Archives de catégorie : États-Unis

Autres prédictions pour 2023

Grande-Bretagne

Le roi Charles III arrive en trottinette électrique pour son couronnement. Les services de sécurité ont eu un mal fou à le suivre, surtout quand il s’arrête à un kiosque pour manger un fish and chips sur le pouce.

À l’abbaye de Westminster, la confusion règne : la couronne royale a disparu ! Le prince Harry, qui a refusé d’assister à la cérémonie, a envoyé une vidéo à Scotland Yard pour révéler que c’est lui qui a dérobé la couronne et l’a emportée en Californie. « Mon père n’a jamais voulu me la prêter pour que je joue avec quand j’étais petit. C’est pas juste. »

Des témoins affirment avoir vu Meghan Markle la porter dans une discothèque de Los Angeles.

Le nouveau souverain annonce au lendemain de la cérémonie qu’il renonce à être le chef de l’Église anglicane. « L’État n’a pas à adhérer à quelque religion que ce soit ». Il instaure des séances de méditation zen lors des rencontres de la famille royale.

Charles III décide de convertir les châteaux de Balmoral et de Buckingham en Air B and B pour renflouer les coffres de la Couronne. Le roi déménage discrètement au 10 Downing Street où il loue un sous-sol meublé. Camilla claque la porte et se prend un appartement de luxe dans Kensington.

Musée des beaux-arts d’Ottawa

Poursuivant sa politique de rééducation du public, le Musée interdit l’admission aux personnes blanches et instaure la gratuité pour les personnes racisées. La direction présente un plan de décolonisation complète de l’institution qui passe par l’élimination de toutes les œuvres d’artistes blancs et leur remplacement par des productions autochtones, quelle qu’elles soient.

Les œuvres d’artistes blancs seront toutes brûlées dans une cérémonie d’expiation au cours de l’été 2023.

Réaction de l’Assemblée des premières nations : « Nous n’en demandions pas tant. »

Russie

L’arme russe s’enlise en Ukraine et Poutine est forcé de lever de nouvelles troupes. La population russe, totalement indifférente à l’Ukraine, prend conscience que l’intervention russe est finalement une guerre d’usure, contrairement à ce qu’affirment les médias nationaux. Les manifestations contre la guerre prennent de l’ampleur.

Sur le front, des mutineries éclatent. Les soldats en ont marre d’être mal nourris, sous-équipés et de voir que les corps de leurs collègues morts au combat ne sont même pas rapatriés dans la mère patrie et sont enterrés dans des fosses communes.

Des unités se mutinent et décident de rentrer en Russie. Des troupes fidèles au président essaient de les en empêcher. Des combats entre soldats russes éclatent, sous l’œil médusé des troupes ukrainiennes.

Les services secrets qui ont mis Poutine au pouvoir constatent que la guerre est perdue et que la Russie est déshonorée partout dans le monde. Mais ce sont surtout les sanctions qui touchent les oligarques qui font mal et c’est l’élément qui fait pencher la balance. Il est temps de se débarrasser de Poutine. Le président est assassiné dans sa datcha où il passait du bon temps en compagnie de prostituées mises à sa disposition par le Qatar. Officiellement, Poutine a succombé à la covid.

Le nouveau gouvernement s’empresse de retirer ses troupes d’Ukraine, tout en refusant de négocier quoi que ce soit avec Zelinsky. Pendant ce temps, le Kremlin doit faire place à une grave menace : des graffitis inquiétants sont apparus un peu partout sur les murs de Moscou : Démocratie.

Pendant ce temps aux États-Unis…

Joe Biden quitte la présidence en juillet 2023 après s’être perdu deux fois dans la Maison-Blanche et après avoir déclaré la guerre au Liechtenstein. La vice-présidente Kamala Harris lui succède et devient la première femme présidente des États-Unis. Les ventes d’armes augmentent et le Texas menace de faire sécession.

