Proche-Orient et bain de sang riment encore une fois, si ce n’est pas avec géhenne.
Les médias nous montrent le sort cruel des habitants de la bande de Gaza, qu’on appelle couramment les Gazaouis. Naguère, on parlait des Gazans, terme utilisé également en anglais.
Gazaouis
Les lexicographes, tout comme les médias, semblent avoir abandonné cette appellation au profit de Gazaouis. C’est ce qu’indique le Larousse. Curieusement, le Robert des noms propres ne mentionne pas le nom des habitants de la bande de Gaza. Pratique habituelle des dictionnaires qui hésitent à nommer les habitants d’un territoire qui n’est pas un pays reconnu. Mais cette retenue est frustrante pour les langagiers qui cherchent le mot juste.
Assez curieusement, le Robert-Collins propose Gazaoui comme traduction de l’anglais Gazan. Les auteurs des deux ouvrages ne semblent pas se parler souvent… Le langagier en est quitte à chercher à partir de l’anglais.
Le gentilé Gazaoui vient de l’arabe et on comprend que les scribes l’aient adopté, par souci d’authenticité. Le féminin est Gazaouie ou Gazaouite.
Gentilés arabes
L’utilisation des gentilés arabes ou s’inspirant de la langue arabe s’est accentuée ces dernières années en français. Ainsi, les habitants de Bagdad s’appellent les Bagdadis, au lieu de Bagdadiens; les citoyens des Émirats arabes unis sont devenus les Émiratis, au lieu des Émiriens. Cette tendance vient probablement de la volonté de paraitre « authentique ».
Cette douce anarchie entraine les ouvrages de langue dans son sillon.
Ai-je besoin de préciser que les dictionnaires continuent de diverger et même de se contredire dans leurs propres pages?
Par exemple, le Larousse parle des Gazaouis (arabe), mais des Bagdadiens (français). Pour les habitants des Émirats arabes unis, il s’inspire à la fois du français et de l’arabe : Émiriens et Émiratis…
Conclusion
Les gentilés arabisés continueront de se propager, selon toute probabilité. Ils font partie de ce qu’on appelle généralement « l’évolution de la langue », que ça nous plaise ou nous. Les langagiers aboient mais la caravane passe quand même.