Il y a de ces locutions qui deviennent de véritables incantations. On les entend partout et tout le monde les répète. Les médias donnent souvent le ton en se braquant sur une expression qui déloge toutes les autres.
Certains diront que René Angélil était une personnalité incontournable du monde du spectacle. Que veut-on dire au juste? Indispensable? Un acteur de premier plan?
Tel film est incontournable. Il faut l’avoir vu, c’est une œuvre majeure, un film clé pour comprendre le monde d’aujourd’hui. Un référendum pour changer le monde de scrutin? C’est un autre incontournable. Pour changer le mode de scrutin, il faut consulter la population.
J’ai souvent dénoncé le débilitant impact, employé « à tour de bras » par tous les communicateurs. Pourtant, tellement facile à remplacer : l’impact des mises à pied : les conséquences; l’impact du fléchissement des taux du pétrole : le contrecoup; l’impact du congédiement de l’entraîneur : les répercussions.
Comble de tout, impact est un anglicisme.
Toute aussi envahissante la cheville faire en sorte que… La ministre Joly a fait les frais de l’émission Infoman pour en avoir aligné un nombre record en quelques phrases.
Écoutez attentivement les discours publics : il est quasi certain que vous entendrez faire en sorte que. Le plus souvent, cette locution est encombrante et la phrase pourrait être simplifiée.
Probablement impossible à rattraper : partager. On partage tout : un point de vue, des idées, des photos, un témoignage. Les médias sociaux ont emboîté le pas et on trouve des boutons Partager qui devraient s’appeler Diffuser.
En français, on partage une tarte, c’est-à-dire chacun en reçoit un morceau. Au sens anglais de share, partager veut maintenant dire que vous donnez la tarte au complet. Quand vous dites que vous allez partager vos photos de voyage dans Facebook, c’est que vous allez les mettre en ligne, les diffuser, les communiquer.
N’oubliez pas de partager… de retransmettre, de faire connaître ce billet.
Une petite remarque André: en France, un « communicateur » désigne généralement une chose, par exemple dans une machine, une pièce qui sert à en relier deux autres. En tout cas, je n’ai jamais entendu quelqu’un l’utiliser pour parler d’une personne. Est-ce un québécisme?
Les spécialistes français du marketing et nos journalistes aiment bien parler de « communicants » pour désigner les spin doctors et autres conseillers de campagne, mais il me semble que c’est aussi un anglicisme. À creuser?
Bonne journée!
Au Québec, « communicateur » est utilisé pour désigner une personne qui communique, comme un journaliste, un rédacteur. Pour ce qui est de « communicants », je ne l’ai jamais entendu ici. Vous parlez de spin doctors… On le dit aussi chez nous, la traduction proposée de doreurs d’image n’ayant jamais passé la rampe.