Contre-terrorisme

L’attentat commis par les rebelles pro-russes d’Ukraine contre un avion malaisien nous rappelle que le terrorisme peut prendre plusieurs formes.

La lutte contre le terrorisme aussi, entre autres sur le plan linguistique. Il est courant d’entendre des commentateurs parler de «contre-terrorisme», sans qu’ils ne se rendent compte de ce qu’ils disent. Voyons la définition qu’en donne le Larousse : «Ensemble d’actions ripostant au terrorisme par des moyens analogues.» Oui, vous avez bien lu.

Le contre-terrorisme n’est pas une série de moyens adoptés par un État pour se protéger, comme la surveillance des personnes suspectes, mais bien l’emploi des mêmes méthodes : attentats à la bombe, enlèvements, etc.

L’anglais a un mot bien précis pour désigner la lutte au contre le terrorisme : counter-terrorism. Tiens donc! Autre calque de l’anglais? Ignorance? Les paris sont ouverts.

Le plus troublant est que le ministère de la Défense de France emploie le terme contre-terrorisme pour parler de la lutte contre le terrorisme. Le ministère a-t-il été infiltré?

 

 

États-Unien

Le mot fait peur, il suscite parfois un brin d’ironie, on l’emploie en croyant badiner, alors qu’il est tout ce qu’il y a de plus acceptable. Car, oui, États-Unien est bel et bien français et figure dans les dictionnaires depuis belle lurette. Le Petit Robert le date de 1955. Il n’y a aucune nuance péjorative.

Voilà le mot rêvé pour remplacer Américain, cette impropriété passée dans l’usage. Évidemment, il serait ridicule d’imaginer qu’un jour Américain sera évincé par États-Unien. Néanmoins, voilà une façon plus logique de désigner nos voisins du Sud.

Le terme Américain va de paire avec Amérique, qui tantôt désigne un continent, tantôt un pays. Cette confusion existe surtout en français, car nos voisins ne se cassent plus la tête avec America, qui, dans leur esprit, est un diminutif de United States of America. Quant au continent, lui, ils l’appellent the Americas.

Cette phraséologie a déteint sur notre langue. Bon nombre de journalistes des deux côtés de l’Atlantique appellent les États-Unis Amérique. L’un des premiers auteurs à le faire fut Alexis de Tocqueville, avec son livre De la démocratie en Amérique. Toutefois, ce toponyme a aussi conservé le sens de continent américain… D’où l’ambiguïté dans notre langue.

Certaines locutions passées dans l’usage se construisent avec Amérique, par exemple l’Amérique profonde. On imagine mal les États-Unis profonds.

Pour compliquer les choses, des graphies parallèles sont apparues : Étasunien et Étazunien. Celles-là risquent de susciter l’hilarité.

Bien entendu, il ne saurait être question de chercher à bannir Américain, trop bien implanté depuis deux siècles. Voyons États-Unien comme une solution de rechange pouvant parfois être utile.