Visiter

Quoi de plus naturel que d’aller visiter un ami? Pourtant, cette affirmation n’a pas tout à fait le même sens au Québec ou en France.

De notre côté de l’Atlantique, le verbe signifie « rendre visite à une personne », tandis que dans les vieux pays son sens s’est infléchi au fil des siècles. On visite une personne par charité.

Visiter sa grand-mère, c’est sous-entendre qu’elle est malade. Un médecin visite ses patients.

Donc, un Français croira que l’ami que vous visitez est souffrant. Le sens retenu au Québec, et dans le reste du Canada, est considéré comme vieilli; pourtant, les Alsaciens, Congolais et Luxembourgeois rendent visite en visitant…

Ce n’est pas le seul cas de divergence sémantique entre le Québec et la France. Certains d’entre eux sont carrément des impropriétés :

  • Carrosse au lieu de poussette ou landau.
  • S’endormir au lieu d’avoir sommeil.
  • Cabaret au lieu de plateau.

La liste est longue.

Mais dans le cas qui nous occupe, on peut penser que ce sont nos ancêtres qui ont fait traverser l’Atlantique au sens québécois de visiter.

Faut-il bannir le sens de « rendre visite à une personne »? Je ne le crois pas. Sinon, il faudrait revisiter (!) les tournures propres à l’Afrique, à la Belgique ou à la Suisse ou au Luxembourg. Bref imposer l’usage de Paris et d’une bonne partie de la France au reste de la francophonie.

On imagine très bien les réactions…

Par ailleurs, le fait de visiter un endroit prête beaucoup moins à confusion. Vous visitez le Cameroun? Une bibliothèque? Un appartement à louer? Aucun problème! Vous vous y rendez dans le but d’en prendre connaissance, de l’examiner.

Fin de l’article. Comme on dit chez nous : Bonsoir la visite!

Une réflexion sur « Visiter »

  1. En vivant en France, j’ai appris que « à tantôt » était soit désuet, soit employé sous le sens de « à cet après-midi » (ou à cette après-midi). Et souvent, ceux pour qui c’était désuet ne connaissaient pas le sens de l’après-midi. Mais à part un ou deux vieux grincheux, personne ne se dit qu’il faudrait bannir un ou l’autre sens sous prétexte qu’il n’est pas courant, quelle idée!

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