L’appellation COVID-19 s’est imposée dans les médias et l’usage populaire. Cet acronyme vient de l’anglais, le d étant l’abréviation de disease.
Petit rappel : un acronyme est un sigle qui se prononce comme un mot. OTAN, UNESCO, UNICEF sont des acronymes, tandis que FAO est un sigle, parce qu’on prononce chaque lettre séparément.
Le ou la?
On peut observer quelques différences entre l’usage canadien et celui de l’Europe. Comme le d indique qu’il s’agit d’une maladie, il est logique de parler de « la COVID-19 ». Il semble qu’en Europe, on désigne le virus par l’acronyme en question, d’où « le COVID-19 ». Pourtant, d du sigle renvoie à l’anglais disease, qui signifie «maladie».
Or, le vrai nom du virus est SARS-CoV-2. Pour des raisons évidentes, personne, ou à peu près, n’emploie cette expression. On s’est donc rabattu sur le premier acronyme, qui devient, par la force des choses, polysémique.
Majuscule ou pas?
Au Canada, les sigles comme les acronymes s’écrivent intégralement en majuscule. L’Europe a développé un usage différent pour les acronymes. Ainsi, des appellations comme Otan, Unesco et Unicef sont traitées comme des mots courants. On met la majuscule initiale parce qu’il s’agit de noms d’organisations.
Les acronymes lexicalisés abondent dans notre langue, comme en anglais. Ils se fondent dans le paysage et passent inaperçus. Pensons à radar, qui signifie « radio detection and ranging ». La majuscule a disparu. Idem pour sida, que l’on écrivait au début en majuscule : SIDA. Cette graphie a pratiquement disparu.
L’Académie française recommande non seulement de dire la covid-19, mais elle l’écrit en minuscule. C’est d’ailleurs ce que fait l’hebdomadaire britannique The Economist de Londres, dont les rédacteurs écrivent covid-19. Pour l’instant, ils font bande à part. Mais. On peut penser que, dans quelques années, après le Grand Déconfinement, lorsque cette pandémie chinoise sera enfin terminée, on écrira le grinçant acronyme tout en minuscules, pour mieux l’oublier.
Ce serait en revanche, à ma connaissance, le premier nom commun qui intègre des chiffres.
En effet, il est fort possible que ce soit précisément la présence de ces chiffres qui conduise les locuteurs à hésiter sur plusieurs choses, dont l’élimination de la ou des majuscules. _Le Monde_ écrit encore à l’heure actuelle « le Covid-19 » avec un C majuscule. On peut se demander s’il n’aurait pas choisi d’écrire « le covid » (comme « le radar » et « le sida ») tout en minuscules s’il n’y avait pas ce trait d’union et le « 19 ».
L’exemple de « radar » est excellent ici parce que c’est aussi un acronyme de termes anglais. Ce n’est donc pas l’origine anglaise de l’acronyme « COVID » qui explique en soi la réticence à l’écrire tout en minuscules.
Je pense que COVID-19 est avant tout un acronyme qui représente une définition.
En effet, tout comme « Coronavirus Disease » est la définition du mot « coronavirosis » en anglais, « maladie due au coronavirus » est la définition de « coronavirose » en français.
Je préfère appeler les maladies par leur nom plutôt que par leur définition. J’aime mieux dire « tuberculose » plutôt que « maladie due au bacille tuberculeux », ou encore « maladie causée par le bacille de Koch ».
Je suis d’avis que ce terme « COVID-19 » ne devrait pas être utilisé, que ce soit en anglais ou en français. Si l’on continue à désigner chaque maladie par sa définition, les textes vont s’allonger indûment. Alors plus d’acronymes vont être utilisés et les textes deviendront vite incompréhensibles. « Je souffre d’arthrose » n’est-il pas préférable à « je souffre d’une maladie dégénérative des articulations », ou pire « je souffre d’une maladie dégénérative des tissus qui unissent mes os les uns aux autres »?
De plus en plus les gens utilisent des périphrases ou des définitions qu’ils finissent par « acronymiser ». Par exemple, l’expression « Premature Ventricular Complex » (souvent désigné par l’acronyme « PVC ») n’est rien d’autre que la définition du mot « Extrasystole ».
Le problème de votre point de vue est d’abord qu’il n’a déjà plus aucune chance de s’imposer au point où nous en sommes… mais surtout que « coronavirose », si on l’inventait et si on l’employait, serait trop imprécis. Il y a d’autres coronavirus causant des rhumes ordinaires qui n’ont rien à avoir avec le SARS-CoV-2. Il n’y a donc pas moyen de construire un terme qui se dise bien et qui soit précis avec le nom exact du virus.
« SARS-CoV-2 » pourrait fort bien s’appeler « Coronavirose-2 », ou « Coronavirose-19 ».
C’est déjà mieux que « Severe Acute Respiratory Syndrome due to Coronavirus Type 2 », ce que signifie l’acronyme « SARS-CoV-2 », que l’on désigne par un deuxième terme « COVID-19 », ce qui ajoute à la confusion.
Le terme « influenza », désigne pourtant la grippe saisonnière, laquelle peut aussi être causée par différents virus.
Les noms avec trait d’union et numéro, ça fait pas très français non plus… Et si on suit votre raisonnement, le terme générique « coronavirose » désignerait toute maladie causée par un coronavirus, donc non seulement le SRAS et la covid-19, mais aussi les rhumes ordinaires liés à ce type de virus. On aurait donc le même terme générique (coronavirose) pour deux catégories quand même bien distinctes de maladies. Cela nécessiterait au minimum l’ajout d’un adjectif qualificatif pour chaque catégorie.
Bref. Il reste toujours le fait que tout cela est de toute façon sans espoir vu que le processus d’adoption de « COVID-19 » avec ou sans majuscules est déjà bien trop avancé.
On pourrait dire Coronavirose de type 2.
De toute façon ça prend déjà un qualificatif numérique ( 1, 2, 19 ou autre) pour chaque catégorie, étant donné que SARS-CoV ou COVID sont des termes acronymiques tout aussi génériques que coronavirose.