Toast

Toast

Le mot toast s’emploie au masculin lorsqu’il est question de lever son verre en l’honneur de quelqu’un. On porte un toast à un invité.

Par ailleurs, au Québec, nous mangeons des toasts, aussi appelées rôties. Or les toasts, aussi bien que les rôties, sont bien beurrées, car les toasts sont de genre féminin par chez nous.

Le substantif a donné naissance au verbe toaster, qui signifie faire griller légèrement.

Moustiquaire

Les personnes immigrant au Canada sont parfois étonnées de voir tous ces moustiquaires dans les fenêtres et certains s’empressent de les enlever. Pour leur plus grand malheur!

Car le Canada n’est pas seulement un pays de neige et de glace, mais aussi un pays dont les étés peuvent être torrides et chargés d’humidité. Ce genre de température favorise la prolifération des moustiques – appelés maringouins dans notre pays. L’utilité des moustiquaires s’impose. Le buzz est donné…

Une nouvelle surprise attend les Européens, pour qui une moustiquaire est forcément de genre féminin. Voilà qui piquera leur curiosité : les Canadiens parlent d’un moustiquaire. De quoi piquer la curiosité…

Trampoline

Sauter à la trampoline peut représenter un saut dans l’inconnu, si vous êtes Africain, Européen ou Asiatique. En effet, le mot se décline au masculin ailleurs qu’au Canada. Entendre « le trampoline » ressemble pour nous à une faute de genre.

Voilà déjà un second billet sur les mots à deux genres. Si vous en voyez d’autres que j’ai oubliés, n’hésitez pas à m’écrire.

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André Racicot vient de faire paraître un ouvrage Plaidoyer pour une réforme du français.  Ce livre accessible à tous est la somme de ses réflexions sur l’histoire et l’évolution de la langue française. L’auteur y met en lumière les trop nombreuses complexités inutiles du français, qui gagnerait à se simplifier sans pour autant devenir simplet. Un ouvrage stimulant et instructif qui vous surprendra.

On peut le commander sur le site LesLibraires.ca ou encore aux éditions Crescendo.

Job

Le français parlé en Europe et celui parlé en Amérique diffère de bien des manières. On peut observer la même chose entre l’espagnol parlé en Espagne et celui pratiqué en Amérique latine. Idem pour le portugais et le brésilien.

Nord-Américains et francophones d’Europe partagent certains anglicismes, mais pour des raisons difficiles à cerner, les genres attribués diffèrent.

Job

Des deux côtés de l’Atlantique, job est un petit boulot qui peut devenir un vrai travail. Au Québec, on dit une job, tandis qu’en Europe il est question d’un job.

Les variantes québécoises amuseront les autres lecteurs et lectrices.

  • Une grosse job : tout un travail.
  • Une job de bras : demander à des voyous d’aller casser la figure de quelqu’un.
  • Faire la job à quelqu’un est le résultat d’une job de bras.
  • Faire la job tout court… faire le travail.

Covid

L’exemple le plus frappant et le plus récent est celui de la pandémie actuelle.

Au Québec, on a tout d’abord dit le COVID, mais cette formulation a été promptement rectifiée : la COVID, puisque l’acronyme anglais signifie maladie du coronavirus, le D désignant le mot disease.

Comme le constatent les auditeurs québécois canadiens, le bulletin d’information de TV5 utilise plutôt le masculin : « le COVID », comme si l’abréviation désignait le virus, qui porte un autre nom, en fait.

Les lecteurs attentifs auront remarqué que le titre de cette rubrique est écrit en minuscule. Je ne fais que suivre la même logique qu’avec sida, acronyme devenu nom commun depuis un bon bout de temps. Ce n’est qu’une question de temps avant que covid n’entre dans les dictionnaires tout en minuscule –- en étant, souhaitons-le qu’un douloureux souvenir du début de la troisième décennie du siècle.

Van

En Europe, un van peut être aussi bien un fourgon servant à transporter des chevaux qu’une fourgonnette transportant des personnes. Au Québec, les deux sens existent mais une van peut aussi être un camion plus long.

Si vous avez d’autres exemples, n’hésitez pas à m’en faire part.

