Du coup

La locution du coup est devenue un tic langagier omniprésent en France. Elle sert à la fois de conjonction et d’adverbe. Quiconque écoute la télé française ou regarde des films doublés dans l’Hexagone ne peut qu’être frappé par la popularité de l’expression.

Citation du journal Le Figaro.

C’est ce qui s’appelle une expression coup-de-poing. Avec elle, toutes les conjonctions adverbiales et locutions sont tombées. Assommées. « Du coup » s’est littéralement imposé. Partout. « On ne sort pas ce soir. On fait quoi du coup? », « il ne veut pas manger de salade, du coup je fais des haricots », etc. Les exemples sont nombreux et éloquents.

Utiliser du coup comme un adverbe, avec le sens d’aussitôt, constitue une faute.

Lorsque du coup marque un enchainement, une conséquence, il est facile à remplacer par les mots et locutions suivantes : donc, par conséquent, dans ses conditions, conséquemment, alors, c’est donc dire, ce qui fait que, de ce fait, ainsi, partant de là, par là même.

Et pourquoi pas, subséquemment?

Autre tic observé, terminer les phrases par voilà! On dirait que le locuteur ne sait pas comment marquer la fin de son intervention et sent le besoin de l’exprimer à haute voix. Le français a traversé les siècles sans clore ses énoncés par cette préposition. Pourquoi ne pas poursuivre dans la même voie?

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André Racicot vient de faire paraître un ouvrage Plaidoyer pour une réforme du français.  Ce livre accessible à tous est la somme de ses réflexions sur l’histoire et l’évolution de la langue française. L’auteur y met en lumière les trop nombreuses complexités inutiles du français, qui gagnerait à se simplifier sans pour autant devenir simplet. Un ouvrage stimulant et instructif qui vous surprendra.

On peut le commander sur le site LesLibraires.ca ou encore aux éditions Crescendo.

Publié

Voici le dernier article d’une série publiée dans mon blogue sur l’expérience d’écrire.

Le rêve de tout écrivain est d’être publié et c’est un rêve que je caressais depuis l’école primaire. Déjà à cette époque, avant que je devienne un lecteur boulimique, j’écrivais des récits de toutes sortes.

Adolescent, j’essayais d’imaginer le moment merveilleux où un éditeur m’appellerait ou encore m’enverrait une lettre pour confirmer que mon manuscrit avait reçu l’assentiment du comité de lecture. Il y aurait ensuite un lancement et mon talent serait enfin reconnu. La voie était tracée.

Présenter un manuscrit

J’ai vite constaté que les choses n’allaient pas se dérouler ainsi. Mes écrits maladroits de l’adolescence étaient rejetés les uns après les autres; je recevais des lettres stéréotypées me disant que le programme des publications était déjà très chargé…

Parfois, un éditeur avait la générosité d’analyser mon opus et de me faire des commentaires plus éclairants.

Rendu à l’âge adulte, mes écrits sont devenus plus songés, les personnages nettement plus intéressants. Une maturité nouvelle animait ma prose. Malgré tout, je continuais de collectionner les lettres de refus…

J’ai compris que les éditeurs ne roulaient pas sur l’or et qu’ils ont certains impératifs de rentabilité à respecter. Il faut vraiment arriver juste au bon moment pour avoir une chance d’être publié. Si l’éditeur n’a plus d’argent ou qu’il a déjà sorti ses 25 livres pour cette année, il ne publiera jamais votre roman ou votre essai, même si c’est un chef-d’œuvre. 

Comble de tout, les éditeurs font des bourdes, notamment parce qu’ils n’ont pas le temps de tout lire. Une amie ayant siégé à un comité de lecture déplorait la désinvolture avec laquelle étaient traités le flot de manuscrits présentés. Beaucoup ne sont pas lus, on regarde la première page, on feuillète le manuscrit pour en lire un passage ici et là et ensuite la poubelle. En outre, les préférences personnelles de tel ou tel lecteur pèsent lourd dans la balance : je n’aime pas ton style ou ton genre d’histoire, donc ça ne vaut rien. Des textes très valables sont ainsi écartés d’office.