Du côté des républicains, Donald Trump continue de clamer qu’il a gagné en 2020, mais ses partisans s’éloignent peu à peu de lui, lassés par son discours passéiste. Les choses se compliquent lorsque le FBI découvre que l’or de Fort Knox a été discrètement transféré à Mar-a-Lago. Trump clame : Fake news !

Des milices paramilitaires d’extrême droite, des suprémacistes blancs ainsi que des complotistes et toute une nébuleuse conspirationniste affluent à Mar-a-Lago pour protéger l’ancien président. Ils sont armés jusqu’aux dents. Le FBI tente de pénétrer dans la résidence mais est repoussé par des tirs de roquettes. On compte plusieurs morts. Les Américains cherchent des roquettes dans tous les magasins; Wal-Mart a vendu toutes les siennes.

Le 6 janvier, l’armée est appelée en renfort, mais attend les heures de grande écoute avant de lancer l’assaut. L’opération est spectaculaire et filmée sous tous les angles par les drones des différents médias. Une immense explosion fait voler la résidence en éclats tandis qu’une pluie de dorures tombe sur les soldats américains.

Dans les débris, on retrouve les lingots d’or ainsi que 15 000 courriels de Vladimir Poutine. Les enquêteurs découvrent aussi des enregistrements porno tournés à Moscou, dont Trump est la vedette à son insu. Ils sont immédiatement mis en ligne sur PornHub, une entreprise canadienne.

L’ancien président demeure introuvable et les spéculations vont bon train. CNN annonce qu’il a été recueilli par un sous-marin russe; Fox News dit que Trump est mort, mais qu’il va ressusciter le troisième jour.

L’Église trumpienne du Troisième Jour est immédiatement fondée et les dons affluent. Des flagellants trumpistes parcourent les rues du Bible Belt et annoncent la fin du monde. Certains affirment que Trump a fait des guérisons miracles.

Les ventes d’armes montent en flèche.

Libertarien

Le Canada est le seul pays du G7 qui laisse sa capitale, Ottawa, être assiégée par des manifestants opposés aux mesures sanitaires depuis maintenant presque trois semaines, sans le moindrement réagir. Une sorte de 6 Janvier au ralenti se déroule chez nous et les divers gouvernements, tout comme les instances policières, sont paralysés de stupeur.

L’occupation du centre-ville d’Ottawa est devenue un véritable cirque, avec comptoirs de nourriture et structures pour les enfants. Certains ont installé un spa sous un froid sibérien. Ne manque plus qu’un spectacle de Céline Dion. Un Disneyland canadien mais avec de troublants drapeaux américains sudistes et quelques croix gammées.

Il est maintenant clair que le siège de la capitale canadienne, inimaginable ailleurs, a été financé à plus de 50 pour 100 par des Américains. Des militants déterminés clament qu’ils n’obéiront jamais aux ordres des policiers et entendent demeurer sur place tant que le gouvernement Trudeau, légitimement élu l’automne dernier, ne sera pas renversé. Là, on est très loin des protestations contre les mesures sanitaires, mais il est question d’un coup d’État planifié par des libertariens.

Une notion d’extrême droite

Ce mot est une curiosité linguistique aussi bien que politique. Il vient de l’anglais libertarian. Au sens strict du terme, il est question d’appliquer le libéralisme économique sans entrave, ce qui passe par la dérèglementation généralisée de l’économie et, en fin de compte, par l’abolition de l’État et de toutes les contraintes qu’il impose. Les libertariens prônent la liberté individuelle totale. N’est-ce pas l’essence du discours que l’on entend à Ottawa?

Bien sûr, la majorité des manifestants de la capitale n’ont pas poussé la réflexion aussi loin, mais certains l’ont fait à leur place.

L’extrême gauche

Cette liberté dans tous les azimuts rejoint celle que vise aussi l’extrême gauche. La doctrine marxiste-léniniste présente l’État comme l’instrument de l’oppression que la classe dominante exerce sur la population pour assurer sa domination. L’un des buts d’une révolution socialiste est d’abolir la classe parasitaire que sont les capitalistes pour donner le pouvoir aux travailleurs. L’État socialiste assure cette transition et doit être aboli ensuite pour laisser place au communisme. Les anarchistes sont plus pressés et prêchent pour l’abolition immédiate de l’État. Plus de gouvernement, plus d’administration nulle part.

