Réformer le français
Sixième article portant sur une réforme modérée de la langue française.
Le français est la seule langue latine à inventer un h initial sans aucune justification. Ainsi, huître qui vient de ostrea, d’où le mot ostréiculture.
Pensons aussi à huile qui vient du latin oleum, d’où le terme oléagineux. Plus logique, l’anglais huile son discours de oil, dont le sens est plus large, puisqu’il englobe aussi bien l’huile pour la cuisine, le massage ou les moteurs que le pétrole tout court.
Le h muet
La question du h inventé est de la petite bière quand on se demande s’il faut prononcer le fameux h en question. Le plus embêtant, c’est que le h initial ne se prononce souvent pas. Par exemple on va à l’hôpital, l’habilité est une belle qualité; l’hydrogène est un gaz alors que l’hormone n’en est pas; l’hippopotame est un animal.
L’Office québécois de la langue française nous offre toute une nomenclature de mots commençant par un h muet :
Heure, habiter, hameçon, humilité, haleine, etc.
Le h aspiré
Mais comment savoir? Car existe aussi le h aspiré. La honte est un sentiment tout comme la hargne; on mange des haricots (sans liaison). Et, comme d’habitude, le français nous réserve de beaux illogismes.
Le héros a rencontré l’héroïne.
Nouvelle nomenclature de l’Office :
Hall, halo, hamac, hamac, hâter, handicap, harem, hareng, harpe, hisser, hockey, hublot, humble
Que faire?
Les plus impétueux seront tentés de faire le ménage dans ce joyeux fouillis. Tout d’abord en éliminant les « faux h ».
Manger des uitres. Apprécier l’uile d’olive.
Quant à y être, pourquoi ne pas faire la même chose avec les h muets?
All, alo, amac, âter, andicap, arem, areng, arpe, isser, ockey, ublot, umble, etc.
Je l’ai mentionné dans un article précédent, je ne suis pas d’accord l’idée de passer un rouleau compresseur sur l’orthographe du français. Cela ne signifie pas que notre orthographe doit rester immuable, comme bien des gens le souhaitent.
Je vous soumets cette citation de Maurice Grevisse, qu’on ne peut certainement pas qualifier de maoïste de la langue :
Notre orthographe est donc difficile, elle est savante, trop savante. Que ne s’est-elle libérée, comme l’a su faire celle des Italiens, des Espagnols ou des Portugais, de certaines servitudes étymologiques, qui l’empêchent si fâcheusement de se mieux conformer à la prononciation (…). Une réforme progressive et raisonnable se fera peut-être.
Le problème est bien que les « h » muets ne sont généralement PAS étymologiques : ils ne sont qu’une convenance typographique accidentelle et cumulent donc les inconvénients et n’ont aucun intérêt propre.
La position à prendre n’est donc pas de principe (tout étymologique contre tout phonétique) mais est de promouvoir une liste ciblée de rectifications là où l’anomalie est pernicieuse. Cette liste existe (cf. les ouvrages de la linguiste Nina Catach) mais personne n’ose trop prendre son bâton de pèlerin pour ce combat…
N.B. Il semble y avoir une interversion des listes OQLF figurant dans « Le h muet » et « Le h aspiré »…