Inde ou Bharat?

Bharat est le nom de l’Inde en hindi. C’est la dénomination que favorise le gouvernement nationaliste hindou du Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien), dirigé par le premier ministre Narendra Modi.

Le Larousse précise que le terme hindi de l’Ouest regroupe un ensemble de langues indo-européennes, dont le panjabi, le gujarati, le rajasthani, le pahari et le hindi proprement dit.

De prime abord, on pourrait penser que le changement de nom relève d’une volonté de pureté linguistique. Pourtant ce n’est pas le cas. Le gouvernement Modi le fait d’abord et avant tout pour promouvoir la religion hindoue.

J’y reviens plus tard.

Des pays et des villes qui changent de nom

Le plus souvent, quand un État ou une ville change d’appellation, ce sont pour des raisons politiques, même si les autorités essaient de le cacher.

L’Inde a voulu décoloniser la toponymie et c’est pourquoi certains noms de villes indiennes ont changé, il y a une vingtaine d’années. Bombay est devenue Mumbai; Calcutta s’appelle maintenant Kolkatta; Madras se dit Chennai, etc.

Ces appellations se voient régulièrement dans le monde anglophone, mais la francophonie résiste et s’en tient très souvent aux noms traditionnels.

Changer le nom d’un pays

Comme je l’ai déjà indiqué dans un article récent sur la Turquie, certains noms sont immédiatement adoptés dans le monde francophone, la République démocratique du Congo étant un bel exemple. On peut aussi penser à l’Iran anciennement appelée Perse. Par contre, on continue de lire Biélorussie, au lieu de Bélarus. On observe aussi une sorte de flottement pour la Birmanie, que la junte au pouvoir a rebaptisée Myanmar.

Bref, c’est l’anarchie en français.

Bharat ou Inde?

Ce qui amène la question suivante : le nom de Bharat sera-t-il finalement adopté en français? Après tout, le Siam s’appelle depuis belle lurette Thaïlande et personne ne proteste.

Bharat nous force aussi à nous poser une autre question : doit-on désigner les pays par leur nom véritable et jeter à la poubelle tous les exonymes? Nous aurions alors dans nos textes Suomi pour la Finlande; Lao pour le Laos; Mexico pour le Mexique; Eesti pour l’Estonie, etc.

Les Nations unies aimeraient qu’on en vienne à cela, mais c’est loin d’être acquis. Les langues ont naturellement tendance à garder les traductions, qui ont le mérite d’être connues de tous.

Alors Bharat ou Inde?

Nous l’avons mentionné, le gouvernement Modi poursuit un but précis, celui de mettre en valeur la religion hindoue, ce qui est controversé dans le pays de Gandhi. Il faut savoir que l’Inde possède une multiplicité de religions et que les non-hindous ne sont pas nécessairement à l’aise avec Bharat.

Pour l’instant, le changement de nom officiel n’est qu’une intention. Le changement de nom n’a pas été soumis aux Nations unies et il est loin d’être certain qu’il le sera.

Et même si c’est le cas, rien ne dit que les autres États vont emboiter le pas, et ce pour deux raisons : 1) le caractère controversé de ce changement inspiré par la religion; 2) la tradition.

Alors, comme on dit ici, gardons-nous une petite gêne, traduction très libre de wait and see.

3 réflexions sur « Inde ou Bharat? »

  1. Bonsoir le Québec
    Questions préalables à la question :

    1) Comment un nom dans une autre langue, a fortiori utilisant un autre alphabet, peut-il correspondre au nom voulu par le pays ainsi dénommé ? Correspondance phonétique ou orthographique ? Est-ce que MM. Modi et Erdogan exigent que Bharat ou Türkiye soient prononcés d’une certaines manière ou écrits d’une certaine manière ? Si c’est l’orthographe, quelle valeur lorsque l’alphabet est différent ? Si c’est la prononciation, faudra-t-il, à ces lointains héritiers des révolutionnaires français (qui pensaient changer les choses en renommant les mois), décliner leurs nouvelles dénominations en autant de langues (et d’accents) qu’il y a sur la planète ?

    2) Obtenir des Etats que, techniquement, dans l’enceinte des Nations unies, ils utilisent la nouvelle dénomination est une chose (diplomatique) mais quant à la langue elle-même, la langue dans les dictionnaires et la bouche de ses locuteurs : comment prétendre imposer un changement d’une langue tierce ? Parce que la cravate serait d’origine croate, est-il envisageable que la Croatie exige que la langue française l’appelle kravata ? Comment : en envoyant une police linguistique dans les 34947 communes de France ? La désignation d’un pays appartiendrait à ce pays, davantage qu’un nom d’objet comme la cravate ?

    Tout cela est bien mystérieux, et mérite amha d’être préalablement questionné (est-ce possible ?) avant que d’examiner les motivations (pourquoi).

  2. Errare humanum est, paraît-il. Mais certains sont plus humains que d’autres…

    – GandHi

    – rebaptiséE

    Le fond et la forme…

    1. Je vois que vous êtes très fort pour détecter les erreurs. J’imagine que si vous continuez de me lire, c’est que vous trouvez certaines qualités à mes billets. Ce serait une bonne idée d’en parler plus souvent.

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