Archives de catégorie : Politique

État et gouvernement

État

Le mot État s’écrit avec la majuscule initiale lorsqu’il désigne une autorité administrative.

        Il est dans les prérogatives de l’État d’assurer l’ordre public.

      Les États membres de l’Onu disposent d’un siège à l’Assemblée générale.

Quant au mot gouvernement, il s’écrit toujours avec la minuscule initiale, sauf dans les proclamations et dans les textes diplomatiques.

            Le gouvernement du Bénin lance une nouvelle politique. L’État prendra désormais en charge les plus démunis.

Pour ce qui est de l’abréviation ONU, elle s’écrit généralement toute en majuscules. Les Européens ont tendance à écrire les acronymes avec la majuscule initiale. Cette façon de faire est plutôt rare en Amérique, mais elle n’est pas fautive en soi.

Suisse

Le premier août marque la fête nationale de la Suisse. Voici quelques expériences que j’ai vécues dans le pays de Guillaume Tell. C’est le récit décousu d’un Québécois dans la vingtaine (à l’époque) qui veut rendre hommage à ce pays aux paysages époustouflants.

Le Musée de la pipe…

À Lausanne, je découvre dans une brochure touristique le Musée de la pipe. Il ne fait pas partie du circuit officiel et les droits d’entrée sont plus élevés qu’ailleurs, mais le jeu en vaut la chandelle. Le collectionneur Jacques Schmied a rassemblé plus de 2 000 pipes ! Il y a de toutes les sortes et certaines sont très originales. Malheureusement, le musée a fermé ses portes en 2010, lorsque M. Schmied est décédé. Je me demande bien où sont rendues toutes ces pipes.

Un drapeau du Québec

Dans une taverne en Suisse romande – je pense que c’était à Fribourg – j’aperçois un drapeau du Québec suspendu au plafond, en compagnie de plusieurs étendards régionaux suisses. Intrigué, je demande à un serveur ce que le drapeau de mon pays fait là. Perplexe, il est incapable de me répondre, n’ayant pas la moindre idée de ce qu’est au juste le Québec.

Toujours dans un restaurant, un client d’une autre table m’adresse la parole en patois local. C’est du français, mais je ne comprends pas un mot de ce qu’il me dit. Il met fin à la conversation, embarrassé.

Mes recherches de science politique m’ont amené à étudier le fédéralisme suisse ainsi que la question des nationalités. Les francophones suisses habitent une région nommée la Romandie. J’écris à l’association des Suisses romans pour obtenir un auto-collant de leur drapeau (les drapeaux me fascinent). L’association m’en envoie cinq par la poste ! Photo ici.

Un contrôleur bougon

Incident malheureux dans un train en direction de la Suisse alémanique. Le contrôleur annonce rapidement que les passagers allant vers telle ville doivent descendre à Olten. Mais je n’entends pas bien le message parce que le bonhomme n’articule pas bien et qu’il passe très vite dans l’allée. Un peu plus tard, je constate que j’aurais dû changer de train et il est trop tard. Je le dis au contrôleur qui est très sec avec moi. « Il fallait changer à Olten ! J’ai dit ! »

Par suite, j’ai eu l’intuition qu’il avait été désagréable avec moi à cause de mon accent québécois, qui pourrait être assimilé à celui d’un germanophone. Or, rivalité il y a entre Suisses romands et Suisses alémaniques. On se croirait au Canada…

Je porte plainte en allemand à la compagnie suisse de chemin de fer, dont le siège est à Berne, en Suisse alémanique. Je reçois un accusé réception en français et, plus tard, une lettre écrite en allemand m’avise que le contrôleur a été réprimandé.

Un couple froid

Des mal embouchés il y en a dans tous les camps.

Voilà quelques années, à Ottawa, cette fois-ci, j’entends un couple parler allemand sur la colline du parlement. Ayant planché des années pour apprendre cette langue, je me fais un plaisir de la parler lorsque les circonstances le permettent.

J’aborde donc le couple dans la langue de Goethe. Ils me disent venir de Suisse. Ils sont très froids et répondent sèchement, comme si je les dérangeais.

