de New York. Des hôtels
ont un service de navette qui partent régulièrement de Manhattan pour ramener
les clients à l’hôtel.
En revenant de voyage, nous avons été sidérés de voir que le Sheraton nous avait facturé des Daily Destination Fees de 28 dollars par nuitée. Une petite recherche sur le Web nous a permis de constater que certains établissements new-yorkais ont lancé cette pratique qui relève de la fraude pure et simple, pour rester poli. Le site Elliott Advocacy dénonce ces frais imposés sans avertissement aux clients, et qui ne se justifient absolument pas. Il donne la liste des hôtels qui arnaquent ainsi leurs clients.
Les restaurants
Manger à New York coûte horriblement cher.
Mais le choix est immense et on peut goûter à toutes les cuisines. Comme dans
toutes les grandes villes, les restaurants situés près des attractions ont
tendance à être plus chers. Les endroits à la mode aussi.
Nous avons découvert une multitude de
restaurants ethniques dans les environs de la Huitième et de la Neuvième
Avenue, dans Midtown, qui ne dévalisaient pas les convives.
Il est toujours préférable de faire des
réservations pour éviter d’attendre une heure avant d’avoir une table.
Les touristes pensent faire une bonne
affaire en allant dans Little Italy
ou le Chinatown. Il faut avoir une
bonne recommandation, cependant, car bien des endroits laissent à désirer.
La meilleure chose est de se munir d’un bon
guide de voyage. Je recommande le Routard
pour plusieurs raisons. Premièrement, il est fait par des Français pour qui la
qualité de la nourriture est importante; deuxièmement, ce guide cherche le
meilleur rapport qualité-prix; troisièmement, il est à l’affût des endroits
charmants et originaux…
Je peux vous dire que neuf fois sur dix, le
Routard nous a comblés.
Les
arnaques
Bon nombre de vidéos sur YouTube vous
mettent en garde contre les arnaques qui guettent les touristes.
Time Square est fascinant. Des amuseurs
publics déguisés en Spiderman et autres attirent les touristes. Toutefois, ils
exigent d’être payés si vous les prenez en photo. D’ailleurs, Time Square n’est
pas un bon endroit pour faire des achats, car les prix sont soufflés. Les
fameux t-shirts I Love NY et autres
souvenirs devraient être achetés dans des quartiers moins centraux.
Évitez aussi le Musée de Madame Tussaud. Il
y a trop à faire à New York pour perdre son temps dans un musée de cire.
Parfois, de faux moines bouddhistes vous
tendront un papier sur lequel est inscrite une maxime quelconque distillant une
sagesse de pacotille. Refusez net! Le faux moine vous demandera de l’argent.
Attention à ceux qui essaient d’attirer votre attention par tous les moyens. Ils essaient de vous distraire pendant que le type derrière vous fait les poches. D’ailleurs, soyez méfiant quand on vous tend quelque chose. Rien n’est donné à New York et si on vous remet un dépliant c’est qu’on veut votre argent.
Devant le terminal du traversier de Staten
Island, des arnaqueurs essaient parfois de vendre des billets pour le bateau.
Je le répète, celui-ci est GRATUIT.
Dans une des gares de la ville, certains
types vont vous faire croire qu’ils ont perdu leur portefeuille et qu’ils n’ont
pas d’argent pour rentrer à la maison. C’est un vieux truc. Envoyez-les paître.
Il existe un moyen simple d’éloigner les
importuns qui essaient de vous piéger : répondez en français! Les
Américains parlent rarement des langues étrangères. Soit dit en passant,
l’allemand, l’italien ou le norvégien fonctionnent également très bien.