Mes romans et nouvelles n’ont jamais trouvé preneur et ce sont plutôt des textes didactiques qui ont fini par être édités. Une liste de noms de pays, un chapitre dans Le guide du rédacteur du Bureau de la traduction viennent rejoindre mon essai dont le titre est celui de la prochaine section.

Plaidoyer pour une réforme du français

Cet ouvrage est le fruit des réflexions de toute une vie sur la langue française et ses trop nombreuses aberrations. Il s’appuie sur de longues recherches sur l’histoire et l’évolution de notre langue; la bibliographie est solide; l’ouvrage est étayé par de nombreux exemples percutants qui démontrent que même les plus érudits font des fautes, y compris des académiciens. Bref, ce n’était pas un torchon que je soumettais.

Je l’ai envoyé aux grands éditeurs québécois habituels et un seul a daigné me répondre. Car, pandémie oblige, ou progression de l’incivilité, les éditeurs ne répondent plus. À un accusé de réception par courriel succède le silence radio.

Jadis, les éditeurs se fendaient d’une lettre officielle qu’ils envoyaient par la poste. De nos jours, ils ne veulent même pas se donner la peine d’envoyer un courriel de refus, ce qui exige pourtant moins de manipulations. En fait un seul éditeur, le Druide, s’est donné la peine de me répondre (à part Marcel Broquet, bien entendu). Le message était somme toute sympathique : il reconnaissait la valeur de mon travail, en soulignant le caractère impressionnant des recherches menées et de la synthèse, tout en regrettant de ne pouvoir le publier, car il ne correspondait pas au type d’ouvrage de la maison. Pour une fois, les excuses étaient sincères.

J’ai finalement fait parvenir le manuscrit aux éditions Marcel Broquet, une maison qui publie des ouvrages diversifiés de grande qualité. Le jour même où j’ai envoyé mon texte par courriel (cela se fait maintenant), j’ai reçu un appel de M. Broquet. Mon ouvrage lui paraissait fort intéressant et il allait l’étudier avec soin, me dit-il. J’étais abasourdi. Pour la première fois, un éditeur s’adressait à moi, directement et avec célérité. J’avais sûrement rêvé.

Le lendemain, M. Broquet m’appelle à nouveau pour me demander pourquoi j’ai fait disparaitre les accents circonflexes dans mon texte… J’applique les rectifications de 1990, lui ai-je répondu. Très bien, je poursuis ma lecture, me dit-il. Trois jours plus tard mon livre était accepté.

Édition d’un livre

Le processus de publication d’un livre me réservait quelques autres surprises.  

Un manuscrit, même relu plusieurs fois, n’est jamais parfait. Les langagiers savent que le cerveau se fatigue vite de relire la même chose et qu’à un moment donné, il ne voit plus rien. L’éditeur a lu mon livre, ma femme s’est improvisée correctrice elle aussi, et moi je me suis encore une fois relu. Tout ce travail a permis de repérer un certain nombre de coquilles et des petites incohérences dans le texte.

Et pourtant… Les épreuves envoyées par l’éditeur, la dernière étape avant la publication, me réservaient de nouvelles épreuves, si je puis dire. D’autres coquilles nous avaient échappé, la liste des 36 recommandations en fin de livre comportait une répétition qui avait échappé à tout le monde. Comble de malheur, j’avais omis une recommandation importante. Hélas le moment était mal choisi pour apporter d’autres corrections.

J’allais faire la connaissance d’une autre équipe, celle des graphistes. J’ai vite compris qu’ils sont très réticents à modifier le texte qu’ils ont joliment agrémenté d’encadrés en couleur et d’autres artifices de présentation. Un travail d’orfèvre auquel il est bien imprudent de vouloir toucher. Je les comprends, ils y ont mis tellement d’efforts. Autant demander à Léonard de faire des retouches à la Joconde…

Certaines corrections ont été apportées, mais pas toutes.

Bienvenu dans la réalité, cher auteur.

Publication d’un livre

Le chef-d’œuvre jamais aussi parfait que souhaité sort des presses. Il est magnifique, revêtu de sa sobre couverture verte, rappelant celle du Bescherelle (ce n’est pas un hasard). Élégant comme une Mercédès, il entreprend son voyage dans les librairies.