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Amarsissage

Je viens de lire dans Le Devoir un néologisme : amarsissage. Flanqué d’un autre néologisme : astromobile… enfin pas si néo que cela. Le terme figure en effet dans le Larousse : « Véhicule conçu pour se déplacer à la surface d’un astre autre que la Terre. »

Le rover Perseverance s’est donc posé sur la planète rouge et cet exploit pourrait amener une évolution du vocabulaire. Celle-ci ne se fera cependant pas sans heurt.

L’expression amarsissage ne se posera pas en douceur sur la langue française, car elle soulève la question suivante : devra-t-on forger d’autres néologismes du genre lorsqu’un vaisseau se posera sur Vénus, sur Neptune? Aurons-nous un vénussage, un neptunage?

Mais ne dit-on pas déjà alunissage, alors où est le problème, se demanderont certains. Justement, il y en a un. L’Académie fait valoir que le terme atterrissage convient parfaitement, parce qu’il renvoie non pas à la planète Terre, mais à la terre comme synonyme de sol. C’est donc dire qu’un vaisseau peut atterrir aussi bien sur la Lune que sur Mars ou Mercure.

Cette restriction a l’avantage d’être simple et claire, chose extrêmement rare en français, la simplicité n’étant pas l’apanage de notre langue, comme je l’explique dans mon ouvrage Plaidoyer pour une réforme du français.

L’anglais ne se pose pas ce genre de question puisqu’il est question de landing, peu importe l’endroit où l’on atterrit. Pour une fois, le français a la chance d’être aussi simple, alors que trop souvent les deux langues sont à des années-lumière.

Un article du Figaro fait le point sur alunissage et amarsissage : https://tinyurl.com/gk46wq24.

Acheter

Le verbe acheter s’entend habituellement de l’action de se procurer un bien matériel ou un droit. Mais il s’utilise aussi de manière plus abstraite.

En français

Ces temps-ci, plusieurs recteurs d’université s’abaissent à acheter la paix. On peut donc acheter autre chose que des objets matériels.

Le Petit Robert cite l’auteur Jacques Roumain : « La confiance, c’est presque un mystère. Ça ne s’achète pas et ça n’a pas de prix. »

Mais le plus souvent, le verbe en question implique de verser une somme d’argent. D’ailleurs, le Robert définit le verbe acheter de la manière suivante : « Obtenir un avantage au prix d’un sacrifice. » Par exemple, les gouvernements achètent la libération de certains otages.

Il est également possible d’acheter le silence d’un témoin gênant.

En anglais

« Acheter du temps. » Voilà ce qui arrive quand on est confronté à une situation embêtante et qu’on souhaite l’éviter. Avez-vous déjà essayé de trouver du temps dans des sites commerciaux comme eBay? Évidemment non. Le temps ne s’achète pas, à moins de penser en anglais.

En français, on gagne du temps. Voir mon billet à ce sujet.

En anglais, on entend parfois la réplique suivante : « I don’t buy that. » il serait malvenu de la traduire par « Je n’achète pas cela. » De manière plus idiomatique, on répondra que l’on n’est pas d’accord, qu’on ne croit pas telle chose.

Comme cela arrive très souvent, le champ sémantique anglais apparait comme un boulevard. Dans l’autre langue officielle du Canada, on peut acheter une idée, un mythe, une théorie, etc. En fait, cela signifie que l’anglais nous ouvre plein de portes qui, en français, nous claquent au nez.

En français, on adhère à une idée, à une théorie; on croit les fausses nouvelles et tous les mythes qu’elles propagent.

Revenons à « I don’t buy that. » Selon le contexte, le francophone pourra moduler sa traduction :

  • Je m’y oppose.
  • Je m’élève contre cette idée.
  • Ce point de vue m’apparait erroné.
  • Ça n’a aucun sens.
  • C’est de la folie pure.
  • Jamais de la vie!

Péninsule

Qu’est-ce que la péninsule Ibérique?

  1. Une pointe de terre dans l’Antarctique.
  2. Le Portugal et l’Espagne.
  3. La portion méridionale de la Corée du Sud.

La plupart d’entre vous aurez opté pour la seconde réponse. Si je vous avais demandé ce qu’est la péninsule Arabique, vous n’auriez eu aucun mal à me pointer sur une mappemonde ce vaste territoire découpé en plusieurs États, dont l’Arabie saoudite.

Les deux expressions s’écrivent de la même façon, c’est-à-dire avec la majuscule à l’élément déterminatif, puisqu’il s’agit d’une appellation géographique. Jusqu’ici tout va bien.

