Lunatique

Certains qualifient parfois le locataire de la Maison-Blanche de lunatique. Ont-ils raison? Ou bien s’agit-il d’un autre anglicisme insidieux?

La réponse appelle des nuances.

Si l’on s’en tient à la définition classique des dictionnaires, on peut dire que le président états-unien est d’humeur changeante, qu’il est versatile, au sens français du terme. Bref, tout le contraire d’une personne constante.

Souvent, on emploie le terme lunatique au sens de « cinglé ». C’est ici que nous glissons insidieusement vers l’anglais… mais pas tout à fait.

Le premier sens de lunatic est celui d’une personne dangereuse et stupide. Ce qui rejoint le titre d’un ouvrage du journaliste Normand Lester sur les États-Unis. En anglais, le terme est très fort, comme on le voit.

Par conséquent, traiter le président de lunatique, au sens de fou à lier, est quelque peu excessif en français.

Mais encore…

Car l’anglais a emprunté au français le sens originel du mot en question. Il suffit de consulter le Trésor de la langue française pour s’en convaincre. Si le premier sens donné est : « Qui est influencé par la lune… » le second est sans équivoque : « Qui est atteint de folie. »

Ce qui rejoint le sens anglais.

Les dictionnaires modernes s’en tiennent plutôt à la définition douce de lunatique et c’est pourquoi on devrait utiliser ce mot avec prudence. N’oublions pas qu’il existe des expressions imagées pour qualifier une personne qui n’a pas toutes ses facultés mentales. « Il lui manque des boulons. » étant l’une d’entre elles.

Au Québec, on peut recenser les expressions suivantes : colon, épais, moron, habitant, niaiseux, dur de comprenure, niochon, pas épais dans le plus mince, sans dessein. La matière abonde. Ceux qui veulent approfondir leur vocabulaire visiteront le site suivant.

La plus savoureuse vient toutefois de l’allemand : Il n’a pas toutes ses tasses dans l’armoire. J’adore.

3 réflexions sur « Lunatique »

  1. Dans la lignée de « il n’a pas toutes ses tasses dans l’armoire », on a aussi en français de France « Il n’a pas la lumière à tous les étages »… qui conviendrait assez bien aussi !

  2. Pour un Français de l’Hexagone, l’adjectif ‘lunatique’ n’a pas encore glissé vers la folie. Il reste majoritairement synonyme de changeant, versatile, capricieux, fantasque. Ce sont bien les variations du cycle lunaire qui sont évoquées.
    Cette idée est plus qu’ancienne puisqu’elle était déjà présente chez les Latins (‘lunaticus’) qui l’avaient eux-mêmes importée et traduite des Grecs (‘Selenes nosos’ en grec ancien). Dans les deux cas c’est l’épilepsie, manifestation cyclique, qui était était ainsi désignée.
    On pourrait finalement qualifier le président états-unien de ‘sélénarque’, ce serait un néologisme antiquisant à la hauteur de ses volte-face…

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