Heureusement, les Suisses alémaniques ne sont quand pas tous comme cela. Mais il faut savoir qu’ils parlent un dialecte germanique indéchiffrable; est-ce que le fait d’être abordés en allemand classique les insulte? Je ne sais pas.

Autre incident en Suisse allemande. Une germanophone insiste pour me répondre en anglais alors que je lui parle allemand. De deux choses l’une : elle est fière de pratiquer son anglais ou bien le fait de devoir répondre en allemand classique la dérange. Mystère.

Genève

J’ai visité Genève au début des années 1980. Cette ville internationale est l’une des plus chères d’Europe. Pourtant, j’ai réussi à me loger pour l’équivalent de 20 dollars, dans un hôtel modeste, mais très propre. Ma chambre n’avait cependant pas de fenêtre. Aujourd’hui, ce serait impossible, à ce prix. Même l’auberge de jeunesse exigerait plus !

Une jolie ville plantée sur le bord du lac Léman et à deux pas de la France.

Le décorum

L’un des éléments particuliers de l’Europe est le respect d’un certain décorum. Contrairement à ce que l’on voit en Amérique du Nord, la liberté individuelle et le confort à tout prix ne règnent pas en maitre. La plupart du temps, les gens s’habillent mieux qu’ici.

J’étais dans la vingtaine à cette époque et je me foutais pas mal d’être bien mis. Après tout, j’étais étudiant et je portais fièrement ma veste en denim. J’entre dans un beau restaurant à Zurich et le serveur me regarde d’un drôle d’air. Il me dit que j’ai une heure pour manger… Autrement dit, fous le camp. Certains auraient plié bagage, mais je suis resté quand même, car le menu était intéressant. Le service a été rapide…

Un monstre

Histoire épouvantable à Lugano, histoire que plusieurs croiront inventée. J’escalade le mont San Salvatore qui offre une vue splendide sur les alentours. J’aperçois soudain une abeille semble-t-il jaillie d’un film de science-fiction. Elle a la grosseur d’un petit chien, butine autour des fleurs; ses yeux sont très visibles ainsi que ses antennes. Une vision horrifiante.

J’ai une peau qui attire les insectes et je n’ai absolument pas envie que cet insecte monstrueux commence à tourner autour de moi… Je prends donc la fuite, sans même faire une photo, ce que je regrette amèrement aujourd’hui.

Évidemment, mon récit a fait sourire mes compagnons de travail, quelques années plus tard. Pourtant, on a retrouvé un rat géant mort dans la même région de Lugano, une dizaine d’années après ma visite et les scientifiques se perdaient en conjectures. Je ne serais pas surpris qu’une fuite radioactive dans une centrale nucléaire ait causé ces mutations surprenantes.

Les langues de la Suisse

Le canton des Grisons est une particularité dans le paysage contrasté de la Suisse. Le rhéto-romanche est la langue officielle de ce canton atypique. Cette langue est un mélange assez déroutant d’allemand et d’italien, qui confond tout être normalement constitué. J’ai beau parler allemand et italien, mais je ne comprends pas grand-chose de ce qui est écrit. Le rhéto-romanche est parlé par environ 60 000 personnes et se décline en cinq variétés.

Le rhéto-romanche, a un statut officiel en Suisse, avec l’allemand, le français et l’italien. Comme je parle ces trois langues, je me disais que j’étais bien armé pour visiter les Grisons. De petites surprises m’attendaient cependant.

Une question se posait : quelle langue utiliser avec les habitants?

Je trouve une petite auberge et, prudent, réserve ma chambre en allemand, la langue la plus parlée en Suisse. Je vais ensuite à l’Office du tourisme et on me répond en français. À l’heure du midi, je décide d’aller casser la croûte dans un bistro. Une jeune serveuse se plante devant moi et attend que je lui passe ma commande, sans me donner le temps de consulter le menu. Elle est unilingue italienne…

Soit dit en passant, l’italien est la langue officielle du canton du Tessin, une des plus belles parties de la Suisse.

La politique linguistique de l’Helvétie est très particulière. C’est l’unilinguisme cantonal qui prévaut. Autrement dit, un germanophone qui s’établit à Locarno, dans le Tessin, doit envoyer ses enfants à l’école italienne. Un Suisse roman qui part vivre à Zurich devra utiliser l’allemand avec l’administration cantonale. Un modèle assez différent de celui adopté au Canada.

