Le terrible tremblement de terre qui a ravagé la Birmanie et la Thaïlande vient remettre sur le tapis la question du double toponyme Birmanie/Myanmar.
Il y a de quoi : au Québec, Le Devoir emploie le toponyme Myanmar, tandis que son concurrent La Presse utilise Birmanie.
La Birmanie
Les francophones s’étonneront peut-être de voir le terme Myanmar s’insinuer un peu partout, alors que le pays en question a longtemps été désigné sous le nom de Birmanie.
Ce dernier toponyme ne posait pas de problème. En anglais, on disait Burma; le gentilé français était Birman, Birmane. Son ancienne capitale, Yangon, était orthographiée à l’anglaise Rangoon. Le gouvernement siège maintenant à Naypyidaw.
Le Myanmar
En 2010, la junte militaire au pouvoir a changé le nom du pays en Myanmar. Bien des pays et des médias ont tout d’abord refusé d’emboîter le pas, dont le Canada, qui s’en tenait à l’appellation Birmanie. La Liste des noms de pays du Bureau de la traduction du Canada précise qu’en septembre 2016, le gouvernement de notre pays a reconnu l’appellation Myanmar. Par ailleurs, la liste des noms d’États souverains du gouvernement français retient l’appellation Birmanie; Myanmar ne figure pas dans la nomenclature.
Pourtant, le nom traditionnel de Birmanie prévaut dans le monde francophone. L’Encyclopédie Larousse parle encore de la Birmanie, Myanmar en birman, précise-t-elle. Le Monde, Le Figaro parlent surtout de Birmanie.
Aux Nations unies, le pays a le nom officiel de Myanmar, le gentilé étant, le gentilé étant Myanmarais et Myanmaraise. Les changements de noms officiels posent souvent un dilemme pour les francophones. Des appellations comme Birmanie, Biélorussie, Bombai, Pékin persistent, malgré l’apparition de nouveaux noms comme Myanmar, Bélarus, Mumbai et Beijing. On constate que les sources anglophones adoptent rapidement les nouveaux noms, alors que les francophones résistent.
Au Canada français et au Québec, les médias parlent couramment de Myanmar, car ce nom a été reconnu par le Canada. Mais on lit aussi Birmanie ici et là.
Collision frontale entre deux mentalités. L’anglais toujours prêt à évoluer et à s’adapter; le français qui reste sur ses gardes. La question se pose toujours : le français doit-il adopter d’emblée les nouvelles appellations étrangères? Ou bien doit-il continuer d’utiliser les noms traditionnels? Bref, les autres pays doivent-ils dicter aux francophones la manière dont ils doivent écrire certains toponymes?
En fin de compte, en français, on écrit Yangon ou Rangoon? Merci!
La graphie plus moderne serait Yangon.