Türkiye

Le saviez-vous, la Turquie ne s’appelle plus la Turquie. Non, elle a officiellement changé de nom et a demandé à la communauté internationale de l’appeler Türkiye.

La raison tient à de multiples facteurs. Le président Erdoğan a annoncé la décision en décembre 2021, faisant valoir que l’appellation originale en langue turque « reflète davantage les valeurs turques. » (Devrait-on dire España pour respecter la culture espagnole?)

Il semblerait aussi que le président Erdoğan verse dans la surenchère nationaliste pour favoriser sa réélection à l’automne 2022. Enfin, l’appellation Türkiye serait plus attirante, plus exotique, sur le plan touristique.

Mais le plus troublant est que l’une des raisons invoquées est le fait qu’en anglais Turkey désigne aussi bien le pays d’Atatürk qu’une simple dinde… En effet, croyez-le ou non, la Turquie part en guerre contre toutes ces étiquettes de vêtement « Made in Turkey » qui, en anglais sèment un peu la confusion. Sans parler de ces sublimes traductions neuronales : « Fait en dinde ».

Ces derniers arguments sont inquiétants. Ils signifient que l’hégémonie de l’anglais est tellement prégnante sur notre planète réchauffée qu’elle finit par influencer des langues aussi lointaines que le turc.

Maintenant, la question est de savoir si cette exigence anatolienne passera dans l’usage.

Exemples passés

Comme je l’ai indiqué à plusieurs reprises dans cette tribune, certains pays ont changé de nom aux Nations unies sans que la pratique du français n’en soit modifiée.

La Biélorussie se fait appeler Bélarus depuis 30 ans; la Birmanie est devenue le Myanmar. Récemment, la République tchèque a troqué cette appellation pour l’abominable Tchéquie, qui a des relents d’occupation nazie de la Bohème-Moravie.

Le Bélarus ne s’est pas imposé dans les médias francophones, pas tellement plus que Myanmar, d’autant plus que ce nom a été choisi par une junte militaire impopulaire.

Quant à la Tchéquie, eh bien tout peut arriver. Pour l’instant, le terme ne semble pas s’imposer dans les médias français. Une recherche dans le Larousse en ligne nous mène… à Turquie. Le Robert électronique ne recense pas la Tchéquie. À mon avis, celle-ci risque d’être mise sur la touche pour tenir compagnie au Bélarus.

Pourtant, on est passé sans problème du Zaïre à la République démocratique du Congo, mais ressemble plus à une exception qu’à autre chose. Le changement s’est peut-être opéré plus facilement parce que l’ancien Congo belge est un pays francophone.

Pour ce qui est de la Turquie, la situation est très différente. Voilà une appellation qui date d’une centaine d’années et, à mon sens, le conservatisme français devrait prévaloir, d’autant plus que le changement est proposé par un président qui n’a pas tellement la cote en Occident.

***

Remerciement à Bronson Whitford de m’avoir signalé cette nouvelle appellation.

2 réflexions sur « Türkiye »

  1. Bonjour M. Racicot, pourriez-vous corriger ce qui semble être une coquille dans votre article: « Maintenant, la question de savoir si cette exigence anatolienne passera dans l’usage », où il semblerait manquer un verbe comme « est » entre « question » et « de savoir ».
    Merci, continuez votre excellent travail.

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