Un État fédéral centralisé

La Confédération helvétique, son surnom, est souvent citée en exemple pour son système politique fédéral. On croit à tort que la Suisse est le pays le plus décentralisé du monde et que les cantons ont des pouvoirs élargis. C’est faux. Jusqu’en 1874, le pays était effectivement une confédération, c’est-à-dire une union d’États souverains. L’essentiel des pouvoirs était dans les cantons.

En 1874, la Suisse a adopté une constitution octroyant au gouvernement fédéral de Berne l’essentiel des pouvoirs législatifs. Les cantons disposent cependant d’une certaine marge de manœuvre, puisqu’ils administrent les lois fédérales.

La Suisse est donc une fédération, comme le Canada, pays qui se prend lui aussi pour une confédération…

Elder Statesman

Certaines personnes laissent leur marque en politique. Elles ont souvent marqué leur temps et attirent le respect de toutes les familles politiques.

On peut penser à l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel, qui s’est retirée dans la gloire en 2021. Certains la qualifieraient d’Elder Stateswoman. Je me suis permis de féminiser ce titre, car Mme Merkel pourrait en montrer à bien d’autres politiciens masculins.

On parle habituellement d’Elder Statesman. Il s’agit le plus souvent de personnes perçues comme des modèles, des gens d’expérience, qui peuvent dispenser des conseils empreints de sagesse. Bref, des vieux sages de la politique.

Il y a bien d’autres façons de traduire cette notion.

On pourrait dire que Barack Obama est un vétéran de la politique, un homme politique chevronné ou expérimenté. S’il était plus âgé, on parlerait d’un doyen, terme qui qualifierait davantage l’ancien président Jimmy Carter ou encore, au Canada, l’ancien premier ministre Jean Chrétien.

Le terme doyen ne peut s’employer aussi facile que les autres suggestions dans le texte, car il implique que la personne désignée est un aîné.

***

Anecdote. L’ancien président Richard Nixon est parvenu à faire oublier la mauvaise image qui lui collait à la peau après le scandale du Watergate. Il a multiplié les conférences, écrit huit livres pour se donner l’image d’un vieux sage. Tactique qui a réussi, puisque d’anciens présidents comme Bill Clinton lui demandaient parfois conseil…

Clause dérogatoire

La fameuse clause dérogatoire, cette disposition particulière de la Charte des droits et libertés du Canada, fait encore couler beaucoup d’encre. Mais les médias ont enfin commencé à l’appeler par son nom exact : la disposition de dérogation, comme quoi il y a parfois espoir de faire évoluer la prose journalistique.

Par le passé, constitutionnalistes, juristes, politologues et journalistes ont tiré dans toutes les directions pour parler de la notwithstanding clause : clause nonobstant, clause de dérogation, clause dérogatoire, etc.

Quid?

Cette disposition de la Charte des droits et libertés permet à un gouvernement de mettre une loi à l’abri de l’application de ladite charte pendant cinq ans. Il s’agit de l’article 33 de la Charte.

Cette disposition a été adoptée en 1982 sous les pressions de gouvernements conservateurs de l’Ouest. Le gouvernement fédéral s’inquiète que le Québec et l’Ontario, notamment, recourent à cette disposition à titre préventif en adoptant une loi controversée. À l’origine, le recours à la disposition de dérogation devait être exceptionnelle. À présent, cette ligne rouge est de plus en plus franchie, d’où le débat actuel.

Sur le plan linguistique

Jadis, les rédacteurs nous assénaient l’anglicisme mal digéré de clause nonobstant, calque hideux de notwithstanding clause. Or, le mot « nonobstant », bien que faisant partie du vocabulaire juridique, ne s’emploie pas de cette manière.

Les langagiers s’interrogeaient également sur l’adjectif « dérogatoire » dans clause dérogatoire. Certains y voyait un beau cas d’usage abusif de l’adjectif : la clause ne déroge pas elle-même parce qu’elle permet de déroger. C’est pourquoi tant le Lexique constitutionnel du Bureau de la traduction que l’Office québécois de la langue française préconisent l’utilisation de l’expression disposition de dérogation.

