Déporter un réfugié?

Les termes déporter et déportation sont des faux amis parfaits. On les voit et on les entend partout et le piège qu’ils recèlent passe le plus souvent inaperçu. De fait, il y a une différence énorme entre déporter quelqu’un en français et faire la même chose en anglais.

En fait, que signifie déporter? Voyons le Robert : « 1. Infliger la peine de déportation. 2. Envoyer à l’étranger dans un camp de concentration. » Déportation : « 1. Peine politique afflictive et infamante qui consistait dans le transport définitif du condamné hors du territoire continental français. 2. Internement dans un camp de concentration à l’étranger. »

On voit donc que le mot a un sens très fort en français.

Malheureusement le projet utopique de Donald Trump accapare toute l’attention et personne ne voit le faux ami. Comme cela arrive trop souvent, les médias tombent dans le piège, sans jamais se demander ce que signifie déportation en français.

On n’a qu’à songer aux grandes déportations de l’histoire, celles des Juifs en Allemagne ou, plus près de chez nous, celle des Acadiens.

À moins d’envoyer les réfugiés dans des camps de concentration à l’étranger, ou au bagne, quant à y être, il serait plus prudent de parler d’expulsion ou de renvoi.

On gardera le mot déportation pour des situations dramatiques comme la déportation des Acadiens en 1755 et celle des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. On ne déporte pas un réfugié du Canada, à moins de l’envoyer au bagne à l’autre bout du monde.

Bref, oubliez le mot déportation.

3 réflexions sur « Déporter un réfugié? »

  1. Pertinent, ce billet sur la déportation. Je m’indignais tout récemment de son usage injustifié dans les décisions que je révise. Oh, et bravo pour ton blogue!

    1. Merci Tatiana. Cela fait 25 ans que j’écris aux journalistes pour qu’ils bannissent ce faux-ami, mais le mot ressurgit sans cesse dans les médias.

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