Une convergence des extrêmes?

Apparemment, libertariens, anarchistes et communistes convergent dans leur désir d’instaurer une liberté totale, mais ce n’est pas le cas. La gauche veut l’abolition de l’État pour mettre fin au libéralisme économique, tandis que la droite veut créer un monde dans lequel les entreprises pourront s’enrichir sans aucune restriction.

Aux États-Unis, les libertariens appuient généralement Donald Trump; au Canada ils sont derrière Maxime Bernier et la frange radicale du Parti conservateur, qui a ouvertement appuyé les camionneurs.

L’occupation d’Ottawa est une percée majeure pour les libertariens canadiens et américains. Soyez assurés que plusieurs groupes extrémistes ont bien noté que le gouvernement Trudeau veut défendre l’Ukraine mais qu’il est incapable de rétablir l’ordre dans sa propre capitale.

Chirurgical

La notion d’attaque chirurgicale est apparue lors de la Guerre du Golfe en 1991. Cette expression n’est rien d’autre qu’un artifice de propagande visant à faire croire que ces attaques de haute précision épargnaient miraculeusement les civils.

Le terme venait bien de l’armée américaine et il s’est infiltré dans la langue française, au point de trouver sa place dans Le Petit Robert : « Attaque, frappe chirurgicale, d’une extrême précision. »

Le contexte est militaire, certes, mais le terme en l’objet a rapidement débordé dans d’autres domaines, particulièrement lorsqu’il est question de précision. Quelques exemples glanés dans le Web :

Ce cas montre bien que si on comprend les mécanismes du cerveau, on peut intervenir en thérapie avec une précision chirurgicale.

Des centaines de robots travaillent avec une précision chirurgicale : ils mettent en place les différentes pièces de tôlerie.

Des palettes localisées derrière le volant, et qui permettent des changements de rapports d‘une précision chirurgicale.

Le mot « chirurgical » est évocateur : on voit tout de suite le médecin qui manie le scalpel avec grand doigté, cherchant à épargner les tissus sains. Cette expression est reportée à des frappes militaires censées obtenir le même résultat, comme je l’ai dit.

Il n’en demeure pas moins que l’expression vient de la langue états-unienne et que bien des langagiers voudront la contourner. Alors, que dire?

En paraphrasant le Robert : d’une extrême précision, d’une grande précision; des mesures (très) ciblées, ultra précises; bien centrées, des mesures focalisées. Et pourquoi pas « des mesures qui s’attaquent directement au problème »? Je sais, le mot tabou problème vient d’être prononcé… Pour une fois, épargnons-nous ces ridicules enjeux

Comme on le voit, ce n’est pas une opération bien compliquée d’éviter le mot « chirurgical ».

Prochain article : le Téléjournal de Radio-Canada, massacré par les publicités envahissantes.

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André Racicot vient de faire paraître un ouvrage Plaidoyer pour une réforme du français.  Ce livre accessible à tous est la somme de ses réflexions sur l’histoire et l’évolution de la langue française. L’auteur y met en lumière les trop nombreuses complexités inutiles du français, qui gagnerait à se simplifier sans pour autant devenir simplet. Un ouvrage stimulant et instructif qui vous surprendra.

On peut le commander sur le site LesLibraires.ca ou encore aux éditions Crescendo.

Administration

La nouvelle administration Biden prend son envol… ou plutôt faudrait-il dire le nouveau gouvernement Biden?

Voilà une expression qu’on n’entend guère. Par le passé, autant les médias que les analystes se sont penchés sur les faits et gestes des administrations Kennedy, Nixon, Obama, etc. Pourtant il s’agissait bel et bien d’un anglicisme, comme le confirment les ouvrages de langues.

Le Petit Larousse :

Aux États-Unis, ensemble formé par le gouvernement proprement dit et par les conseillers engagés par le président pour l’aider à élaborer sa politique.