Adjectivite

Clause dérogatoire serait donc un beau cas d’utilisation abusive de l’adjectif. Pourtant, ce genre de construction dans lequel le rapport entre l’adjectif et le substantif est indirect se voit couramment. Pensons aux poteaux électriques, autobus scolaires, journalistes sportifs, etc. Les poteaux ne sont pas en soi électriques, les autobus ne sont pas scolaires, mais à essence, et les journalistes qui couvrent le hockey ne sont pas nécessairement des athlètes.

Chose certaine, la fameuse clause dérogatoire marque un net progrès sur l’horrible clause nonobstant. Pour plus de prudence, utilisons plutôt disposition de dérogation.

Clause et disposition

Le mot « clause » s’applique lorsqu’il est question des dispositions d’un contrat ou d’un acte juridique. Il est donc préférable d’employer « disposition ».

Néoprogressisme

En politique, on croit souvent réinventer la roue alors qu’on ne fait qu’appliquer de vieilles recettes avec une nouvelle sauce. Ce phénomène s’observe souvent par l’emploi du préfixe néo. Comme on dit souvent au Québec : « Faire du neuf avec du vieux. »

Néoprogressiste

Le terme néoprogressiste vient de faire son apparition pour remplacer l’omniprésent woke dont j’ai parlé dans un article précédent.

Le problème avec woke? Beaucoup sont d’avis qu’il s’agit d’un mot fourretout mal défini. En outre, il a pris une allure péjorative à cause de l’extrémisme de certaines personnes ou organisations qui défendent la culture de l’annulation envers ceux qui les contredisent.

Bref, les wokes n’ont pas nécessairement bonne presse et c’est pourquoi certains auteurs préfèrent parler de néoprogressisme. Cette nouvelle appellation ne change rien au phénomène, car les idées défendues par les wokes rejoignent en grande partie celles de l’extrême gauche traditionnelle.

Le définancement de la police

En 1917 Lénine publie L’État et la révolution dans lequel il présente l’État comme un appareil de répression visant à maintenir la domination de la bourgeoisie. Une fois la révolution accomplie, dit Lénine, la police deviendra superflue parce que les ouvriers seront au pouvoir.

La filiation consciente ou inconsciente entre l’élimination des policiers dans un régime communiste et l’idée de réduire le nombre de policiers par la diminution des crédits me parait évidente.

Au départ, l’idée est bonne : donner plus d’argent aux services sociaux pour combattre la misère, la maladie mentale, au lieu de multiplier le nombre de policiers pour protéger la paix publique. Les policiers n’ont pas les connaissances nécessaires pour traiter des cas de maladie mentale, d’où certains cas désolants de bavure des forces policières.

Mais est-il justifié de réduire les forces policières en pleine guerre de gangs de rue qui se canardent allègrement dans les lieux publics? C’est la question que se posent bien des gens.

Wokisme et pensée marxiste

Il serait extrêmement réducteur de dire que les néoprogressistes ne sont rien d’autre qu’une copie conforme des marxistes de jadis. Ils cherchent à imposer des thèmes qui auraient fait sursauter Marx ou Lénine : la décolonisation, le racisme, le féminisme (bien que très tolérant envers l’islamisme), la théorie des genres, l’appropriation culturelle, etc.

Les thèmes ont évolué, certes, mais la dynamique est la même : se sentir plus conscientisé que la moyenne et avoir la volonté d’imposer à la société un nouveau système de valeurs. Bref, le néoprogressisme est une forme d’extrême gauche, surtout s’il s’accompagne d’une intolérance aigüe aux points de vue opposés. La culture de l’annulation ressemble étrangement au sort réservé aux « ennemis du peuple », fusillés sous Staline ou déportés dans des goulags. Rien de nouveau sous le soleil.

Le progressisme

Mais attention! Il ne faut surtout pas confondre néoprogressisme et progressisme. La gauche traditionnelle est un aiguillon indispensable dans nos sociétés. Elle a été à l’origine de la Révolution française, de la fondation des grands syndicats et de l’État providence, des progrès accomplis dans la cause des femmes, de la lutte contre le racisme, etc.

Il est toujours sain d’ouvrir la discussion et de brasser des idées. Celles avancées par les néoprogressistes méritent d’être discutées, à condition de pouvoir le faire, ce qui est de moins en moins le cas, particulièrement dans les institutions d’enseignement.  