Je mets un certain temps à le recevoir, car je vis en Outaouais et l’éditeur est à Québec, alors je tâte mon opus chéri pour la première fois dans une librairie de la capitale nationale. Ma femme insiste auprès d’une jeune libraire pour qu’il soit mis en évidence sur une table de nouveautés; la libraire est impressionnée de voir un auteur en chair et en os…

Bien entendu, le sujet du livre ne le rend pas très facile à vendre (aucun danger qu’il fasse concurrence à Marie Laberge ou à Christyne Brouillet). Dans toutes les librairies que je visite, je constate que mon livre se retrouve dans la section des dictionnaires, tout en bas des tablettes. On n’en voit que la tranche, ce qui n’est pas de nature à attirer l’attention… Sauf si un lecteur discret le prend dans ses mains et le plaque par-dessus la couverture du Petit Robert ou du Français au bureau, eux placés en haut et de face…

Le sort réservé au Plaidoyer dans les librairies ne m’étonne pas; celui que lui ont réservé les médias jusqu’à maintenant me déçoit énormément. J’aurais pensé que les médias de l’Outaouais s’y seraient intéressés, car, après tout, ce n’est pas tous les jours qu’un auteur de la région fait paraitre un ouvrage sur une réforme du français, d’autant plus que ledit ouvrage est unique au Québec, sauf erreur. Cela ne semble pas suffire, le journal d’Ottawa Le Droit ne s’est pas montré intéressé, pas plus que la télé locale, dont les chroniqueurs ne se sont pas donné la peine de répondre. Idem pour ceux de La Presse et du Devoir, sans parler de Radio-Canada.

Mon éditeur a aussi fait des démarches, mais rien n’a encore débloqué. Immense déception que tout cela. Et les salons du livres sont frappés par la pandémie…

Mince consolation, les bibliothèques publiques ont acheté le livre; il figurera donc dans leur catalogue et les personnes faisant une recherche sur l’histoire du français, par exemple, pourraient le voir apparaitre dans le sommaire des ouvrages disponibles. Mon plaidoyer va donc s’inscrire dans le continuum du temps, malgré l’affront des médias. Quelqu’un finira bien par me lire, avant ma mort, je l’espère.

Si vous désirez vous procurer mon opus, veuillez cliquer sur les liens suivants :

Tréma

Dans un article paru dans Le Devoir en 2020, le journaliste Jean-François Nadeau décrivait la prolifération du tréma dans les raisons sociales au Québec et à l’étranger. Cette tendance vient, quant à moi, d’un mimétisme maladroit par rapport à certaines langues scandinaves, comme le suédois et le finnois. (Le danois et le norvégien n’utilisent pas le tréma.)

Le suédois et le finnois utilisent régulièrement le tréma pour infléchir la prononciation de certaines voyelles, bien que le finnois ne soit pas une langue germanique comme le suédois.

Toujours est-il que la Scandinavie est associée, à tort ou à raison, à un certain art de vivre, moderne, dépouillé et tout ce que vous voudrez, qui fait tendance, comme on dit. Insuffler un certain exotisme à des noms de marques est irrésistible. Voici quelques exemples que relevait Nadeau :

  • NüBerri
  • Le projet domiciliaire Fridöm
  • Kabïnn
  • Les appartements Blü
  • Förena, une « cité thermale »
  • La crème glacée Häagen-Dazs, un autre de ces faux noms danois, celui-ci patenté de toutes pièces par un Polonais du Bronx, et qui ne veut strictement rien dire, lui non plus, dans aucune langue.
  • Iögo, votre yougourt.
  • Motörhead
  • Humör, votre slip à bas prix bien québécois de la maison Simons.

Le tréma dans les autres langues

Le tréma n’est pas l’apanage des langues scandinaves. On le voit en allemand comme en turc, aussi en hongrois, entre autres. Dans la langue de Goethe, par exemple, placer un tréma sur le o a une incidence : il se prononce eu et non plus o.

Le tréma n’est donc pas un accessoire décoratif sans effet, comme semblent le croire les agents de publicité. D’ailleurs la question de la prononciation se pose dans les marques précitées. Quelqu’un peut m’expliquer comment le tréma dans Häagen-Dazs doit être prononcé? Et le zs final? Doit-on dire Frideum quand on lit Fridöm? Et que peut bien signifier le ï dans Kabïnn? Vacuité? Insignifiance?