Mais les choses se compliquent rapidement, car des péninsules il y en a un grand nombre un peu partout dans le monde. À commencer par la péninsule acadienne, ici au Canada. Mais pensons aussi à la Corée dans son ensemble, la péninsule coréenne, à l’Italie, qui peut aussi être qualifiée de péninsule italienne.

On aura remarqué que ces dernières appellations sont écrites en minuscules. Autrement dit, la logique appliquée aux péninsules ibérique et arabique ne tient plus. Étrange. De fait, ce sont plutôt les appellations péninsule Ibérique et péninsule Arabique qui surprennent avec leur majuscule. Pourquoi ces deux exceptions? Selon la même logique, on devrait écrire péninsule Coréenne, par exemple.

Pourtant, Le Petit Robert continue d’indiquer que la péninsule regroupant le Portugal et l’Espagne s’appelle Ibérique avec majuscule. D’ailleurs, celle-ci peut se formuler de manière elliptique : la Péninsule. Je me demande combien de francophones dans le monde diraient spontanément, sans la moindre hésitation, que la péninsule Ibérique est la seule que l’on peut appeler la Péninsule tout court.

Bref, il y a incohérence.

Dans mon ouvrage, Plaidoyer pour une réforme du français, je propose d’adopter pour les toponymes le régime de la majuscule double, soit une pour le générique et une pour le spécifique. Ce qui donnerait :

La Péninsule Ibérique, la Péninsule Arabique, la Péninsule Acadienne, Bretonne, etc.

L’autre solution consisterait à tout mettre en minuscule, comme le veut la tradition française d’aplatissement des appellations et de méfiance farouche envers la majuscule. Ce qui donnerait ceci :

La péninsule ibérique, la péninsule arabique, la péninsule acadienne, bretonne, etc.

Évidemment ce serait plus simple et les esprits conservateurs seraient confortés. Mais quel ennui! Des noms ayant une valeur quasi officielle relégués au rang des marteaux et des tournevis.

Vous lirez avec intérêt mon article sur la Crise des majuscules.

De seconde main

Bien des consommateurs achètent des véhicules de seconde main parce qu’ils sont moins chers. En lisant cette phrase, les langagiers crient à l’anglicisme, accusation étayée par les mises en garde qu’on peut lire dans Le dictionnaire des anglicismes et le Multidictionnaire.

Pourtant, l’expression existe bel et bien français. Alors qu’en est-il?

Dans le premier ouvrage, surnommé le Colpron, il est fait état d’une voiture usagée, traduction exacte de second hand car. Comme on le voit, l’anglais s’est encore une fois abreuvé à la fontaine du français. Dans l’opus de Marie-Éva de Villers, seconde main signifie indirectement et non pas usagé.

Cette définition rejoint celle figurant dans le dictionnaire de l’Académie qui parle d’un bien acquis indirectement, sans passer par un intermédiaire.

Le Petit Robert précise : « Voiture de première, de seconde main, qui a eu un, deux propriétaires précédents. » Il va sans dire qu’une telle voiture est forcément usagée. Mais on voit tout de suite que l’expression en l’objet n’est pas la traduction exacte de l’anglais second hand.

C’est donc dire que la langue de Shakespeare a donné à seconde main un sens légèrement différent, phénomène tout à fait normal lorsqu’une langue fait des emprunts à sa voisine.

Par conséquent, on peut acheter une voiture de seconde main uniquement si elle a eu deux propriétaires précédents, sinon il faut parler d’une voiture usagée.

Je reviens à la définition du Trésor de la langue française, qui parle de l’acquisition indirecte d’un bien. Par exemple, une collectionneuse pourrait acheter une statue médiévale de seconde main par l’intermédiaire d’un antiquaire. Dans ce cas, il ne s’agit évidemment pas d’une statue usagée.

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André Racicot vient de faire paraître un ouvrage Plaidoyer pour une réforme du français.  Ce livre accessible à tous est la somme de ses réflexions sur l’histoire et l’évolution de la langue française. L’auteur y met en lumière les trop nombreuses complexités inutiles du français, qui gagnerait à se simplifier sans pour autant devenir simplet. Un ouvrage stimulant et instructif qui vous surprendra.