Mais revenons à la question d’hier dans mon article sur le néofascisme : les fascistes trumpistes ou bolsonariens sont-ils si « néo » que cela? On pourrait poser la même question pour les néoprogressistes wokes. Sont-ils si différents des militants marxistes d’hier? Je n’en suis pas certain.

Article sur l’origine du mot « woke »

Article sur le néofascisme

Autres prédictions pour 2023

Grande-Bretagne

Le roi Charles III arrive en trottinette électrique pour son couronnement. Les services de sécurité ont eu un mal fou à le suivre, surtout quand il s’arrête à un kiosque pour manger un fish and chips sur le pouce.

À l’abbaye de Westminster, la confusion règne : la couronne royale a disparu ! Le prince Harry, qui a refusé d’assister à la cérémonie, a envoyé une vidéo à Scotland Yard pour révéler que c’est lui qui a dérobé la couronne et l’a emportée en Californie. « Mon père n’a jamais voulu me la prêter pour que je joue avec quand j’étais petit. C’est pas juste. »

Des témoins affirment avoir vu Meghan Markle la porter dans une discothèque de Los Angeles.

Le nouveau souverain annonce au lendemain de la cérémonie qu’il renonce à être le chef de l’Église anglicane. « L’État n’a pas à adhérer à quelque religion que ce soit ». Il instaure des séances de méditation zen lors des rencontres de la famille royale.

Charles III décide de convertir les châteaux de Balmoral et de Buckingham en Air B and B pour renflouer les coffres de la Couronne. Le roi déménage discrètement au 10 Downing Street où il loue un sous-sol meublé. Camilla claque la porte et se prend un appartement de luxe dans Kensington.

Musée des beaux-arts d’Ottawa

Poursuivant sa politique de rééducation du public, le Musée interdit l’admission aux personnes blanches et instaure la gratuité pour les personnes racisées. La direction présente un plan de décolonisation complète de l’institution qui passe par l’élimination de toutes les œuvres d’artistes blancs et leur remplacement par des productions autochtones, quelle qu’elles soient.

Les œuvres d’artistes blancs seront toutes brûlées dans une cérémonie d’expiation au cours de l’été 2023.

Réaction de l’Assemblée des premières nations : « Nous n’en demandions pas tant. »

Russie

L’arme russe s’enlise en Ukraine et Poutine est forcé de lever de nouvelles troupes. La population russe, totalement indifférente à l’Ukraine, prend conscience que l’intervention russe est finalement une guerre d’usure, contrairement à ce qu’affirment les médias nationaux. Les manifestations contre la guerre prennent de l’ampleur.

Sur le front, des mutineries éclatent. Les soldats en ont marre d’être mal nourris, sous-équipés et de voir que les corps de leurs collègues morts au combat ne sont même pas rapatriés dans la mère patrie et sont enterrés dans des fosses communes.

Des unités se mutinent et décident de rentrer en Russie. Des troupes fidèles au président essaient de les en empêcher. Des combats entre soldats russes éclatent, sous l’œil médusé des troupes ukrainiennes.

Les services secrets qui ont mis Poutine au pouvoir constatent que la guerre est perdue et que la Russie est déshonorée partout dans le monde. Mais ce sont surtout les sanctions qui touchent les oligarques qui font mal et c’est l’élément qui fait pencher la balance. Il est temps de se débarrasser de Poutine. Le président est assassiné dans sa datcha où il passait du bon temps en compagnie de prostituées mises à sa disposition par le Qatar. Officiellement, Poutine a succombé à la covid.

Le nouveau gouvernement s’empresse de retirer ses troupes d’Ukraine, tout en refusant de négocier quoi que ce soit avec Zelinsky. Pendant ce temps, le Kremlin doit faire place à une grave menace : des graffitis inquiétants sont apparus un peu partout sur les murs de Moscou : Démocratie.

Pendant ce temps aux États-Unis…

Joe Biden quitte la présidence en juillet 2023 après s’être perdu deux fois dans la Maison-Blanche et après avoir déclaré la guerre au Liechtenstein. La vice-présidente Kamala Harris lui succède et devient la première femme présidente des États-Unis. Les ventes d’armes augmentent et le Texas menace de faire sécession.