Car administration ne s’emploie pas pour le gouvernement d’un autre pays que les États-Unis. Imagine-t-on l’administration Macron en France? L’administration Merkel en Allemagne? Non.

En français, le mot administration s’entend de l’ensemble des services de l’État. On désigne souvent par ce mot les fonctionnaires.

Administration est donc un anglicisme passé dans l’usage, bref un américanisme.

Un autre américanisme est le mot convention, au sens de congrès d’un parti politique pour désigner un candidat à la présidence et son colistier.

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Investiture

Les médias francophones du Canada semblent avoir enfin abandonné cet anglicisme détestable inauguration de Joe Biden. Comme je l’ai indiqué dans un billet précédent, le terme exact est assermentation. Cependant, bien des médias parlent de l’investiture du nouveau président des États-Unis.

De multiples sources confirment que l’investiture, c’est le fait pour un parti politique de choisir un candidat à une élection. Par exemple, Kamala Harris a reçu l’investiture démocrate pour briguer un poste de sénatrice en Californie.

On pourrait croire que le terme ne convient pas parfaitement à la prise du pouvoir d’un nouveau président, bien que Joe Biden ait obtenu lui aussi l’investiture du Parti démocrate lors d’un congrès de cette formation tenu l’été dernier.

Mais l’investiture ne concerne pas uniquement un parti politique. Le Larousse donne aussi la définition suivante :

Procédure qui tend, en régime parlementaire, à accorder à un nouveau chef de gouvernement la confiance du Parlement.

On y est presque.

Dans le cas des États-Unis, c’est le vote du Collège électoral qui détermine l’élection du président. Ce Collège ne fait pas à proprement parler partie du Congrès; il s’agit plutôt d’une instance temporaire qui vote pour l’un des candidats, dans chaque État de la fédération américaine. Ce collège cesse d’exister dès qu’il a voté.

En étant très puriste, on pourrait crier à l’impropriété.

Investir

Investiture et investir forme un tandem imparfait en ce sens que le substantif et le verbe ne concordent pas parfaitement. C’est ce que j’appelle des mots orphelins ou encore des demi-frères.

Parce que le verbe investir possède un sens moins précis que le substantif. Dixit le Larousse :

Charger solennellement, officiellement, d’un pouvoir, d’un droit, d’une dignité.

Voilà exactement la teneur de la cérémonie d’assermentation du 20 janvier : investir Joe Biden des pouvoirs du président des États-Unis.

Les médias du Canada français ont remplacé inauguration par assermentation ou investiture. D’ailleurs, les médias français parlent eux aussi d’investiture. Ce dernier suit parfaitement la logique du verbe investir et il serait vraiment abusif de crier à l’erreur. Et ce pour deux raisons.

  1. Le sens des mots évolue et ils prennent parfois des significations nouvelles. C’est ce qu’on appelle l’évolution de la langue. Dans le cas présent, cette évolution n’est pas un anglicisme.
  2. L’emploi d’investiture ne débouche pas sur une absurdité linguistique, comme c’était le cas pour inauguration.

Comme c’est presque toujours le cas en français, il faudra attendre plusieurs années avant que les ouvrages de langue finissent par faire concorder investiture et investir. Malheureusement, il est bien possible que les dictionnaires ne confirment jamais cette évolution pourtant facile à recenser. Les lexicographes sont très conservateurs.

Entretemps, réjouissons-nous de l’investiture du président Biden et souhaitons-lui bonne chance. Il en aura besoin.

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Pennsylvania Avenue

Le président des États-Unis loge à la Maison-Blanche, située au 1600 Pennsylvania Avenue. C’est ce que vous dira tout moteur de recherche.

Peut-on traduire cette adresse?

