Birmanie ou Myanmar?

L’armée vient de perpétrer un coup d’État dans ce pays de l’Asie du Sud-Est. Celui-ci défrayait déjà la manchette à cause du triste sort réservé à la minorité musulmane des Rohingyas, ce qui lui a valu plusieurs condamnations de la part de la communauté internationale.

Les francophones s’étonneront peut-être de voir le terme Myanmar s’insinuer un peu partout, alors que le pays en question a longtemps été désigné sous le nom de Birmanie.

Ce dernier toponyme ne posait pas de problème. En anglais, on disait Burma; le gentilé était Birman, Birmane. Son ancienne capitale, Yangon, était  orthographiée à l’anglaise Rangoon. Le gouvernement siège maintenant à Naypyidaw.

Depuis plusieurs décennies, le pays est dirigé par une dictature militaire. En 2011, le pouvoir civil a été restauré, ce qui a permis à l’égérie Aung San Suu Kyi d’accéder au pouvoir. Pouvoir d’ailleurs relatif, car les militaires détenaient un quart des sièges au Parlement et s’étaient réservé les ministères les plus importants.

Lorsqu’elle dirigeait le pays, Aung San Suu Kyi s’est montrée tiède quant au sort réservé aux Rohingyas, ce qui a altéré son image de grande dame de la démocratie, du moins à l’étranger.

En 2010, la junte militaire a changé le nom du pays en Myanmar. Bien des pays et des médias ont tout d’abord refusé d’emboîter le pas, dont le Canada, qui s’en tenait à l’appellation Birmanie. La Liste des noms de pays du Bureau de la traduction du Canada précise qu’en septembre 2016, le gouvernement de notre pays a reconnu l’appellation Myanmar.

Pourtant, le nom traditionnel de Birmanie prévaut dans le monde francophone. L’Encyclopédie Larousse parle encore de la Birmanie, Myanmar en birman, précise-t-elle. Le Monde, Le Figaro parlent surtout de Birmanie.

Aux Nations unies, le pays a le nom officiel de Myanmar, le gentilé étant, le gentilé étant Myanmarais et Myanmaraise. Les changements de noms officiels posent souvent un dilemme pour les francophones. Des appellations comme Birmanie, Biélorussie, Bombai, Pékin persistent, malgré l’apparition de nouveaux noms comme Myanmar, Bélarus, Mumbai et Beijing. On constate que les sources anglophones adoptent rapidement les nouveaux noms, alors que les francophones résistent.

Au Canada français et au Québec, les médias parlent couramment de Myanmar, car ce nom a été reconnu par le Canada.

Collision frontale entre deux mentalités. L’anglais toujours prêt à évoluer et à s’adapter; le français qui reste sur ses gardes. La question se pose toujours : le français doit-il adopter d’emblée les nouvelles appellations étrangères? Ou bien doit-il continuer d’utiliser les noms traditionnels? Bref, les autres pays doivent-ils dicter aux francophones la manière dont ils doivent écrire certains toponymes?

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