Du côté des républicains, Donald Trump continue de clamer qu’il a gagné en 2020, mais ses partisans s’éloignent peu à peu de lui, lassés par son discours passéiste. Les choses se compliquent lorsque le FBI découvre que l’or de Fort Knox a été discrètement transféré à Mar-a-Lago. Trump clame : Fake news !

Des milices paramilitaires d’extrême droite, des suprémacistes blancs ainsi que des complotistes et toute une nébuleuse conspirationniste affluent à Mar-a-Lago pour protéger l’ancien président. Ils sont armés jusqu’aux dents. Le FBI tente de pénétrer dans la résidence mais est repoussé par des tirs de roquettes. On compte plusieurs morts. Les Américains cherchent des roquettes dans tous les magasins; Wal-Mart a vendu toutes les siennes.

Le 6 janvier, l’armée est appelée en renfort, mais attend les heures de grande écoute avant de lancer l’assaut. L’opération est spectaculaire et filmée sous tous les angles par les drones des différents médias. Une immense explosion fait voler la résidence en éclats tandis qu’une pluie de dorures tombe sur les soldats américains.

Dans les débris, on retrouve les lingots d’or ainsi que 15 000 courriels de Vladimir Poutine. Les enquêteurs découvrent aussi des enregistrements porno tournés à Moscou, dont Trump est la vedette à son insu. Ils sont immédiatement mis en ligne sur PornHub, une entreprise canadienne.

L’ancien président demeure introuvable et les spéculations vont bon train. CNN annonce qu’il a été recueilli par un sous-marin russe; Fox News dit que Trump est mort, mais qu’il va ressusciter le troisième jour.

L’Église trumpienne du Troisième Jour est immédiatement fondée et les dons affluent. Des flagellants trumpistes parcourent les rues du Bible Belt et annoncent la fin du monde. Certains affirment que Trump a fait des guérisons miracles.

Les ventes d’armes montent en flèche.

Prédictions pour 2023

Cette semaine, trêve de billet linguistique. Un coup d’œil amusé, cynique, voire déjanté sur l’actualité canadienne et internationale avec comme fil conducteur : qu’est-ce qui pourrait bien arriver en 2023?

Changements climatiques

Les dirigeants mondiaux se réunissent de toute urgence sur l’archipel de Tuvalu, à la suite d’une montée des eaux fulgurante que les experts n’avaient pas vu venir. Pendant la conférence, le niveau de la mer connait une hausse de deux mètres, alors que les délégués discutent encore de l’ordre du jour. La salle de réunion étant inondée, ils doivent s’enfuir à bord de pirogues, car l’aéroport est submergé. Les complotistes disent que tout cela est une mise en scène.

Les ministres et chefs d’État s’échouent sur les îles environnantes et sont accueillis par des autochtones qui les narguent et leur disent de se débrouiller.

Le ministre canadien Stephen Guilbault se réfugie à bord du yacht de Pétro-Canada dont les dirigeants faisaient partie de la délégation de notre pays.

Canada

Les désaccords entre le Parti libéral et le Nouveau Parti démocratique s’intensifient. Le gouvernement libéral refuse la demande des néo-démocrates de créer un ministère de la Juste pensée, du Racisme et de la Décolonisation. Le gouvernement minoritaire risque de tomber et des élections anticipées pourraient être déclenchées à l’automne.

À Bay Street, les patrons de Justin Trudeau décident que ce dernier doit partir, car il a perdu toute crédibilité et pourrait perdre les prochaines élections. Certains ministres ambitieux commencent à s’agiter : Chrystia Freeland crée son propre ministère personnel : le ministère de Toutes les affaires gouvernementales; Mélanie Joly veut déclarer la guerre à Poutine; François-Phillippe Champagne s’inscrit à un concours de beauté; Sean Fraser veut admettre un milliard d’immigrants d’ici 2035; le ministre de la Justice David Lametti veut mettre le gouvernement québécois en tutelle, parce qu’il pratique le racisme systémique contre les anglophones du Québec.

Le premier ministre Trudeau met de longs mois à se décider à partir. Il est rapidement recruté par TVA, non pas comme analyste politique, mais plutôt comme comédien dans un nouveau téléroman, Beau Brummel. Le rayon des costumes exulte.

