Scooter des neiges

Je lis un bon polar de Henning Mankel, traduit en France par Anna Gibson. Habituellement, rien à redire pour les traductions. C’est bien rédigé, avec les expressions que l’on rencontre dans tous les romans policiers publiés en France.

Mais, là, au détour d’une phrase, apparaît l’affreux scooter des neiges. Il s’agit de cette merveilleuse invention québécoise, la motoneige. Rebaptisée scooter des neiges en Europe pour des raisons incompréhensibles. Nous inventons l’engin, nous le baptisons et ils le rebaptisent, avec un anglicisme en prime. J’écume.

Je veux bien croire que le suédois disait Snöskoter, mais est-ce une raison pour employer un anglicisme injustifiable? Personne au Canada ne parle de scooter des neiges. En fait, personne ne comprendrait cette expression.

Cela me rappelle Vanessa Paradis qui, lors d’une entrevue après un voyage au Canada, parlait elle aussi de ces fameux scooters des neiges. Impossible qu’elle n’ait pas entendu l’expression exacte, motoneige. Elle a probablement considéré qu’il s’agissait d’une autre tournure amusante du patois local.

Il me semble que ne pas tenir compte de la terminologie d’origine, surtout quand elle est bien inspirée, a quelque chose de méprisant, voire de colonialiste.

 

6 réflexions sur « Scooter des neiges »

  1. Et qu’en est-il de son équivalent nautique ? Le jetski se dit aussi « scooter des mers » en France. Mais au Canada ? Je n’ai jamais entendu parler de « motomer » en tous cas.

  2. Rassurez-vous, on dit aussi et surtout « motoneige » en France. Par contre je ne crois pas que son invention québécoise soit très connue de ce côté de l’Atlantique ! C’est dommage…

    Bonne journée.

  3. Rassurez-vous André, les statistiques de l’usage des deux termes en ligne en France montrent un rapport de 1 à 10: « motoneige » l’emporte très largement sur « scooter des neiges ».

    Il s’agit probablement d’un usage par des non-initiés (peut-être Anna Gibson n’est-elle jamais monté sur une motoneige?)

    J’ai le même type de problème avec « l’escalade à mains nues ».

    Il ne viendrait à l’idée d’aucun journaliste de parler de natation « à mains nues » ou de karaté « à mains nues », mais ils trouvent normal (voire inéluctable) de parler « l’escalade à mains nues ».

    Pourtant, je vous assure que cette expression journalistique fait rigoler tous les grimpeurs (ou bondir, c’est selon)

    😉

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