Politiciens, journalistes et tout ce qui scribouille, barbouille, bref, bien des gens parlent de la livraison de services. Par exemple, tel organisme livre des services à la population.
Toute personne ayant une connaissance raisonnable du français ne peut que tiquer. Depuis quand (bordel) livre-t-on des services? Prennent-ils les commandes à l’auto, tant qu’à y être?
Dans les traductions courantes, deliver services est souvent rendu par : offrir des services, assurer des services, fournir des services, et même par rendre des services. Tout dépend du contexte, bien entendu.
On a tous compris que livrer des services est un gros calque de l’anglais. Par conséquent, la livraison de services est tout aussi absurde. En bon français, on parlera de la prestation de services, à la rigueur de l’offre de services ou encore de la fourniture de services, bien que cette dernière expression ne me paraisse guère élégante.
Autre calque hideux : livrer des programmes. Le Dictionnaire des cooccurrences de Beauchesne serait tellement utile ici au lieu de suivre bêtement la démarche de l’anglais. La solution qui s’impose est exécuter un programme. On peut aussi accomplir, appliquer, dresser, élaborer, instaurer, lancer, mettre sur pied, monter, suivre, tracer un programme.
Soupir.
Il me semble que parler français correctement, ce n’est pas si compliqué.
Helas dans ces parages, oui, c’est compliqué d’honorer le français comme il le mérite ! On anglicise paresseusement plutôt que chercher le mot juste ou la collocation qui serait agreable à entendre. Et les synonymes semblent réservés aux textes écrits.
Les capsules du linguiste de service à Radio-Canada n’ont guère d’effet sur certains animateurs qui nous servent systématiquement les mêmes erreurs.
Peut-être le confinement aura-t-il donné accru le nombre de lecteurs!