Le retour des camionneurs

Un nouveau convoi des camionneurs est organisé en février pour célébrer l’occupation du centre-ville d’Ottawa, l’année précédente. La police d’Ottawa commence à distribuer des contraventions dans le centre-ville pour permettre aux camions de se stationner. Certains policiers contactent les leaders du mouvement pour prendre des nouvelles.  

Cette fois-ci, les résidents du centre-ville d’Ottawa se sont organisés et ont loué des machines agricoles pour bloquer l’entrée de la ville. Le mouvement fait boule de neige et des débrouillards sèment de clous sur les routes autour de la ville. Les camions sont immobilisés, faute de pneus de secours. Des résidents en furie pour l’an dernier mettent le feu à trois camions et jettent un conducteur dans un spa d’eau glacé.

Sans plan précis, les policiers d’Ottawa accourent, en ordre dispersé. Certains se portent malades et rentrent chez eux. Un camionneur sur le point d’être pendu à un lampadaire est sauvé de justesse par les agents qui l’escortent jusqu’au bureau du chef conservateur Pierre Poilievre.

 Les journalistes

Les reporters dans les médias électroniques arrêtent enfin de farcir leurs topos de commentaires de simples passants qui n’ont rien à dire parce qu’ils ne connaissent rien du sujet. Les journalistes se livrent à une activité nouvelle : le journalisme d’enquête.

Un comité spécial est formé dans les médias pour trouver un synonyme aux mots impact, enjeu et conversation.

La covid en Chine

La Chine arrête de clamer qu’elle est un modèle pour le monde et que la démocratie est vouée à disparaître. Devant la fureur populaire, le gouvernement de Pékin met fin à sa politique de zéro covid. Comme beaucoup de personnes âgées ne sont pas vaccinées et que les vaccins chinois sont moins efficaces que ceux fabriqués en Occident, l’épidémie fait rage et des millions de personnes périssent à cause des politiques du gouvernement. La Chine vit exactement la même crise que le reste du monde a connue en 2020-2021.

Le leader Xi Jinping est aux abois et demande l’aide de la communauté internationale. La réponse est tiède. Extrait d’un appel téléphonique entre Xi Jinping et Justin Trudeau.

– Les vaccins que vous nous avez envoyés sont tous périmés, tonne le chef chinois.

– Ah oui ? On va continuer de faire des efforts pour trouver de meilleurs vaccins pour le peuple chinois.

– Vous nous prenez en otage !

Trudeau sourit et raccroche.

Quelques jours plus tard, Xi Jinping est démis de ses fonctions et nommé directeur d’un camp de rééducation ouïgour.

La révolte des Iraniennes

Les Iraniennes continuent de brûler leurs foulards malgré l’intensification de la répression. Les mises à mort isolent de plus en plus l’Iran de la communauté internationale et ne font que jeter de l’huile sur le brasier de la contestation, qui se répand dans toutes les couches de la société. Bien des gouvernements regrettent d’avoir fermé les yeux sur la vraie nature de la République islamique et commencent à aider l’opposition à s’organiser.

Québec solidaire, le NPD et la gauche européenne accusent les Iraniennes d’islamophobie. Le voile est un choix personnel et ce sont les musulmanes occidentales qui sont vraiment brimées.

Le mouvement fait boule de neige en Afghanistan où des femmes commencent elles aussi à brûler leur voile sur la place publique. Des rassemblements s’organisent pour brûler les burqas, ce qui rend les talibans à moitié fous. La révolte gagne aussi les pétromonarchies, particulièrement l’Arabie saoudite, qui doit lâcher du lest pour étouffer l’insurrection. Une remise en question de l’attitude de l’islam envers les femmes et la modernité commence à être discutée.

Le Printemps des Femmes est commencé.

***

Lundi prochain : le couronnement de Charles III ; la décolonisation des musées ; la conclusion de la guerre en Ukraine ; qu’est-ce qui va arriver à Donald Trump en 2023?

Poly se souvient

Le 6 décembre 1989, un homme abattait froidement 14 jeunes femmes qui étudiaient à l’École polytechnique de Montréal. Parce qu’elles étaient des femmes. Pour le meurtrier, elles étaient des féministes et il fallait les abattre.  