Le tréma en français

En français le tréma indique que la voyelle qui précède doit être prononcée séparément. Par exemple ambiguë.

Or l’Académie française a changé son fusil d’épaule et précise que le tréma doit être placé sur la voyelle qui doit être prononcée avec son timbre propre : aigüe, ambigüe, ambigüité, cigüe, exigüe, etc.

En outre, signale Joseph Hanse, « Elle a (…) décidé de mettre un tréma sur u dans certains mots pour lutter contre une prononciation défectueuse: argüer, gageüre, mangeüre, rougeüre, vergeüre. » Fort bien, mais bilinguisme a été laissé de côté. On devrait écrire bilingüisme.

Ai-je besoin de préciser que ces changements, pourtant très logiques, n’ont pas pénétré l’usage?

Qu’on le mette sur une voyelle ou sur une autre, le tréma a son utilité la plupart du temps. Dans certains cas, toutefois, son inutilité est flagrante, comme dans Noël. On pourrait lui emprunter son tréma et le transférer à arguer, que beaucoup d’érudits prononcent (logiquement) ar-gué, et non ar-gu-é. Le saviez-vous?

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André Racicot vient de faire paraître un ouvrage Plaidoyer pour une réforme du français.  Ce livre accessible à tous est la somme de ses réflexions sur l’histoire et l’évolution de la langue française. L’auteur y met en lumière les trop nombreuses complexités inutiles du français, qui gagnerait à se simplifier sans pour autant devenir simplet. Un ouvrage stimulant et instructif qui vous surprendra.

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Futur

Le futur constitue la temporalité majeure du Pour-Soi, dans la philosophie de Jean-Paul Sartre. Je vous laisse le soin de spéculer sur le sens profond de cette affirmation.

Le mot futur y est employé au sens d’« avenir » et certains condamnent cet usage. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est bien établi. Le Robert signale que l’utilisation de futur est abusive et influencée par l’anglais, dans une locution comme « Le passé, le présent et le futur. »

Je suis d’accord pour dire que l’influence de l’anglais est ici palpable, si ce n’est que le sens demeure clair et qu’il correspond à la définition que donne le même ouvrage du mot en question :

Partie du temps qui vient après le présent.

Plus jeune, je lisais des livres dans la collection Présence du futur, aux éditions Gallimard. Il s’agissait d’ouvrages de science-fiction, autre anglicisme bien implanté. Il serait possible de parler de romans d’anticipation, mais cette expression n’a pas la cote et pourrait être considérée comme appartenant au passé… Rien à voir avec le futur, bref.

Tout cela pour dire que l’on peut discerner une certaine influence de l’anglais dans l’emploi du mot futur, mais qu’il me parait difficile de le condamner, malgré tout. Quant à cette lorgnette grossissante vers le futur qu’est la science-fiction, il serait bien malaisé de tenter de l’éradiquer, même dans un futur, pardon, un avenir lointain.

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André Racicot vient de faire paraître un ouvrage Plaidoyer pour une réforme du français.  Ce livre accessible à tous est la somme de ses réflexions sur l’histoire et l’évolution de la langue française. L’auteur y met en lumière les trop nombreuses complexités inutiles du français, qui gagnerait à se simplifier sans pour autant devenir simplet. Un ouvrage stimulant et instructif qui vous surprendra.

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Binge watching

La crise sanitaire engendrée par la covid-19 et tous les (re)confinements qui se sont ensuivis nous ont transformés en reclus involontaires. Cette interminable hibernation a changé nos habitudes, le moins qu’on puisse dire.

Comme bien des gens, j’ai davantage exploré Netflix, cette caverne d’Ali Baba de séries étrangères souvent passionnantes. Comme bien d’autres je me suis attelé aux Peaky Blinders, Enquêtes internes et, plus récemment, Le serpent, des émissions regardées en rafale, c’est-à-dire en quelques soirées seulement, à coups de plusieurs épisodes à la fois.

