On les appelait Esquimaux. Ce terme ne sert plus que de nom à une équipe de football d’Edmonton. Les Inuits ont acquis leurs lettres de noblesse depuis un bon bout de temps, mais la graphie de ce nom ainsi que l’accord au pluriel et au féminin continuent d’intriguer.
Pourtant rien de très compliqué.
Les noms d’origine étrangère intégrés au français en prennent les caractéristiques grammaticales, point à la ligne. Cela signifie que l’on fait l’accord au féminin – Inuite – et au pluriel – Inuits et Inuites.
Ces graphies sont confirmées par l’Office québécois de la langue française, les Clefs du français pratique du Bureau de la traduction, le Multidictionnaire de la langue française et le Petit Robert.
Il est assez étonnant que le ministère des Affaires autochtones et du Nord continue de prêcher l’invariabilité du terme.
Ce n’est pas un problème nouveau. Le nom des ethnies a toujours causé des mots de tête aux langagiers. En pratique, les noms des ethnies les plus connues ont été francisés.
Les Khmers, les Tatars, les Tchétchènes.
On a même francisé les Bushmen pour adopter Bochimans.
Toutefois, le français ne fait pas toujours preuve de logique; il adore couper les cheveux en quatre. Alors, les noms des ethnies moins connues restent invariables.
Les Oromo, les Xhosa, les Karen.
Pourquoi? Par crainte que la forme plurielle soit confondue avec le singulier. Par exemple, si on disait les Karens, certains pourraient penser que le nom de l’ethnie est Karens, et non Karen.
D’où la confusion avec Inuit. Pendant longtemps, ce mot a été invariable. Pourtant, on écrivait Esquimau, Esquimaude, Esquimaux.
Dans le cas d’Inuit, la logique et la simplicité l’ont emporté. Pour une fois.
Certains feront valoir qu’Inuit est en fait le pluriel d’Inuk. Il ne faut donc pas superposer un pluriel ethnique à un pluriel français. Cet argument ne tient pas. Le français a adopté la forme plurielle de Targui, soit Touareg. Et le fait déjà pour panini, forme plurielle de panino. On dit bien des paninis, comme on dit des spaghettis, n’est-ce pas?
Alors, où est le problème?
Moi, je suis généralement la règle qui consiste à accorder, sauf… dans les documents du gouvernement du Nunavut, la consigne étant de ne pas accorder « Inuit » et « Nunavummiut », peu importe qu’il s’agisse du nom ou de l’adjectif. J’imagine que pour quelqu’un qui parle l’inuktitut, l’ajout du pluriel à un nom déjà pluriel est tout simplement impensable. N’empêche, je suis bien d’accord avec ton article!