La locution « faire en sorte que » est devenue tellement envahissante qu’on l’entend plusieurs fois dans une conversation. Dans les médias, elle est devenue épidémique. À peu près tous les reportages, vox populi, entrevues nous assènent cette locution massue.
Heureusement, il est assez facile de s’en débarrasser.
La solution la plus simple est souvent de s’en tenir au verbe faire. Voyons deux exemples tirés du journal La Presse.
La séquence de progressions (inhabituellement) longue depuis l’an dernier fait en sorte que le PIB affiche toujours une solide hausse.
L’abus de certains clients fait en sorte que le nombre d’articles outrepasse largement le nombre maximum prescrit.
La séquence de progressions (inhabituellement) longue depuis l’an dernier fait que le PIB affiche toujours une solide hausse.
L’abus de certains clients fait que le nombre d’articles outrepasse largement le nombre maximum prescrit.
Le verbe devoir est un remède efficace :
Il est nécessaire de faire en sorte que les consommateurs et utilisateurs se voient reconnaître le même niveau de protection de la vie privée…
Les consommateurs et utilisateurs doivent obtenir le même niveau de protection…
Nous devons faire en sorte que ces exceptions deviennent la norme.
Ces exceptions doivent devenir la norme.
On peut aussi recourir au verbe permettre.
Nous prenons également des mesures pour faire en sorte que nos personnes âgées puissent vivre dans la dignité.
Ces mesures permettront aux personnes âgées de vivre dans la dignité.
La préposition pour est également d’un grand secours.
Afin de faire en sorte que les autorités nationales reçoivent les informations nécessaires en temps utile.
Pour que les autorités…
Avec un peu d’imagination, il est toujours possible de réaménager la phrase.
En fait, cette technologie peut faire en sorte que le haut fourneau fonctionne à une intensité énergétique plus élevée.
Grâce à cette technologie, le haut fourneau…
Une conjonction est également très utile :
La décision de la ministre fait en sorte que les garderies pourront ouvrir.
Les garderies pourront ouvrir leurs portes, car la ministre a donné son aval.
Un participe présent aussi :
Ayant obtenu la permission de la ministre, les garderies pourront ouvrir leurs portes.
Et un adverbe qui sert de conjonction :
La ministre a donné son aval, ainsi les garderies pourront ouvrir leurs portes.
La locution à cause de permet aussi de sauver la mise.
La fermeture de l’usine fait en sorte que 500 employés perdront leur emploi.
À cause de la fermeture de l’usine, 500 employés…
Enfin, le recours à un substantif fait passer par la trappe l’encombrant faire en sorte que.
La fermeture de l’usine entraîne la perte de 500 emplois.
Morale de cette histoire : reformuler, reformuler et reformuler. On peut facilement se passer de la locution faire en sorte que.
Twitter : @AndrRacicot
De notre éloquente ministre fédérale du Patrimoine, sur TV5 Monde, à l’émission « 24 minutes en français » : « Et donc ce qu’on a fait en sorte, c’est non seulement de pouvoir s’assurer que, comme gouvernement […] »
(https://www.youtube.com/watch?v=ogmAJITABhQ)
Mais ça ira bientôt mieux, la ministre affirme que « comme gouvernement », on veut accueillir plus de professeurs de français…
Son français est déplorable en effet.
Attention, il y a un doublon au début du texte : le passage sur le verbe « faire ».
Je vois sur le site du journal Le monde du 11 décembre 2015
https://www.lemonde.fr/culture/article/2015/12/13/jacques-attali-reussir-sa-vie-c-est-faire-en-sorte-que-le-monde-soit-moins-pire-apres-soi_4830734_3246.html
le titre de l’entrevue avec Jacques Attali : « Réussir sa vie, c’est faire en sorte que le monde soit moins pire après soi »
En poussant mes recherches plus loin, j’ai découvert plein d’exemples de cette expression dans ce même journal.
Où est donc le problème ? Faut-il bannir l’expression « faire en sorte que» ? En quoi est-elle mauvaise, erronée ou maladroite ? Ou peut-être on l’utilise trop souvent ou mal ?
Cette expression n’est pas incorrecte en soi, mais les journalistes l’emploient sans cesse. Le plus souvent cet emploi alourdit les phrases, comme je l’explique dans mon article.