Billion

Pas besoin d’être un crack en maths pour constater l’absence du mot billion en français. On dirait même que ce terme n’existe pas, alors que c’est pourtant le contraire.

En anglais, les billions prolifèrent. Ils sont une unité de mesure courante, dont l’équivalent français est milliards. C’est d’ailleurs ce mot que les anglophones utilisaient jadis pour parler de mille millions.

En fin de compte, le terme billion s’est imposé dans la langue d’Obama. Les comptes publics, les profits des banques s’expriment aujourd’hui en billions (anglais) et en milliards (français).

Ce n’est pas le seul écart sémantique entre les deux langues. Jusque là, pas de problème.

Mais la confusion s’installe aussitôt qu’on s’aventure dans le marécage des multiples. Les faux amis sont tapis dans la canopée.

En anglais, mille milliards équivalent à un trillion. Pour les anglophones, la dette publique états-unienne se chiffre à 18,9 trillions de dollars; en français, on parle plutôt de 18 900 milliards. Pourtant, il s’agit en fait de 18,9 billions de dollars.

Le décalage entre les deux langues s’élance vers l’infini… Un tango mortel : billion-milliard; trillion-billion, etc.

Pas étonnant que les sites économiques français s’en tiennent aux milliers de milliards. La domination de l’anglais dans ce domaine particulier – et dans les autres – aurait tôt fait de semer bisbille et confusion.

Il serait trop simple de dire que ce sont les anglophones qui ont tout faux. Remarque intéressante dans le Robert : « Les termes billion, trillion, quatrillion, quintillion et sextillion sont à éviter en raison des risques de confusion entre les nouvelles et les anciennes acceptions. »

Les anciennes acceptions? Le même ouvrage signale que billion avait pour sens… mille millions! Sens qu’a retenu l’anglais, qui, comme c’est souvent le cas, s’inspire de l’ancien français. Vestige de la conquête normande.

Souhaitons maintenant que l’inflation ne parte pas en spirale. Parce que tôt ou tard, les francophones devront décider s’ils s’alignent sur l’anglais pour éviter de graves erreurs de traduction.

Bien sûr, beaucoup protesteront. Mais, parions que le pragmatisme prévaudra : il sera plus simple de changer la définition de trillions dans notre langue que de parler de billions.

À moins que nos amis Américains ne décident de rectifier leur propre terminologie pour l’harmoniser avec celle du français…

Le jour où cela se produira, le salaire d’un employé de magasin se chiffrera en quatrillions… peu importe la manière dont vous définissez ce mot.

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