Le système politique britannique comporte plusieurs caractéristiques intéressantes, l’une d’entre elles étant le shadow cabinet. Le cabinet fantôme en est la traduction française, comme le signale base de données Termium du gouvernement du Canada.
Cette traduction a l’odeur d’un calque, comme on le voit. Le Grand dictionnaire terminologique le mentionne, d’ailleurs. On pourrait penser à cabinet de rechange; cabinet en attente; certains avanceront cabinet alternatif…
Le cabinet fantôme regroupe l’ensemble des porte-parole de l’Opposition officielle pour les divers portefeuilles ministériels. Ainsi, on parlera du porte-parole de l’opposition pour l’environnement, par exemple. Le terme critique de l’opposition est à éviter.
Notons en passant que tous les partis d’opposition peuvent former un cabinet fantôme, mais que c’est celui de l’Opposition officielle qui est le plus en évidence.
Les membres de ce cabinet s’appellent en anglais shadow minister. Termium s’en tient à l’appellation porte-parole de l’opposition, porte-parole de parti, ou porte-parole tout court. Au gouvernement du Canada, on a déjà vu contre-ministre, une idée ingénieuse, certes, mais que j’hésiterais à utiliser. L’usage, toujours l’usage…
Ce serait une grave erreur terminologique de parler de ministre fantôme. Un non-sens au point de vue des institutions. En système britannique, un ministre est un membre du Cabinet et celui-ci dirige le gouvernement. Un député d’opposition ne peut en aucun cas être considéré comme un ministre, sauf s’il siège dans un gouvernement de coalition.
Certains feront valoir que l’anglais emploie bel et bien le mot minister. C’est exact. Mais faut-il reproduire en français l’erreur terminologique de l’anglais? La réponse ponce me semble évidente. Dans une traduction au Parlement européen, on peut lire ministre fictif… Traducteur fictif, souhaitons-le.
Un ministre est à la tête d’un ministère. Le porte-parole de l’opposition ne peut effectivement pas se donner le titre de ministre, même si c’est « ministre du cabinet fantôme », n’en déplaise à son égo.
L’expression «contre-gouvernement» est souvent proposée au Québec comme équivalent de «cabinet fantôme» (voir Lexique des termes parlementaires en usage en Belgique, en France et au Québec; s.l, 1986). Mais on ne la voit pas souvent dans les médias.