Certaines personnes remettent en question (et non questionnent) ce qu’ils appellent les habilités du premier ministre Couillard, parce qu’il a nommé un bulldozer doublé d’un malappris à la tête de la Santé, au Québec. Ce qu’il faut peut-être remettre en question, sur le plan linguistique, c’est l’utilisation du mot habileté.
Comme bien d’autres emprunts de l’anglais, il est le parfait faux ami : un mot français qui veut à peu près dire la même chose que son voisin anglo-saxon abilities. Trop tentant de l’emprunter.
Un coup d’œil aux dictionnaires bilingues est souvent révélateur. Le Robert-Collins indique qu’ability se traduit par capacités, aptitudes ou talents. Dans les nombreux exemples, nulle part n’est-il indiqué qu’abilty se traduit par habileté.
Renée Meertens, dans son Guide anglais-français de la traduction, va dans le même sens, ajoutant les traductions compétences, qualification.
Alors qu’est-ce qu’une habileté? « Qualité d’une personne habile. », indique le Petit Robert. Le seul exemple dans lequel le terme est employé au pluriel est le suivant : « Les habiletés du métier. », dans le sens de finesse.
Mais, à bien y penser, peut-être que le vrai terme serait habilité? Eh bien non. Le Robert considère le mot vieilli, avec le sens de « Qualité qui rend apte. »
En fin de compte, les critiques du premier ministre doutaient tout simplement de ses compétences, de son jugement, lorsqu’il a nommé son ministre de la Santé.
En terminant, on me permettra cette petite réflexion : Sana in corpore sano sermone.