Certains renâcleront devant cette graphie avec accent grave. Elle est pourtant largement acceptée de nos jours, même si elle fait partie de ce que beaucoup considèrent comme un infâme chapelet de rectifications de l’orthographe qui suscite tant d’émoi.
Il était logique d’aligner la graphie sur la prononciation, surtout quand l’on sait que bon nombre de fausses graphies en É résultent du manque de È, à l’époque où les textes étaient composés par des typographes. L’orthographe du français est une série d’aberrations et de décisions arbitraires.
Les sens que les Québécois attribuent à évènement pourraient surprendre nos amis européens. Une exposition, un spectacle de jazz sont des évènements aussi bien que le déraillement d’un train.
Il faut dire que le mot possède un sens général qui peut aller dans ce sens : « Ce qui arrive et qui a quelque importance pour l’homme », nous dit le Robert.
Les Européens emploieraient cependant le terme manifestation pour parler d’une exposition ou d’un festival de jazz. Ce terme est plus précis, car il désigne un « Événement artistique, culturel, commercial, publicitaire organisé dans le but d’attirer un large public. »
Au Québec et au Canada français, une manifestation a peu à voir avec un spectacle. Il s’agit plutôt d’une démonstration publique visant à faire valoir une opinion. Une manifestation a généralement lieu dans la rue; les gens défilent avec des pancartes et scandent des slogans.
Ce sens est confirmé dans les grands dictionnaires français; il ne s’agit donc pas d’un québécisme.
Meeting est un autre mot adopté des deux côtés de l’Atlantique, mais avec des sens différents. Dixit Le Robert : « Réunion publique organisée pour discuter une question d’ordre collectif, social ou politique. » En Amérique, on y voit plutôt un anglicisme facilement remplaçable par réunion. On parlera par exemple de réunion de production, au lieu d’un meeting de production. Le meeting d’un parti politique sera désigné comme une assemblée, un rassemblement.
En même temps, les Européens ont adopté sans hésitation le substantif « événementiel », qui désigne l’activité d’organiser des événements – ou plutôt des maifestations.
C’est ce que j’allais dire.
J’ai l’impression que le mon «événement» écrase tout «sous ses pas», comme le cheval d’Attila. Il remplace accident, incident, bagarre, rixe, hold-up, cambriolage, panne d’électricité, violence familiale, etc.
Vous écrivez que le mot prend le sens suivant: «Ce qui arrive et qui a quelque importance…». C’est exact. Tout à fait exact. Mais ce n’est pas ce qui est planifié, ce qui est organisé, ce qui est voulu…