Le président russe a frappé un mur en envahissant l’Ukraine. En essayant d’aider un ami, j’ai frappé un mur. Convaincre un complotiste de changer d’idée c’est aller frapper un mur. Le Canadien a frappé un mur en tentant de percer la muraille défensive des Bruins.
Ce sont là des formulations qui n’étonneront personne au Canada mais qui risquent de faire froncer les sourcils d’un Européen ou d’un Africain. Au sens propre, frapper signifie donner un coup à quelqu’un; il y a donc une intention agressive au départ. Un boxeur frappe son adversaire, il lui cogne dessus.
Au Canada, le verbe en question a pris le sens de heurter, comme je l’ai précisé dans un article précédent. L’expression frapper un mur est l’équivalent de frapper un nœud, bref de faire face à une difficulté imprévue et peut-être insurmontable. Au Canada, l’expression tomber sur un os a été martyrisée : frapper un os.
Il est clair que dans l’expression frapper un mur, le verbe frapper est employé au sens de heurter, quoiqu’il soit concevable qu’une personne rageuse ait donné un coup de poing dans un mur. Mais là, on s’éloigne quelque peu du sens de frapper un nœud.
Le fait de frapper un mur peut être porteur de sagesse nous dira peut-être un jour le président russe. Ou peut-être pas.
Tenter (en vain) de convaincre un complotiste de changer d’idée, en français, c’est « parler à un mur ». Il existe donc bien une métaphore murale en français, même si elle est différente.
Frapper un nœud se rapproche de frapper un cordage dans la marine. Frapper un cordage sur une bitte ou un taquet, c’est attacher le bout sur la bitte ou le taquet. Frapper un nœud, c’est faire un nœud.
Cependant, le nœud peut être un nœud dans une planche ou un bout de bois et cela peut alors représenter une difficulté inattendue, car auparavant cachée dans la structure du bois. Les nœuds sont plus difficiles à travailler du fait de la structure tourbillonnante des fibres du bois.