Pour bien démarrer la semaine sur les chapeaux de roue.
Pendant longtemps au Québec les dénominations utilisées dans le monde de l’automobile ont été largement influencées par l’anglais.
Une berline était un sedan; une décapotable, une convertible; un coupé, un hardtop; une familiale, une station wagon. Heureusement, ces termes sont aujourd’hui archaïques.
Les efforts de francisation au Québec et dans le reste du Canada ont porté fruit, car ce n’étaient pas seulement le nom des véhicules qui étaient déclinés en anglais, mais aussi toutes les pièces et tous les accessoires. Et là, le travail est loin d’être terminé. On entend couramment des mots comme bumper, windshield, flasher, etc. Toutefois, les équivalents français sont connus et également utilisés.
Même si le vocabulaire a été francisé, certaines différences terminologiques avec les pays européens peuvent étonner de ce côté-ci de l’Atlantique.
SUV
L’anglicisme SUV s’est frayé un chemin des deux côtés de l’océan, sauf que chez nous on emploie aussi VUS, pour véhicule utilitaire sport. De fait, cette traduction est courante, alors qu’en Europe le sigle SUV domine.
Ce sont des véhicules monocoques, qui s’apparentent aux voitures familiales de jadis, mais avec une allure différente. Les VUS sont surélevés, ce qui procure un faux sentiment de sécurité puisqu’ils peuvent capoter plus facilement, leur centre de gravité étant plus élevé.
Soit dit en passant, la terminologie utilisée m’apparait fautive, car ces véhicules au lourd gabarit, avec une garde au sol élevée sont tout sauf des voitures sports. Le plus souvent, ils manquent d’entrain et sont même poussifs, pour rester poli. En fait, il s’agit de petits camions, utilitaires, certes, mais des camions quand même. Il serait plus exact de les appeler véhicules utilitaires tout simplement.
L’engouement pour les VUS a donné naissance à une autre catégorie de véhicules, plus près de l’automobile, sans être nécessairement à traction intégrale : les crossovers. Ce sont des véhicules hybrides, mi-auto, mi-camion, mais sans les capacités hors route des VUS. En français on les appelle multisegment.
Car et autocar
Dans les années 1970 et 1980, Renault avait lancé un nouveau modèle appelé Le Car, ce qui n’avait pas manqué d’irriter les Québécois, pourtant massivement anglicisés derrière le volant. Comme on dit chez nous, les Français avaient pris le champ!
Certes, le mot n’était pas correctement employé. Il s’agissait d’un diminutif d’autocar, terme peu fréquent au Québec. Chez nous, il y a des autobus partout, même pour les liaisons interurbaines. Autocar, inspiré de l’anglais, permet de faire une distinction entre les autobus de ville, comme on dit ici, et ceux qui nous amènent à Québec ou à Gaspé.
Le mot a aussi donné naissance à une autre expression, le car de reportage : « véhicule équipé à la manière d’une régie de studio, et qui permet la transmission télévisée en direct des événements se déroulant à l’extérieur. », nous dit le dictionnaire québécois Usito. Une définition semblable figure dans le Trésor de la langue française, définition qui n’est pourtant pas reprise dans le Robert et le Larousse.
Van
Le mot circule des deux côtés de l’Atlantique, au sens de « Fourgonnette ou minibus servant au transport de personnes. » – Le Petit Robert. La seule différence, c’est le genre grammatical, masculin en Europe et féminin au Canada.
Break
Pour les Canadiens, un break est une petite pause : un break syndical. Rien à voir avec un véhicule qui, en Europe, désigne une petite camionnette, une voiture pouvant servir de fourgonnette. Ce qui s’appelle chez nous une voiture familiale. Collision frontale entre un anglicisme étonnant et une traduction française.
Je m’interroge sur l’origine de ce mot en français, car les dictionnaires anglais actuels n’en recensent pas du tout le sens qui lui est attribué dans notre langue. Un dérapage surprenant.
Monospace
Autre terme inconnu au Québec, synonyme de monocorps. Il s’agit d’un véhicule où le coffre n’est pas séparé de l’espace passager. Une voiture familiale, un multisegment et un VUS sont des véhicules monospace.
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André Racicot vient de faire paraître un ouvrage Plaidoyer pour une réforme du français. Ce livre accessible à tous est la somme de ses réflexions sur l’histoire et l’évolution de la langue française. L’auteur y met en lumière les trop nombreuses complexités inutiles du français, qui gagnerait à se simplifier sans pour autant devenir simplet. Un ouvrage stimulant et instructif qui vous surprendra.
On peut le commander sur le site LesLibraires.ca ou encore aux éditions Crescendo.
Bonjour,
Voici ce que le Dictionnaire historique de la langue française (Le Robert, 2019) dit pour « break » :
« BREAK n. m. est emprunté (1830) à l’anglais *break* (également *brake*) désignant une voiture découverte à deux ou quatre roues servant au dressage des cheveaux attelés (1831) et une voiture découverte à quatre roues et à bancs longitudinaux (1874). Le mot anglais est d’origine obscure, probablement apparenté à *brake* ‘bride, gourmette d’un cheval’ (1430), plus tard ‘frein’, dont l’étymologie est incertaine, une parenté avec le français *braquer* n’étant pas exclue.
« *Break* est entré en français comme nom d’une voiture à cheval, d’abord dans le contexte anglais puis dans un contexte plus général (1845). Il désigne ensuite, comme de très nombreux termes du domaine hippomobile, une carrosserie d’automobile (1900), s’appliquant plus tard à un type de carrosserie automobile en forme de fourgonnette à arrière vitré (1951). Ces emplois sont de faux anglicismes, l’anglais employant *estate-car* et l’américain *station-wagon*. »
Je vous remercie de vos recherches. Ce mot m’intriguait beaucoup.
Il faut prendre en compte la géolocalisation du Québec. Nous sommes le seul peuple francophone nordique. De plus, le Québec est entouré par des provinces et pays anglo. Sans compter qu’il ni a pas si longtemps la majorité des employeurs étaient anglophone.
Un Canadien français (Québec et autres) n’avait pas accès aux études supérieurs comme l’université. C’est pendant la création des CEGEP que plusieurs ont eu droit à faire des études qui allaient changer le visage du Québec.
La fameuse période de la Révolution tranquille au Québec.
Ce qui explique les influences anglophones dans notre façon de parler.