Palace

Le français emprunte beaucoup à l’anglais et certains mots s’acclimatent à notre langue au point de prendre leur envol et de s’affranchir de leur sens originel. C’est un peu ce qui est arrivé au mot palace.

Le terme anglais a le même sens que palais, soit un bâtiment luxueux habité par un monarque ou un président. Mais le français a retenu le sens plus générique de « large splendid house or other building », comme le précise le dictionnaire Collins.

N’est pas palace qui le veut, car, dans notre langue, un palace est un hôtel de luxe, point à la ligne. On peut certes qualifier de palace sur mer un paquebot de luxe, mais la référence implicite est toujours un hôtel de grande classe, et non un palais royal.

Les emprunts à d’autres langues enfilent parfois des costumes d’Halloween au point d’en être méconnaissables. Pensons à portmanteau en anglais qui désigne un objet pouvant servir à plusieurs fins. Rien à voir avec le sens français.

En conclusion, on pourra dire que le Manoir Richelieu de La Malbaie, l’hôtel Crillon à Paris et l’hôtel Savoy à Londres sont des palaces.

3 réflexions sur « Palace »

  1. Étrange destinée pour la modeste colline du Palatin (Palatium), une des sept de la Rome primitive qui eut l’honneur d’accueillir la somptueuse résidence d’Auguste.
    Pour le ‘portmanteau’, le sens d’origine est bien conservé même s’il est masqué. Au XIXe siècle, le porte-manteau, grand coffre vertical de voyage, comportait en effet deux parties bien distinctes : penderie d’un côté, étagères de l’autre. C’est ce qui a poussé Lewis Caroll à choisir ce terme français pour désigner un mot fabriqué à partir de deux autres sans rapport entre eux. Ce ‘portmanteau word’ nous est ensuite revenu en français traduit par ‘mot-valise’, forme incompréhensible si l’on n’a pas… la clé.

  2. Merci pour cet article éclairant sur l’évolution du mot ‘palace’ en français, qui met en lumière l’impact fascinant de l’anglicisation sur notre langue. L’emprunt linguistique, bien que parfois source de confusion, est aussi un moteur d’enrichissement culturel et linguistique. Par exemple, le mot ‘smoking’ en français qui désigne un type de costume, montre une autre facette de cette intégration linguistique. Cela soulève la question de la ‘pureté’ de la langue : devons-nous résister à ces changements ou les accepter comme témoins de l’évolution culturelle ? Personnellement, je pense que ces évolutions sont des témoins de notre adaptation et ouverture aux influences extérieures, enrichissant notre manière de communiquer. Encore une fois, bravo pour cet article qui ouvre une belle porte sur la réflexion linguistique !

    1. Merci de votre commentaire. En effet l’emprunt à d’autres langues peut être source d’enrichissement, à la condition de ne pas tomber dans la gabegie!

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