À l’époque, on parlait de meurtre, de tuerie visant des « étudiants » (sic). Aujourd’hui, on emploie le terme féminicide.

Féminicide, un mot dont j’ai parlé dans un précédent article, n’existe pas dans le Dictionnaire de l’Académie française. Honteux. Il faut dire que les Immortels étudient présentement la lettre S en espérant publier la version à jour de leur ouvrage avant la destruction de la planète par les changements climatiques.

Heureusement, le Robert et le Larousse ont intégré ce mot taché de sang dans leur corpus.

Le Larousse : « Meurtre d’une femme ou d’une jeune fille, en raison de son appartenance au sexe féminin. Crime sexiste, le féminicide n’est pas reconnu en tant que tel par le Code pénal français. »

Le meurtre sans nom de ces 14 jeunes femmes ne doit jamais être oublié.

Ayons tous une pensée pour elles en souhaitant qu’un jour féminicide soit devenu un archaïsme.

Diktat

Le mot sonne comme un coup de poing sur la table et c’est probablement ce qu’ont éprouvé les représentants allemands devant les conditions de paix imposées à leur pays par le traité de Versailles, après la Grande Guerre.

Ce sont eux, les politiciens allemands, qui ont imposé le mot , dont le sens ne laisse aucune place à l’ambigüité, et celui-ci s’est propagé en français et dans d’autres langues. En français, il a pris deux sens :

1. Traité imposé par le vainqueur au vaincu.

2. Exigence absolue imposée à un groupe ou à une autre personne.

Employé dans un contexte politique, Diktat a un sens très fort et il n’est pas très courant. Il semble qu’on préfère le réserver à la situation de l’après Grande Guerre. Le deuxième sens a percé dans l’usage, mais il a un concurrent : oukase.

Lui aussi vient du vocabulaire politique et historique. Un oukase est un édit du tsar. Mais lui aussi peut prendre le sens d’ordre impératif.

Dans le contexte politique actuel, il serait certainement pertinent de parler des diktats des mollahs iraniens quant au port du voile islamique et des oukases de Vladimir Poutine à l’Ukraine.

Célébrer

 Peut-on célébrer la Journée internationale des personnes en situation de handicap? C’est ce que m’a demandé un lecteur la semaine dernière.

De prime abord, la formulation ne me parait pas erronée, mais en tant que langagier, ne suis-pas une personne qui doute sans arrêt?

Il faut dire que la formulation naturelle serait de souligner, de marquer une journée. Certes oui, et une petite consultation aux dictionnaires semble le confirmer. Célébrer peut signifier : « Marquer (un évènement) par une cérémonie, une démonstration », nous dit le Robert. Il ajoute : « Faire publiquement la louange de. »

On peut célébrer un mariage, une victoire ou encore les mérites de quelqu’un. L’ennui étant ici que l’ouvrage ne donne pas journée comme cooccurent. Faut-il en conclure que c’est une faute? Pas du tout, car les dictionnaires courants n’énumèrent pas systématiquement toutes les constructions possibles avec un mot. Absence n’est pas erreur.

Une recension dans la Toile permet de découvrir que l’expression « célébrer une journée » se voit surtout au Canada. Cause entendue? Ce qui est canadien est forcément faux? Pantoute!

L’Organisation des Nations unies a une page web sur les diverses journées soulignées dans le monde. En bas de la photo, on remarquera le texte suivant « Des femmes de la Côte d’Ivoire se sont réunies pour célébrer la Journée internationale de la femme… »

La rubrique en-dessous de la photo s’intitule Célébrations.

Mon lecteur curieux, qui voulait en avoir le cœur net, m’envoya ensuite une citation de Racine, dans Athalie : « Je viens, selon l’usage antique et solennel, célébrer la fameuse journée… »

La question était quand même pertinente, car les formulations maladroites s’entendent un peu partout et qu’il faut être vigilant.

En situation de handicap?

Je reviens sur la formulation étonnante mentionnée en début de texte. « Personnes en situation de handicap »? En cette période d’extrême sensibilité, il aurait été risqué de parler des handicapés tout simplement. Même la tournure « personnes handicapées » en aurait choqué quelques-uns. Dure journée…