C’est ce qu’on appelle en anglais le binge watching. Le terme a été repris dans le bulletin français de Netflix, avec en prime le verbe binge watcher. Je vous laisse deviner dans quel pays ce bulletin « français » est rédigé…

Au Canada on a fait l’effort de traduire et les idées ne manquent pas.  Cette façon de regarder la télé s’apparente à un gavage, une boulimie. Il y a quelque chose de compulsif. D’où les expressions de gavage télévisuel, visionnage boulimique, glouton, excessif, compulsif. On voit tout de suite que ces traductions sont quelque peu péjoratives, alors que visionnage en rafale est plus neutre.

En espagnol, on dit « maratón de series ». Ça me plaît… Et il semble que cette formulation est passée en français : se lancer dans un marathon de séries.

Quant à y être, pourquoi pas « se souler d’une série », sur le modèle de binge drinking?

Mais d’autres pistes peuvent être explorées. Si on disait que j’ai dévoré la série Enquêtes internes, une des meilleures jamais produites sur le monde de la police britannique, il me semble que tout le monde comprendrait. Quand on dévore, on mange à toute vitesse.

Dans la même veine : avaler une série, la visionner sans pouvoir s’arrêter, y être accroché, ne pas pouvoir en décrocher. Être accro à une série, ça vous arrive?

Quelles sont vos recommandations? Pour les bonnes séries et la traduction de cette expression.

Merci à certains de mes abonnés (et non followers) dans Twitter pour leurs suggestions.

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André Racicot vient de faire paraître un ouvrage Plaidoyer pour une réforme du français.  Ce livre accessible à tous est la somme de ses réflexions sur l’histoire et l’évolution de la langue française. L’auteur y met en lumière les trop nombreuses complexités inutiles du français, qui gagnerait à se simplifier sans pour autant devenir simplet. Un ouvrage stimulant et instructif qui vous surprendra.

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Influenceur

On me pardonnera cette chronique quelque peu narcissique.

Aujourd’hui, la notion d’influenceur.

Question existentielle : suis-je un influenceur?

Qu’est-ce qu’un influenceur?

En gros, une personne se servant de son blogue ou d’une plate-forme comme YouTube pour propager ses opinions et influencer un groupe d’individus. Le Larousse précise que cette influence s’étend sur l’opinion publique, voire sur les décideurs.

Évidemment, tout dépend de ce qu’est un groupe d’individus et de sa taille. En outre, il faut aussi – et surtout – considérer le nombre d’abonnés. Quand on regarde l’influence qu’ont certaines personnalités connues, on revient vite sur le plancher des vaches.

Personnellement, je compte 1903 abonnés sur Twitter; Guy A. Lepage en a 455 000, Karine Vanasse, 87 000. J’ai des croûtes à manger…

Ce serait bien prétentieux de dire que moi, je suis un influenceur.

Quand on parle d’influenceurs, il est surtout question de personnalités très connues, dans le monde du journalisme, de la politique et de cette race nouvelle apparue au cours des dernières années : celles qui se font connaitre dans les médias sociaux.

Ce sont par exemple des filles qui analysent des produits de beauté, des cuisiniers qui exercent leur art sur YouTube.

Je n’ai pas la prétention de rejoindre autant de personnes. La question de la langue française n’est pas celle qui excite tellement les foules; la difficulté que j’ai à attirer l’attention des médias sur mon livre en est une preuve brutale (gros soupir).

Sauf que…

Les chiffres parlent

Mon blogue attire l’attention d’un public spécialisé qui n’a rien à voir avec celui des grandes vedettes artistiques et médiatiques (le pouvoir de l’adjectivite!). Il est évidemment oiseux de faire des comparaisons avec ces gens qui défilent régulièrement dans les médias, l’un invitant l’autre à son émission…

Mais, toutes proportions gardées, je pense quand même obtenir un certains succès.

En consultant les statistiques de mon blogue, je me rends compte que mes articles sont beaucoup plus lus que je ne l’imaginais. C’est même assez renversant.

J’ai donc une certaine influence dans un monde relativement restreint.

La publication d’un nouvel article suscite une certaine anxiété… (Voir mon article sur ce mot.) Combien de gens vont le lire? Je vois assez vite si j’ai fait mouche… Si le compteur du blogue affiche quelques dizaines de personnes en moins d’une heure, je sais que de 300 à 400 personnes l’auront lu en fin de journée.