Il semble bien que non, puisque les recherches « avenue de (la) Pennsylvanie » ne donnent pas de résultats probants, le langagier étant ramené à des sites en anglais qui parlent, évidemment, du 1600 Pennsylvania Avenue. Cette recherche, faussement candide de la part de l’auteur de ces lignes, conduit à un résultat qui n’a rien de très surprenant. Sauf pour Wikipédia qui, dans son article sur 1600 Pennsylvania Avenue, donne entre parenthèses la traduction avenue de Pennsylvanie.

Un tout petit doute s’installe. Toute personne ayant voyagé à New York constate que les guides en français parlent bel et bien de la Cinquième Avenue, de la 125e Rue. Alors pourquoi ces traductions soudaines? Alors que l’on dit Park Avenue, Madison Avenue, au lieu de l’avenue du Parc et de l’avenue Madison, ce qui serait pourtant très logique. Illogisme et incohérence sont les marques de commerce de l’usage.

De retour dans la capitale américaine. Bien d’autres artères portent des noms d’États et leur nom n’est jamais traduit. Et que penser des rues dont le nom se résume à une lettre de l’alphabet, comme K Street? La rue K?

Notre volonté de traduire dans la mesure du possible se heurte à un usage à la fois têtu et illogique. Ce qui est acceptable dans la métropole ne l’est plus dans la capitale et, au fond, dans les autres villes états-uniennes. Par exemple, on ne parle pas du boulevard du Crépuscule pour traduire Sunset Boulevard à Los Angeles. New York demeure donc l’exception qui confirme la règle. Dommage.

Quant à moi, je serais fort tenté d’utiliser avenue de la Pennsylvanie, dans un texte, ne serait-ce qu’à titre d’exception. Mais mes disciples ne seront pas légion, je le devine.

Washington DC

Cette appellation est pertinente en anglais, car on pourrait confondre la capitale avec l’État du nord-ouest des États-Unis. Elle l’est cependant beaucoup moins dans la langue de Molière.

Quand on dit que John habite à Washington, tout le monde comprend. Jane, elle, habite dans l’État de Washington (ou le Washington, comme on dit parfois). Le DC est donc parfaitement inutile en français.

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Insurrection

Êtes-vous vraiment surpris de ce qui se passe aux États-Unis? Moi pas, bien que ce serait présomptueux de ma part de prétendre que j’avais prévu les événements d’aujourd’hui. Comme tout le monde, je suis un peu dépassé par ce cirque carnavalesque qu’est devenue la présidence de Donald Trump.

Annoncer avant même la tenue du scrutin que s’il perd, c’est parce que l’élection sera truquée. Ensuite refuser de reconnaître sa défaite malgré les évidences qui s’accumulent. S’accrocher tant qu’il peut, encourager ses partisans à la violence, etc. Vous êtes étonné des résultats? En fait, j’étais surpris que des milices armées qui ont tenté d’intimider le personnel de certains bureaux électoraux ne soient pas allées plus loin le jour du scrutin. Je me disais qu’on s’était énervé pour rien. Pourtant…

Un coup d’État

La prise d’assaut du Congrès par les partisans de Trump est une première. Pour une fois, les journalistes auront raison d’employer le mot «historique».

C’est une insurrection en vue de perpétrer un coup d’État, soit de reverser le résultat des élections, résultat reconnu autant par les autorités politiques un peu partout aux États-Unis que par divers tribunaux. De plus un nombre croissant de républicains a reconnu la défaite du président sortant. Mais un nombre considérable a continué de fermer les yeux sur les frasques du psychopathe de la Maison-Blanche, par lâcheté et par aveuglement volontaire.

Ce n’est pas rien, les insurgés voulaient s’attaquer au vice-président Pence ainsi qu’à la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi. En fait, c’est aux institutions de la démocratie américaine que les insurgés trumpistes s’en prenaient.

Les républicains

Lorsque le fou furieux de la Maison-Blanche a pris le pouvoir, l’ancien président George Bush fils a déclaré que le Parti républicain pourrait disparaître. Cette prophétie n’est pas dénuée de fondement. Les républicains devront se demander comment ils ont pu laisser leur parti être infiltré par des militants d’extrême droite du Tea Party, avant de tomber sous la coupe d’un sociopathe dangereux en la personne de Donald Trump.

