« Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés. » Dixit La Fontaine. C’est un peu ce que l’on pourrait écrire au sujet de cette véritable épidémie d’impacts qui dévaste la langue journalistique depuis plus d’une décennie. Il n’est pas rare de l’entendre deux fois et plus dans la même phrase. La chef d’antenne du Téléjournal de Radio-Canada l’emploie sans relâche.
Pourtant les synonymes existent : retentissement, effets, conséquences, contrecoups, etc.
Malheureusement, les médias contaminent le public, ce qui mène à un appauvrissement du vocabulaire. Nous avons des impacts partout : en économie, en politique, en environnement, dans les services sociaux, dans les transports en commun, etc.
Il faut être conscient qu’un impact est un choc violent : l’impact d’une collision entre deux véhicules; l’impact d’une balle de pistolet dans un mur. Normalement, le terme devrait être réservé à ce genre de circonstances. Bien entendu, on peut l’employer sous forme de métaphore ou d’hyperbole, pour amplifier notre propos, et c’est justement ce à quoi nous assistons tous les jours, sous l’influence de l’anglais, il va sans dire.
L’ennui, c’est qu’à force d’utiliser impact dans tous les contextes, il finit par s’émousser. Surtout quand n’importe quelle conséquence, de la plus banale à la plus grave, devient un impact.
En finir avec impact
Avec un peu d’imagination, on peut pourtant remplacer cet envahisseur par un verbe. Quelques suggestions : se répercuter sur, avoir un retentissement sur, faire sentir ses effets sur, influer sur, retentir sur, avoir des répercussions…
Soulignons que le mot fait maintenant partie d’expressions consacrées, comme impact médiatique, impact environnemental, étude d’impact environnemental. On aurait pu trouver mieux.
Impact a malheureusement enfanté un monstre : impacter, qui fait l’objet d’un autre billet.
J’ai lu et entendu dans les médias français le verbe « impacter »… Joli, non?
Le problème n’est pas tant qu’il soit envahissant, mais qu’il soit utilisé à mauvais escient.
En français (de France en tout cas), l’impact est creux. Au figuré, il est donc négatif.
Mais depuis quelques années, il est aussi utilisé pour parler des effets positifs, comme en anglais (Google trends montre d’ailleurs un pic pour les recherches du mot « impact » en France en juillet 2005).
Cela, à mon sens, rend la généralisation de son usage exaspérante.
Quand au néologisme « impacter », j’avoue qu’il me tape sur les nerfs.
« Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés. »
C’est la citation exacte de La Fontaine (« Les animaux malades de la peste »).
C’est peut-être sous l’influence de son ubiquité en anglais depuis plusieurs décennies. Les anglophones d’Amérique du Nord avaient commencé de l’utiliser à la place de « affect » pour ne pas le confondre avec « effect ». That will affect inflation. > That will imparct inflation.