Le message diffusé au public par les autorités québécoises affiche la consigne maintenant bien connue : Lavez vos mains. Cette consigne est certes pleine de sagesse mais elle infectée par le virus… de l’anglais.
Eh oui! Le Wash your hands ne part pas avec le savon. Il est inodore aussi.
En français, on dit : Lavez-vous les mains. C’est ce qu’on appelle un idiotisme, soit une façon particulière qu’a une langue de s’exprimer. Cet idiotisme ne peut être traduit intégralement. Imaginez en anglais : Wash yourself the hands…
Réflexions coronales
Nous sommes inondés d’informations sur cette pandémie et le point de saturation risque d’être atteint bientôt. Cette rubrique s’adresse donc aux irréductibles qui n’ont pas encore eu leur dose de coronanouvelles.
*** Je ne puis m’empêcher de saluer l’apparition d’un néologisme qui, il y a quelques mois, aurait été considéré comme un terme de science-fiction. Il s’agit de la téléconsultation. Les médecins veulent aussi se protéger, c’est compréhensible. Mais ils veulent aussi éviter que les patients se contaminent dans leur salle d’attente. Alors ils offrent maintenant des téléconsultations.
Certains y voient un signe de ce que nous réserve l’avenir.
*** Un autre phénomène facilement observable ces temps-ci, c’est le déni de la réalité, un mécanisme de défense répandu. Par exemple, le réchauffement climatique nous énerve parce qu’il remet en question notre mode de vie. Alors on nie son existence; on prétend que c’est un phénomène naturel qui n’est pas lié aux activités humaines. L’autre possibilité est de soutenir qu’il s’agit d’un complot des Chinois – encore eux! – pour déstabiliser l’économie occidentale. C’est ce qu’a déjà affirmé l’ancien premier ministre Stephen Harper.
L’histoire se répète avec le coronavirus. Malheureusement, les conséquences sont dramatiques quand des dirigeants importants nient la gravité de la situation. Comme on le voit, la réalité finit par les rattraper. Mais leur insouciance initiale aura de terribles conséquences qui se chiffreront peut-être en millions de morts. C’est ça qui arrive quand on s’en lave les mains.
On a probablement été nombreux à relever ce calque syntaxique (ouf… rappel de Les anglicismes et le mot juste). Souhaitons que les rédacteurs la haut sur la colline aient repéré ton billet.?
Très judicieuse réflexion sur le déni. Dieu merci pour nous d’avoir vu le jour au nord de la frontière…
Bonjour monsieur Racicot,
Je me pose la même question à chaque fois que je vois le consigne « lavez vos mains » alors j’ai demandé à une amie française qui travaille comme infirmière. Je vous donne notre échange de conversation.
Que pensez-vous de sa réponse?
Q : Question de français pour toi. Je vois souvent dans les consignes de santé publique au Québec « lavez vos mains », mais on ne dit pas plutôt « lavez-vous les mains » ?
R: « En réalité, les 2 sont possibles. La 1ère forme est à l’impératif, c’est à dire que c’est plutôt « un ordre » qui est donné. Ou, tout au moins, c’est « fortement conseillé ». La seconde forme, au présent de l’indicatif, est plus douce ds son emploi ».
J’ai toujours vu la locution «Se laver les mains», et non «laver ses mains». D’ailleurs, le dictionnaire de l’Académie française ne donne aucun exemple de la seconde expression, qui m’apparait être un calque de l’anglais. Je comprends la perception de l’infirmière selon laquelle «Lavez vos mains» est plus impératif. Toutefois, cette locution ne me parait pas conforme à ce que l’on dit habituellement en français.
Les deux formules sont à l’impératif.