Le mot consensus est très populaire. Il y a des consensus partout et à force d’en entendre parler on finit par oublier la définition exacte de ce terme.
Accord d’une forte majorité de l’opinion publique.
Voilà ce que nous dit Le Petit Robert.
Mais rédacteurs et rédactrices l’entendent-ils de cette oreille?
Si on relit la définition, il n’échappera à personne que l’expression large consensus est quelque peu redondante. Un peu comme une première priorité…
Ce qui amène la question suivante : un vaste consensus est-il lui aussi un pléonasme?
D’après les traductions aux parlements canadiens et européens, il ne semble pas. Les expressions a wide, a broad, a widespread consensus étaient rendues par un vaste consensus. Je pense que c’est discutable.
Apparemment, on peut calibrer nos consensus… Un fort consensus est la traduction de strong consensus. Là encore je tique. Il me semble que si, par définition, un consensus représente une forte majorité, il devient exagéré de préciser qu’il était fort. À moins qu’il ne soit plus fort que fort?
Quant à nous amuser ainsi, poursuivons… Je ne pensais pas trouver un consensus unanime dans les textes parlementaires, et pourtant… J’ai retracé l’expression dans les textes parlementaires canadiens et européens, ainsi que dans quelques officines fédérales canadiennes. Je dois dire que j’en perds mon latin.
Autre spécimen : le consensus commun, déclaré pléonasmique par l’Office québécois de la langue française. Un accord entre plusieurs personnes est forcément commun, précise l’Office, qui propose aussi consensus général comme solution possible.
Après avoir obtenu un consensus général chez ses conseillers municipaux, le maire a présenté son plan d’aménagement à la population.
Tous ces exemples me donnent à penser qu’il n’y a guère de consensus chez les francophones sur la portée de cette expression. À l’instar d’impact et d’historique, elle est peut-être victime de sa trop grande popularité.
À mon avis, le mot consensus est à mettre la même catégorie que plupart et majorité, c’est-à-dire des mots qui désignent une vague quantité d’éléments supérieure à 50 %. Malgré les apparences, consensus n’est pas synonyme d’unanimité. D’où cette possibilité, comme c’est le cas de plupart et majorité de qualifier consensus de multiples façons.