L’attitude suffisante du premier ministre québécois Philippe Couillard et son dogmatisme nous plongent encore une fois dans la marmite bouillonnante du débat sur les accommodements raisonnables. Impardonnable, au moment où un consensus se dessinait enfin dans ce dossier.
Cette expression mérite un examen linguistique.
Dans un article précédent, je traitais du verbe accommoder. Il n’a pas le sens anglais de rendre service qu’on lui attribue généralement au Québec. Toute recherche au dictionnaire nous amène à constater que ce mot est surtout utilisé en cuisine…
Alors si on ne peut employer « accommoder » au sens de rendre service, peut-on faire des accommodements? Il semble bien que si, puisqu’un accommodement est un règlement amiable à un différend.
Dans ce contexte, l’expression accommodement raisonnable devient très défendable. On pourrait dire la même chose de sa petite sœur, les accommodements religieux.
Pourtant, le terme accommodement raisonnable est à l’origine un emprunt à l’anglais. C’est en effet dans un jugement de la Cour suprême du Canada en 1985 que la notion de reasonable accomodation apparaît. L’affaire portait sur la discrimination raciale.
Le calque s’est propagé au Québec dans les années 2000. Répandu par les médias, il est maintenant généralisé. À un point tel, que le Petit Robert en fait mention : « … au Canada compromis visant à concilier les droits fondamentaux et les particularités culturelles et religieuses d’un individu, d’une communauté. »
Certains rugiront devant ce nouvel emprunt. Pourtant, il comble un vide et désigne une réalité très précise. Les emprunts ont leur utilité.