Il est quelque peu risible de voir ce dernier et son vice-président Pence lancer des appels au calme après avoir toléré pendant quatre ans des illuminés fascisants, armés jusqu’aux dents, dans leur propre parti. Comme on dit, qui sème le vent récolte la tempête.

Une insurrection salutaire?

L’assaut donné au Congrès est peut-être l’électrochoc dont les Américains avaient besoin pour s’ouvrir les yeux. Le président Trump a fait énormément de tort à la démocratie américaine. Son dénigrement du processus électoral n’est que la dernière infamie. Tout au long de sa présidence, il a bafoué le système constitutionnel subtil des États-Unis. Il en a dénigré les institutions, a agi comme s’il était un empereur élu, a insulté ses adversaires, ses alliés, les leaders étrangers, craché sur l’OTAN qui empêché l’Union soviétique de mettre l’Europe sous sa coupe. Comme le disait le président Obama, il n’a jamais été capable de s’élever au niveau de sa fonction.

Et les Américains l’auraient réélu, n’eût été la covid.

Il y aura beaucoup de questions à se poser dans les prochains mois, tant chez les Américains que chez les républicains. Et je serais bien en peine d’essayer d’y répondre. Mais je dois dire que je commence à me demander si les États-Unis ne sont pas en train de glisser dans une guerre civile.

Centers for Disease Control and Prevention

En cette période de pandémie, il est souvent question des Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis. Les rédacteurs ont tendance à laisser cette appellation en anglais, tandis que d’autres y vont d’une traduction logique, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies.

Les appellations américaines suscitent la confusion. Le premier réflexe est de les garder telles quelles, comme pour l’Office of Management and Budget. Pourtant, bien d’autres institutions états-uniennes se déclinent en français : la Réserve fédérale américaine, le département d’État, etc.

Dans le cas présent, il n’y a tout simplement pas de règle, seulement des exceptions. Les piliers de la démocratie étasunienne (cette graphie est correcte) ont vu leur nom traduit : la Maison-Blanche, le Congrès, la Chambre des représentants, etc. Quant aux organismes, eh bien c’est l’anarchie tyrannique de l’usage. Pour compliquer les choses, certains organismes sont mieux connus par leur sigle : le FBI, la CIA. Les traductions Bureau fédéral des enquêtes, police fédérale, Agence spatiale américaines se voient parfois.

Dans ce contexte, on peut très bien décider de traduire les Centers for Disease Control and Prevention, car aucune règle ne s’y oppose. En outre, l’actualité a mis en vedette ces centres et il n’y a aucune raison de garder à tout prix l’appellation anglaise.

Traductions

L’Office of Management and Budget précité se traduit par le Bureau de la gestion et du budget. Cette traduction coule de source et devrait nous inspirer.

Je propose la ligne de conduite suivante :

  • Lorsqu’un organisme jouit d’une certaine notoriété, il faut essayer d’en traduire le nom. – L’Agence de protection de l’environnement
  • Les noms d’organismes moins connus qui se traduisent facilement en français devraient être traduits. – Les Services postaux américains
  • Les appellations plus compliquées, comme la Commodity Futures Trading Commission, et peu connues peuvent rester en anglais.

Dès qu’on s’écarte des organismes connus, la tendance lourde est de tout garder en anglais. Les francs-tireurs comme moi dérangent et franciser n’est pas toujours une tâche facile.

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Inauguration

Le 20 janvier prochain le président élu Joe Biden prêtera serment sur les marches du Capitole. Cette cérémonie solennelle, à laquelle assistent habituellement le président sortant (battu aux élections ou en fin de second mandat) est appelée assermentation.

En anglais, on parle d’inauguration. Ce terme est souvent repris par les observateurs – à tort malheureusement. Il est temps qu’on en finisse avec cet anglicisme ronflant de cérémonie d’inauguration.

