Assurer

Assurer, voilà un verbe très courant dont je voudrais traiter certains aspects qui intéresseront les lecteurs francophones du Canada.

Assurer, verbe intransitif

Tournure entendue dans des émissions françaises, mais qui est moins répandue ici. Celui ou celle qui assure gère une situation, est à la hauteur

            Lorsque la covid s’est répandue, les responsables de ce centre de santé ont assuré.

Précision : au Canada on dit « la covid », puisqu’il s’agit d’une maladie. D’ailleurs l’acronyme anglais désigne une maladie et non le virus; le d est pour disease, maladie. Le substantif covid devrait s’écrire en minuscule, puisqu’il est lexicalisé, tout comme sida.

Assurer que

Voilà une belle tournure anglaise. Un calque de l’anglais make sure that. Cette construction est fautive lorsqu’elle signifie faire en sorte que, une locution quelque peu envahissante, comme je l’ai signalé dans un article précédent. Remplacer assurer que par s’assurer que n’est pas une bonne solution non plus.

S’assurer que

Comme le signale l’Office québécois de la langue française, il est contestable d’escamoter le sens de « vérifier » de cette locution pour lui donner le sens exclusif de « faire en sorte ». D’autant plus que l’on recourt au subjonctif.

L’opposition a proposé une motion pour s’assurer qu’il n’y ait pas de débat.

J’ai débranché le téléphone pour m’assurer que Maurice ne puisse me joindre.

Qu’il soit clair que cette locution s’emploie couramment en français avec le sens de vérifier quelque chose. Un premier écueil est de décider si elle appelle l’indicatif ou le subjonctif.  Comme cette locution évoque un fait établi, une certitude, l’indicatif est justifié. Le subjonctif, qui exprime souvent une hypothèse, est à éviter ici.

            Il fait toujours le tour de la maison pour s’assurer que toutes les portes sont verrouillées.

Certains langagiers ont contesté cette acception au sens de vérifier, argüant qu’elle s’inspirait de l’anglais. Il ne semble pas que c’est le cas. Toutefois, le fait est qu’assurer que n’est pas répertorié dans les dictionnaires français courants, bien qu’il figure dans le Trésor de la langue française, avec le sens de vérifier.

Pour un tour d’horizon plus complet, on lira avec intérêt l’article de mon ancien collègue Jacques Desrosiers sur assurer que.

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André Racicot vient de faire paraître un ouvrage Plaidoyer pour une réforme du français.  Ce livre accessible à tous est la somme de ses réflexions sur l’histoire et l’évolution de la langue française. L’auteur y met en lumière les trop nombreuses complexités inutiles du français, qui gagnerait à se simplifier sans pour autant devenir simplet. Un ouvrage stimulant et instructif qui vous surprendra.

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