Pour ceux que ça intéresse, le record mondial, absolu et jamais égalé (un nouveau record) pour une journée est mon article sur le français au Québec et en France. Il a eu un grand retentissement (façon de parler). Je m’attendais à des critiques outrées de Québécois susceptibles, convaincus de parler un excellent français… eh bien non! Beaucoup m’ont félicité de mon courage. Des Français y ont réagi avec sympathie; ils ignoraient que le français était si précaire au Canada.

Certains articles suscitent des centaines de clics, mais pas toujours les articles que j’attends. Au cours du dernier trimestre, les textes les plus populaires sont les suivants :

  1. Empowerment.
  2. États-Unis : pluriel ou singulier?
  3. Finnois ou Finlandais?
  4. Des chevals?
  5. Le français au Québec et en France.

Ah, les fameux chevals… Qui aurait pensé? Le billet a été publié en mars 2018. Mais s’il avait paru en 2013, il caracolerait sûrement en tête de peloton.

J’écris mes articles depuis mars 2013. Certains d’entre eux sont dans le paysage depuis un bon bout de temps. Je constate que les billets à saveur géographique retiennent beaucoup l’attention. Voici les articles les plus lus depuis la création du blogue, avec le nombre de clics :

  1. Finnois ou Finlandais?                                   30 031
  2. Écrire et traduire les adresses.                      15 9345
  3. États-Unis : pluriel ou singulier?                   15 237
  4. Iraq ou Irak?                                                  8 193
  5. Sinophones ou magyarophones.                  7 672
  6. Politiciens ou politiques?                                7 221
  7. Empowerement.                                           7 173
  8. Les majuscules : des règles à revoir.             7 066
  9. Viet Nam ou Vietnam?                                  6 562
  10. Seconde ou Deuxième Guerre mondiale?    4 952

Courrier

Tenir un blogue suscite des réactions de toutes sortes. Certaines font chaud au cœur, tandis que d’autres sont vraiment décevantes. Je vous renvoie à un article écrit l’an dernier à ce sujet. Qui écrit à un blogueur/influenceur?

Anxieux

On dit souvent que la dépression est le mal du siècle, mais l’anxiété ne laisse pas sa place, surtout en période de pandémie. L’anxiété, qui vient du latin anxietas, est cette appréhension de l’imminence d’un évènement dangereux. Les personnes éprouvant cette émotion sont anxieuses.

L’anglais anxiety a le même sens que son équivalent français. Son adjectif anxious a aussi le même sens qu’anxieux. On relève toutefois une définition assez surprenante :

Intensely, desirous, eager

Le Collins donne comme exemple : anxious for promotion.

On pourrait penser qu’il s’agit d’un sens spécifique à l’anglais, cette langue ne concordant pas toujours avec le français, comme nous le savons.

Être anxieux de…

Pourtant une petite surprise nous attend au détour. Pas besoin d’éprouver de l’anxiété… pour être anxieux. En effet, l’expression être anxieux s’entend au sens d’être désireux, impatient de faire quelque chose. Le Larousse précise : « attendre quelque chose avec une grande impatience ».

Le calque syntaxique parait évident. Tant le Dictionnaire des anglicismes de Colpron que le Multidictionnaire sanctionnent l’expression, la dénonçant comme un anglicisme.

La cause semble entendue, mais attendons un peu avant de crier au calque!

Ni le Robert ni le Larousse n’indique que cette expression vient de l’anglais, ce qui est déjà suspect. Eh bien le calque n’est pas du tout là où on le croit.

Surprise! Le Trésor de la langue française recense l’expression « être anxieux de »:

Qui éprouve, témoigne de l’anxiété, dont l’extrême tension nerveuse résulte d’une attente vécue dans le plaisir.

Cette tournure m’a toujours parue suspecte et quelque peu absurde. Être anxieux n’est pas un état agréable et attendre avec impatience un évènement heureux ne génère pas d’anxiété au sens classique du terme.

Pas étonnant que bien des langagiers tiquent. Dans son célèbre ouvrage, Meertens suggère « être très désireux, soucieux, avide de… » Une variante : « Souhaiter vivement, tenir beaucoup à… » Il semble donc que c’est finalement l’anglais qui a calqué le français, comme cela s’est produit souvent. Être langagier rend parfois anxieux, n’est-ce pas?