Les personnes qui œuvrent sur la scène politique ne sont pas désignées de la même façon des deux côtés de l’Atlantique. Au Québec, on parle plutôt de politiciens, tandis qu’en Europe il est question de politiques.
Ce dernier terme se voit rarement chez nous; certains le considèrent même comme pédant.
Le problème avec politicien, c’est l’ambivalence. On peut en effet l’employer de façon neutre au sens d’une « personne qui exerce une action politique », comme l’indique Le Petit Robert. Toutefois ce même mot cache un côté sombre qui apparaît dans l’adjectif, mais aussi dans le substantif.
Pensons aux expressions suivantes : promesse de politicien (non tenue); manœuvre politicienne (retorse); réponse de politicien (esquive). Le Petit Larousse précise : « Qui relève d’une politique intrigante et intéressée. »
Le mot en question nous est venu par l’anglais… qui s’est inspiré du français politique.
Dans la langue d’Obama, il est employé de manière neutre, mais aussi in a derogatory sense, pour reprendre la phraséologie du Collins.
Par contre, le substantif politique est plus neutre. On parle d’une personne qui gouverne, tout simplement. Cette définition, proposée par Le Petit Robert, est restrictive, car elle écarte les membres de l’opposition. Le Larousse est plus précis : « Homme ou femme politique. »
C’est pourquoi, l’expression les politiques, pour désigner la classe politique dans son ensemble, me paraît plus juste. Malheureusement, elle n’est guère usitée au Canada.