« Il fut convenu qu’il se reposerait seulement une couple d’heures sur un canapé. »
Cette phrase d’Émile Zola, puisée dans La débâcle, étonne. Les langagiers canadiens y verront immédiatement un calque syntaxique de l’anglais. La fascination pour la langue anglaise, en France et ailleurs, remonte justement à la fin du XIXe siècle, époque à laquelle Zola écrivait son œuvre magistrale sur les Rougon-Macquart. Toutefois, les emprunts à l’anglais étaient surtout lexicaux; par exemple, Jules Verne parlait des steamers, les bateaux à vapeur.
Mais les calques syntaxiques étaient bien rares et ils le sont encore aujourd’hui, quoique plus fréquents. De fait, la tournure employée par Zola était correcte. Non seulement elle figure dans le Trésor de la langue française, mais aussi dans le Petit Robert.
Le Trésor cite plusieurs exemples : une couple d’œufs, une couple de cents œufs (Verlaine), une couple d’heures (Barres). Ce dernier exemple figure d’ailleurs dans Le Robert, avec la mention régionalisme. Le dictionnaire de l’Académie, quant à lui, donne la définition suivante :
Ensemble de deux choses réunies occasionnellement et, par ext., un petit nombre.
Canadiens et Québécois connaissent bien l’expression que l’on entend couramment dans la langue quotidienne.
Encore une fois nous voyons que ce qui peut sembler un anglicisme n’est parfois rien d’autre que du vieux français.
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