Cette expression ne passe pas en français. Dans notre langue, on inaugure un bâtiment, comme en témoigne Le Petit Larousse :

Cérémonie, acte par lequel on procède officiellement à l’installation, à la mise en service d’un monument, d’un édifice, d’une construction, etc. : Inauguration d’un établissement scolaire.

Le Petit Robert ajoute la nuance suivante :

FIG. et LITT. Commencement, début. L’inauguration d’une nouvelle politique.

Comme on le voit, on n’inaugure pas un président. Certains rédacteurs anglicisants seront tentés de parler de l’inauguration de la présidence de Biden. Cette solution est un peu forcée, mais les plus zélés pourront s’appuyer d’une certaine manière sur un usage dépassé, signalé par l’Académie (eh oui, surprise!).

Jadis, le terme inauguration était utilisé pour des personnes. Mais, nous précise Le Trésor de la langue française, il s’agissait d’une « Cérémonie religieuse qui se pratique au sacre, au couronnement des souverains. L’inauguration d’un empereur. » L’ouvrage souligne que cet emploi est vieilli.

Intronisation

Dans un sens figuré, on sera tenté de parler de l’intronisation de Joe Biden. Ce n’est pas parfaitement exact, au sens strict du terme, et même carrément antirépublicain. On sait que la Révolution américaine était dirigée contre la monarchie britannique.

Être intronisé, c’est monter sur un trône. Dans le passé, des politologues ont parlé de présidence impériale et celle qui s’achève pourrait certainement prêter flanc à ce genre d’accusation. Mais, compte tenu des multiples obstacles qui attendent Joe Biden, tant au Congrès que dans la société civile, il sera risqué de parler de présidence impériale. Le terme intronisation est donc à écarter.

Investiture

Au sens moderne, une investiture est un acte par lequel un parti politique désigne un candidat à une élection. Les loustics diront que les élections primaires aux États-Unis pourraient être considérées comme des querelles d’investiture, pour faire allusion à ce conflit historique entre les papes et les empereurs germaniques.

Pour être plus sérieux, M. Biden a remporté l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle de 2020.

Mais le terme investiture n’est pas totalement dénué de logique, comme je l’explique dans un autre article.

Assermentation

Le vote des grands électeurs est officiellement dépouillé le 14 décembre. Le 6 janvier, le Sénat reconnaît officiellement le résultat du scrutin, ce qui est normalement une formalité. Suit la cérémonie d’assermentation du nouveau président des États-Unis qui se déroule devant le Capitole, le 20 janvier.

Campagne

La campagne de Donald Le-mot-en-T refuse de concéder la victoire à l’élection présidentielle. Cette phrase parait correcte et pourtant elle ne l’est pas.

Le mot « campagne » possède deux sens précis, le premier étant une région rurale, une vaste étendue de pays plat et vallonné.  On vit à la campagne et non en campagne, puisque dans cette deuxième expression on se réfère à un contexte d’ordre militaire et électoral.

En effet, des soldats sont en campagne lorsqu’ils mènent des actions militaires. Les historiens racontent la campagne d’Égypte de Napoléon Bonaparte.

Au Canada, on pourrait dire : « Du haut de ces bancs de neige quatre cents ans d’anglicismes vous contemplent. »

Car la campagne d’un candidat à une élection est l’ensemble des opérations menées pour se faire élire. Le candidat et son équipe sont alors en campagne électorale. Cependant, le mot « campagne employé seul ne peut désigner tout le personnel qui entoure le candidat. Il faut plutôt parler de l’équipe de campagne.

Imagine-t-on la phrase suivante : « La campagne de Napoléon a décidé de battre en retraite et de quitter la Russie » ?

Dans le cas du président déchu on pourrait donc dire :

L’équipe de campagne de T*** refuse de concéder la victoire; les partisans du président sortant refusent de concéder l’élection, bien que ce terme soit moins précis. Tout dépend de qui on parle.

Chose certaine, il faut éviter cet autre calque grossier de l’anglais. Une campagne ne décide de rien, une campagne n’est pas un ensemble de personnes.

On lira avec intérêt mon article sur le trumpisme.

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