Les termes déporter et déportation sont des faux amis parfaits. On les voit et on les entend partout et le piège qu’ils recèlent passe le plus souvent inaperçu. De fait, il y a une différence énorme entre déporter quelqu’un en français et faire la même chose en anglais.
En fait, que signifie déporter? Voyons le Robert : « 1. Infliger la peine de déportation. 2. Envoyer à l’étranger dans un camp de concentration. » Déportation : « 1. Peine politique afflictive et infamante qui consistait dans le transport définitif du condamné hors du territoire continental français. 2. Internement dans un camp de concentration à l’étranger. »
À en croire les médias, le gouvernement des États-Unis déporte à tour de bras les demandeurs du statut de réfugié dont la demande est refusée. Le phénomène est beaucoup plus rare au Canada. Le problème, on le voit tout de suite, est que les journalistes se sont probablement inspirés de dépêches rédigées en anglais, langue dans laquelle le terme deportation a le sens plus large d’expulser. Car c’est bel et bien d’expulsion qu’il s’agit.
On ne déporte pas des étrangers du Canada ou des États-Unis, on les expulse, on les renvoie.
On gardera le mot déportation pour des situations dramatiques comme la déportation des Acadiens en 1755 et celle des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. On ne déporte pas un réfugié du Canada, à moins de l’envoyer au bagne à l’autre bout du monde.
Bref, oubliez le mot déportation.
Pertinent, ce billet sur la déportation. Je m’indignais tout récemment de son usage injustifié dans les décisions que je révise. Oh, et bravo pour ton blogue!
Merci Tatiana. Cela fait 25 ans que j’écris aux journalistes pour qu’ils bannissent ce faux-ami, mais le mot ressurgit sans cesse dans les médias.