Les faits alternatifs

La délirante conseillère du président américain a introduit cette expression drôlatique dans une entrevue avec les médias. Kellyann Conway ne se doutait pas du retentissement qu’aurait son néologisme.

La traduction la plus facile est les faits alternatifs. Quand on traduit, il est toujours tentant de calquer l’anglais pour aller plus vite. Bon nombre de lecteurs ont eu des idées plus créatives : vérité négative, de rechange; envers de la vérité; autre vérité; faits parallèles, etc.

La traduction la plus simple et la plus directe serait tout simplement mensonges.

Je voudrais maintenant me pencher sur le mot alternatif.

Il est encore critiqué par beaucoup, mais force est de reconnaître que son emploi s’est généralisé, dans le sens de solution de rechange.

Comme le précise le Robert :

Qui constitue une solution de remplacement… Qui, par sa pratique, propose d’autres choix que ceux imposés par les société industrielles et technologiques, par la société de consommation.

Le dictionnaire donne comme exemples médecine alternative. En politique on parle des mouvements alternatifs.

Les soi-disant faits alternatifs sont-ils des faits de rechange? Beaucoup tiqueront.

Les rédacteurs de tout acabit hésiteront sans doute à parler de mensonges, malgré leur hostilité évidente envers le nouveau président américain. Ceux qui voudront éviter la tournure douteuse des faits alternatifs pourront toujours puiser dans les possibilités énoncées ci-dessus.

Rappelons-nous que cette novlangue, inspirée d’Orwell, a commencé par le mot de l’année 2016 : post-vérité. Voir mon article à ce sujet.

3 réflexions sur « Les faits alternatifs »

  1. Dans un précédent commentaire, je parlais d’emfumage en me referrant aux écrans de fumée militaires, en l’enfumage fait référence à l’apiculture…

  2. Qu’un chroniqueur, un adversaire politique ou un détracteur emploie des mots comme « mensonges », « enfumage » ou d’autres termes emportant un jugement de valeur pour qualifier les « alternative facts » évoqués par la conseillère du président américain est dans la logique des choses.
    Cependant, ces termes ne constituent absolument pas une traduction rigoureuse et appropriée d’« alternative facts », car ce n’est pas ce que cela signifie. Tout au plus en sont-ils une interprétation ou un décryptage de l’expression en cause. Les soutiens de Trump emploieraient sûrement d’autres termes. Or, le propre d’une traduction ou d’un équivalent est d’être neutre et non partisan (pardon pour le pléonasme). Employer les mots en question pour rendre l’expression de la conseillère du président américain serait déplacé de la part d’un traducteur ou d’un journaliste – censé être objectif. Donner ou laisser trasnspirer son opinion dans le cadre de son travail n’est le rôle ni du traducteur ni du journaliste.
    « Alternative Facts » a été employé par la conseillère, et il convient pour être fidèle d’un proposer une traduction non connotée lorsque l’on traduit ou rapporte ses propos.
    Selon moi, une bonne traduction serait « autres faits » ou « autre vision/version des faits ».
    Par ailleurs, il n’y a aucune raison, à mon sens, d’employer l’anglicisme « alternatif » (que le Petit Robert assortit de la marque « Emploi critiqué ») quand la langue française possède les ressources nécessaires, à commencer par l’adjectif « autre ». Il est déjà assez fatigant d’entendre les gens mélanger alternative et option (p. ex., une autre alternative, au sens d’une autre option).

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