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Sponsor

Assez souvent la France et le Québec expriment des réalités avec des mots différents. Les deux pays font des emprunts lexicaux à l’anglais, mais ce ne sont pas toujours les mêmes.

Il est amusant de constater que des anglicismes implantés depuis longtemps au Québec apparaissent dans l’Hexagone. On entend parfois « C’est fun », forme raccourcie du québécois « C’est le fun », avec variante « Avoir du fun. » Dans une série française, quelle ne fut pas ma surpr­­­­ise d’entendre checker, immensément populaire ici.

Par contre, bon nombre d’anglicismes franco-français ont été traduits au Québec; que l’on pense à ferry rendu par traversier. L’un d’entre eux est sponsor, et ses dérivés sponsorisation, sponsoriser et sponsoring. Voilà des termes qui sont font rares dans notre contrée enneigée.

D’après le dictionnaire Collins, sponsor viendrait du latin spondere, promettre solennellement. Un sponsor-commanditaire-parrain est une personne physique ou morale qui soutient financièrement une entreprise. Par exemple, les maillots des joueurs de football européens et des coureurs automobiles portent les écussons de leurs sponsors.

En français

Au Québec, une entreprise commandite un tournoi de golf. On dit alors qu’elle est le commanditaire de l’évènement (anglicisme québécois venant de l’anglais event, qui signifie dans ce contexte manifestation).

On peut substituer au mot commandite le terme parrainage. Une entreprise peut être le parrain d’un évènement.

Il n’y a pas si longtemps, le site Facebook parlait d’une page sponsorisée. Facebook semble avoir rectifié sa terminologie – du moins au Québec – et parle maintenant d’une page commanditée.

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Sniper

Le mot claque comme un coup de fouet. Il est facile à prononcer pour les francophones qui se débattent avec la prononciation anglaise. Il désigne une réalité contemporaine que l’on peut associer à des conflits récents partout dans le monde. Bref, l’anglicisme idéal.

Idéal, certes, mais on peut facilement le remplacer par tireur isolé, tireur embusqué. Mais demander à tous ceux qui le canardent dans leurs discours de revenir au français constitue un coup d’épée dans l’eau… ou autant de balles perdues, si vous préférez.

Franc-tireur

Je lisais récemment dans la Débâcle d’Émile Zola cette jolie expression qui m’apparut soudain quelque peu surannée. Franc-tireur, voilà un terme qu’on n’entend plus de nos jours. Je me suis demandé s’il ne pourrait pas remplacer l’anglicisme sniper.

Pas tout à fait. Un franc-tireur n’est pas tout à fait la même chose qu’un tireur embusqué. Il s’agit plutôt d’un combattant n’appartenant pas à l’armée régulière. « Dans les armées de la Révolution française, soldat de certains corps d’infanterie légère. », précise le Petit Larousse. Jadis, les francs-tireurs étaient issus des corps francs, ces soldats qui se portaient volontaires pour défendre leur pays.

Un franc-tireur est aussi une personne qui fait bande à part dans un groupe.

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Robuste

Lu ce matin dans Le Devoir : « Prions pour que son instinct soit robuste. » Pardon? Quid? L’éditorialiste parlait des mesures d’allègement liées à la covid envisagées par le premier ministre Legault.

Le mot robuste commence à proliférer dans les médias francophones du Canada et devinez pourquoi? Sous l’influence de l’anglais. Bien vu, chers lecteurs et lectrices.

En tant que tel, le mot n’est pas vraiment erroné, sauf qu’il n’est pas toujours à sa place, comme dans la phrase citée en début de texte. Il y a dans ce cas un problème de cooccurrence.

Le mot en l’objet est souvent associé à des mesures, à un plan. Bien entendu, sous forme métaphorique, on peut à la rigueur parler de mesures robustes, ce dernier mot étant un synonyme de solides. Mais avouons que sur le plan stylistique on a déjà vu mieux.

Des mesures peuvent être énergiques, vigoureuses, fermes, bien étayées, entre autres.

Un plan robuste? Que diriez-vous d’un plan ambitieux, d’envergure, entre autres?

Encore une fois, les rédacteurs anglicisés se rabattent sur un mot fétiche qui devient vite un passe-partout. Les exemples médiatiques ne manquent pas : les nauséeux impact, partager, significatif, voyageurs internationaux, etc. ont envahi les ondes et la presse écrite.